Tout va bien [Pv Ian]



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 Tout va bien [Pv Ian]

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MessageSujet: Tout va bien [Pv Ian]   Tout va bien [Pv Ian] I_icon_minitimeMer 17 Avr - 3:37

Gwendoline fît une courte pause pour avaler une grande rasade d’eau, plaçant son index et son majeur gauche contre sa gorge pour vérifier son pouls. Le mec qui la suivait ralentit sa foulée et les muscles de la jeune femme se contractèrent. S’il y avait bien un truc qui lui tombait sur les nerfs, c’étaient tous ces mecs lourds qui profitaient de l’occasion de faire du sport en montagne pour tenter de draguer.

Elle fit mine de ne pas remarquer sa présence à sa hauteur et sorti son téléphone cellulaire de la poche de sa veste cintrée de coton ouaté, faisant mine de faire un appel. Elle parla fort, utilisant du « chéri » à tous les trois mots. La déception au visage, l’homme entre deux âges continua son chemin. Dans un geste puéril, mais défoulatoire, Gwen tira la langue à son dos.

Elle profita d’avoir son téléphone en main pour envoyer un court texto à Aymeric, lui demandant si il était libre ce soir. Elle aurait bien envie de voir son amant et, pourquoi pas, de sortir en boîte avec lui. L’idée de se faire toute belle pour lui, pour qu’il puisse l’exhiber comme le trophée qu’elle aime être l’enchantait. De plus, elle adorait voir les regards de jalousie que lui jetaient les autres femelles devant son splendide spécimen mâle. Tiens, son cœur bat plus rapidement que juste après sa course. Fou l’effet qu’il a sur elle, même absent.

Gwendoline replaça sa gourde dans l’étui accroché à la taille de son short en lycra. Elle resserra les lacets de ses chaussures de courses. Elle aimait faire du jogging en montagne. Les pentes, le terrain irrégulier, l’effort physique demandé. Depuis qu’elle ne prenait plus son lithium, elle poussait son corps à ses limites lors de ses jours de congé. Sa façon à elle de dépenser son trop plein d’énergie occasionné par ses phases de manie. Depuis qu’elle était avec Aymeric, elle n’a plus d’épisodes dépressifs. Elle croit que le baiser vampirique la régularise, mais une part cachée d’elle-même se sait instable. Elle n’a pas vu son amant la veille. Elle doit évacuer la pression, question d’être encore en mesure de donner le change face aux divers intervenants de l’institut qu’elle doit encore consulter.

La jeune femme se sent forte, elle se sent brillante. Tous n’y voient que du feu. Parfois, elle aimerait leur crier leur vérité, leur dire à quel point ils sont ridicules avec leurs conseils et leurs médocs bidons. Elle parvient très bien à s’occuper seule d’elle-même. Enfin, avec l’aide précieuse de son Aymeric. Mais elle se tait. Elle sait pertinemment que jamais ils n’oseraient avouer leurs erreurs. Ils sont trop arrogants. Elle serait enfermé de nouveau, même si elle va mieux qu’elle n’a jamais été!

Arrivée à une croisée de chemins, Gwendoline emprunte le sentier « expert » sans hésitation. Elle dépasse un trio de marcheurs au pas de course dans la pente ascendante. L’inclinaison rend sa respiration pénible, mais son rythme demeure régulier. Une fois arrivé à un plateau, la belle s’éloigne du sentier balisé pour aller contempler la vue. Seattle s’étend à ses pieds, à quelques kilomètres de là. Jamais elle ne se lasse de la beauté de la cité émeraude. Obnubilée, elle ne regarde plus où elle met les pieds. Son cri de douleur résonne en écho alors qu’elle se tort méchamment la cheville, manquant presque de tomber, se retenant à un rocher.

Jurant, la jeune femme s’assoit pour constater les dégâts. Elle remue sa cheville lentement, grimaçant à la douleur lancinante. Au moins, il n’y a rien de bien sérieux. Elle a probablement étiré un muscle, un nerf ou un ligament. En fait, elle n’en sait rien. Elle dessert son lacet, n’osant pas retirer sa chaussure de peur de ne plus pouvoir la remettre par la suite.

Merde…la descente va être longue. Elle colle sa gourde contre sa cheville blessée, à défaut d’avoir de la glace.

« Putain de bordel de merde! »

C’est fichu pour la danse sexy dans un club ce soir.

Les nuages se dispersant, elle retira sa veste pour conserver uniquement sa camisole sport, fermant les yeux pour profiter des rayons chauds sur sa peau. Il y a au moins cela de bien…

Fermant les yeux, elle but à nouveau, retardant le moment de la descente. Quoi qu’elle devrait s’activer si elle ne veut pas retourner à sa voiture à la noirceur. Un bruit la tira de ses pensées, elle se retourna pour voir l’intrus, n’ayant nullement envie de tomber nez à nez avec môsieur le dragueur du dimanche. Une exclamation joyeuse franchie ses lèvres et elle leva un bras en l’air pour saluer joyeusement l’homme qui marchait vers elle. Il regardait le sol lui. Bravo.

« Docteur McKennitt! Je suis contente de vous voir ici! En plus, vous tombez bien… »

Gwendoline sourit, véritablement ravie de cette rencontre. Si une personne avait bien sa totale confiance, à part Aymeric bien sûr, c’était bien le docteur McKennitt. Sa seule présence, forte et rassurante, l’apaisait. Il l’avait vu dans ses pires moments et jamais il ne l’avait jugé. La jeune femme était en totale admiration devant lui. Bien sûr, le fait qu’il était bel homme ne nuisait en rien, mais il était parvenu à la charmer par son attitude sûr de lui, son calme, sa grande capacité d’écoute et surtout parce qu’il avait semblé à Gwen qu’il fût le seul à n’avoir jamais douté d’elle.

Quand il lui parlait, quand il l’écoutait, elle se sentait importante. Talentueuse. Intelligente. Lui voyait son potentiel camouflé derrière son passé. S’il n’avait pas été là, elle n’aurait pas son appartement, ni son travail à la bibliothèque. Gwendoline en était certaine, si elle n’avait pas rencontré Ian, elle serait morte.
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MessageSujet: Re: Tout va bien [Pv Ian]   Tout va bien [Pv Ian] I_icon_minitimeMar 23 Avr - 4:06

Je m’acharnais. Comme toujours. Dépensant ma frustration, toute ma colère, toute ma rage. Non, décidément, je n’étais pas dans ma période de veine. Tout s’écroulait, tout foirait lamentablement. Nouveaux visages comme connaissances, tous avaient décidé d’avoir ma peau, c’en devenait risible. Mais évident. Je me sentais dans une désagréable position d’échec cuisant. Je me sentais parfaitement bon à rien, perdant à moitié les pédales, incapable d’aller au bout de mes envies. Pas foutu de remplir mon rôle correctement. Toujours des manquements, toujours des pertes, toujours des erreurs. Bordel… Quand est-ce que cela allait s’arrêter ? Quand ? Alors que fait-on quand on a une journée de repos devant soi ? On élimine. On se dépense. Plutôt que de comater dans mon lit et, surtout, de ressasser allongé les épisodes merdiques de mon existence, plutôt que de me transformer l’espace d’une après-midi en beauf de la pire espèce devant mon écran de télévision devant un énième épisode d’une série que je connaissais par cœur, j’avais décidé de rendre visite à mes montagnes chéries. Je les avais toujours préférées face à l’Océan. Elles en imposaient, elles. Elles étaient invincibles contre les éléments qui s’acharnaient en vain sur leurs flancs acérés. J’aurais aimé être ce genre de roc. Irascible, inattaquable. Mauvaise pioche. A la place, je n’étais qu’un toubib qui se retrouvait comme un imbécile face à ses cases vides. Je n’avais pas été assez attentif. J’avais été trop naïf. J’avais fait la connerie de donner ma confiance à une gamine de vingt ans paumée et incapable de regarder où elle mettait les pieds. J’avais nié les avertissements de sa sœur, les prenant pour une simple tentative d’inquisition sur la personne de sa jumelle. Je m’étais trop avancé. Je ne suis pas psychiatre, bon sang ! Je le sais ! Alors comment est-ce que je pourrais être forcément doté d’une analyse parfaite sur mes propres patients ? Je ne suis pas Dieu. Je ne suis qu’un homme de sciences. Je ne suis pas neurologue, je ne devine pas ce qui se cache dans les tréfonds des pensées, derrière les mots, les gestes, les hésitations. J’ai été trop prétentieux, et c’est mon ego qui est à revoir à la baisse. Un peu d’humilité à petite dose ne fait pas de mal lorsqu’on est toubib. Je connais ma valeur, mais pour le coup, j’ai malheureusement joué avec les limites de celle-ci.
Mes mollets n’en peuvent plus. Cela faisait près de trois heures que je crapahutais sur les sentiers que je connaissais par cœur, du plus simple au plus expert. J’aimais ça. Courir, ralentir le rythme le temps de délasser les muscles, puis les solliciter de plus belle. Me crever. Me mettre en nage. Toujours vêtu avec soin quand il s’agissait de sport, de façon à laisser le moins possible de prise au vent. Short et T-shirt près du corps, rien d’autre. Pas d’accessoire s’écartant de la gourde, ni de la montre. Le portable, je l’avais laissé dans ma voiture. Ma veste aussi. Je risquais de m’enrhumer après avoir pris une suée, mais tant pis. Je détestais m’en encombrer, et je ne regrettais pas. Ce ne fut que lorsque je sentis tout mon corps crier grâce que je consentis à en arrêter là avec les tortures que je lui imposais depuis quatorze heures. Le soleil n’allait pas tarder à entamer sa lente course vers le sommeil, et ses rayons commençaient déjà à arborer une teinte plus ténue, moins lumineuse. Le temps de rentrer, en somme. Mais pas en courant. J’appréhendais déjà la descente qui m’obligerait à forcer pour freiner mon allure et m’éviter un point de côté prononcé. Ainsi, je suivis sagement la route, encore essoufflé, les traits rougis par l’effort. Je tétanisais déjà. Peut-être avais-je été un peu loin cette fois-là… Absent, ma tête était tellement vidée que je ne pouvais même plus émettre des réflexions silencieuses complexes. Je profitais juste de ce moment pour inspirer profondément un air pur et agréable, et permettre à mes poumons et à mes muscles en souffrance de recharger un peu leurs batteries.

Soudain, on m’appela, et je relevai la tête, découvrant avec stupeur…


« Gwen ? »

Ma deuxième âme perdue. Sur la rédemption ? Ou bien elle aussi continuait-elle d’être victime du chant des sirènes qui les attiraient toutes dans les bras des créatures de la nuit ? Je préférai ne pas me poser la question ici et maintenant. C’était trop douloureux. Et je me sentais de plus en plus démuni, impuissant. Alors, sans faire de vagues et en me composant un sourire chaleureux, je m’approchai d’elle d’un bon pas.

« Alors, on profite de la vue ? »

Le sourire de la jolie demoiselle avait de quoi remonter le moral. Et encore … Jolie était un mot relevant du pur euphémisme. Je connaissais peu d’hommes capables de résister à son charme. Et si j’avais eu dix ans de moins … Et si je n’étais pas son médecin … Et si, et si… Bref : c’était une femme magnifique, et la voir ici avait de quoi chasser les mauvais songes jusqu’à nouvel ordre. Toutefois, à la façon dont sa jambe était positionnée, je soupçonnais une cheville endolorie…

« Tu t’es fait mal .. ? »

Posant un genou à terre, je me penchai et embrassai le bout de mes doigts dans un baiser muet.

« Désolé, je ne t’embrasse pas … Tu comprendras pourquoi je suppose … »

J’étais encore en sueur, et je tirai le pan de mon t-shirt en laissant échapper un léger rire avant de lui lancer un clin d’oeil.

« Bon… tu restes assise là parce que tu t’es foulé quelque chose, parce que tu débats métaphysique ou parce que tu m’attendais ? »
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MessageSujet: Re: Tout va bien [Pv Ian]   Tout va bien [Pv Ian] I_icon_minitimeLun 10 Juin - 1:25

« Vous ne m’embrassez pas parce que j’ai une mine affreuse? Ou alors parce que je suis tout autant couverte de sueur que vous? »

Gwendoline rit, grimaça lorsque le médecin effleura sa cheville, plus par dépit que forte souffrance.

« La bonne réponse est A. J’admirais aussi la vue, mais je suis peu porté au débat métaphysique. Cela dit Docteur, avoir su que je vous croiserais, j’aurais apporté un délicieux pique-nique, des vêtements de rechange et une bonne bouteille de vin. Ça aurait été une bien plus agréable façon de vous stopper dans votre entrainement que de vous forcer à vous occuper d’une pauvre godiche pas foutue de regarder où elle met les pieds. »

La jeune femme s’interrompit, avala une grande goulée d’eau puis sentit son portable vibrer dans sa poche. Elle jeta un bref coup d’œil à l’écran. Un SMS d’Aymeric qui lui disait être trop occupé ce soir pour la voir, remettant leur rencontre au lendemain. Gwen en fût un bref moment dépitée, puis décida de ne pas laisser cette déception tout gâcher.

« Désolée, rien d’important. Dîtes, comme je sais que vous allez vous sentir obligé de m’aider à redescendre cette montagne et donc que je vais vous faire travailler pendant votre jour de congé, que diriez-vous d’accepter une invitation à dîner comme dédommagement? Au resto de votre choix ou encore chez moi si vous êtes courageux. Et avez l’estomac solide. Bien sûr, je comprendrai si vous êtes occupé ce soir…je veux juste vous remercier. Il serait à peu près temps non? »

Oui, il serait à peu près temps. Elle lui devait tellement. Le fait que son état soit plus stable était en soit une bonne nouvelle, seulement Gwendoline regrettait parfois ses entretiens réguliers avec Ian…enfin le Docteur McKennitt.

« Je tenterai de vous tirer les vers du nez. Pour savoir ce que pensent vraiment mes employeurs de mon efficacité au travail. Qui sait, je pourrai peut-être demander une augmentation? »

La plaisanterie était certes une façon charmante pour la jeune femme de signifier au Doc toute la gratitude qu’elle avait encore pour lui de lui avoir déniché ce job, mais aussi une façon de dissimuler une certaine timidité.

Car franchement, elle se sentait un peu gourde. Un homme comme le docteur McKennitt, qui en plus était parfaitement au courant de son passé, allait-il avoir envie de dîner en sa compagnie? Qui veut manger avec une folle dingue? Complice de meurtre? Qui sort à peine de l’asile?

Gwendoline se releva avec précaution, posant son pied à la cheville endolorie au sol avec une moue douloureuse.

« Encore une fois, vous n’êtes pas obligé d’accepter mon invitation. J’imagine que vous aviez déjà rendez-vous…ou mieux à faire. »

Et dire qu’en plus, elle allait le retarder en le forçant à l’aider une fois de plus…vraiment, elle avait le chic pour remercier les gens.

« Je suis vraiment désolée…pour ça. »

D’un geste du menton, elle pointa sa cheville. Ce n’est pas un dîner qu’elle devrait lui offrir, mais une semaine de vacances tout inclus dans un complexe grand luxe sur une plage des tropiques.

Rattachant ses cheveux pour ne pas en avoir dans la figure, le regard de Gwen s’accrocha dans les broussailles. Claudiquant jusque-là, elle se pencha et ramassa une longue branche.

« Au moins, vous ne devrez pas me porter comme une jeune mariée. Je ne doute pas de votre force, mais j’ai pris quelques kilos. »

Gwen tapota son ventre plat comme si il était bien rond.

« Alors? Pour mon invitation? Si c’est oui, on pourra discuter du menu en descendant, Si c’est non…on parlera métaphysique. »

Elle aimerait bien qu’il dise oui. Son loft était modeste, mais elle l’avait décoré avec goût. Elle serait ravie d’y accueillir le docteur. De lui montrer qu’elle s’en sortait bien. Qu’elle était responsable. Cela lui plairait de lui faire la cuisine et de le recevoir. Qu’ils se rencontrent pour une occasion agréable.
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MessageSujet: Re: Tout va bien [Pv Ian]   Tout va bien [Pv Ian] I_icon_minitimeMer 12 Juin - 2:07

Je levai les yeux au ciel à sa réplique.

« Toi, une mine affreuse ? Même au saut du lit tu dois être aussi radieuse que d’ordinaire. On ne me la fait pas, à moi ! J’ai bien peur alors que ce soit pour la deuxième raison… »

Ah, réentendre son rire. Je ne pouvais m’empêcher de songer à la sombre traversée du désert qui avait été la sienne, et à laquelle j’avais tristement assisté, pour mieux l’en sortir. A cette époque, jamais je n’aurais pu l’imaginer laisser éclater sa joie comme maintenant. C’était bon signe. Ses plaisanteries me tiraient de ma propre morosité, et je me sentais quelque part réconforté de l’avoir rencontré. Même si ma patiente, ou du moins mon ex-patiente, semblait en bien mauvaise posture. Sa cheville était foutue pour une descente convenable. Elle avait eu de la chance de me trouver dans les parages. Mais entre amoureux de la nature, le monde est si petit…

« Ah, je n’aurais pas dit non pour un pique-nique. Une prochaine fois, peut-être ? De toute façon, on a une chance sur deux pour que le temps se gâte avant ce soir. Sans regret ! Mais je t’interdis de te traiter de godiche ! »

Je m’apprêtais à observer de plus près ce qu’il en était, quand elle sortit son téléphone, freinant mes mains. A genoux près d’elle, j’attendis patiemment, jetant un œil sur le panorama qui s’étendait sous nos yeux. La vue sur la ville était grandiose. Sur elle ainsi que sur la grande chaîne rocheuse. Je poussai un soupir bienheureux : pour rien au monde je n’aurais voulu rentrer à Boston après avoir inspiré un air aussi pur que celui-là. Celui, puant, des docks que mon père ramenait parfois encore à la maison, cette odeur de poisson pourri, d’ordures jetées à la bordure du port… La pollution d’une ville de l’Est trop fréquentée et bien trop proche de New-York… Non. Là aussi : sans regret. La voix de Gwen interrompit mes pensées, et c’est en secouant la tête que je répondis simplement :

« Il n’y a aucun problème, voyons. »

Sa proposition, en revanche, me surprit. Et me décontenança… Arquant mes sourcils, je réfléchis un instant. Une invitation à dîner ? Rien ne m’attendait pour ce soir, il était vrai. Rien ne m’empêchait d’accepter gracieusement une agréable façon de discuter à bâtons rompus, tranquillement et dans un cadre sympathique. Et cependant, une petite alerte lumineuse ne cessait de distiller du rouge. Patiente. On ne sort pas avec ses patientes. On n’embrasse pas ses patientes. On reste professionnelle. Certes, la jeune femme n’avait plus mis les pieds dans mon cabinet depuis des lustres. Mais nous n’étions pas à l’abri d’une rechute, ou d’une éventuelle consultation pour n’importe quel problème que ce soit. Je me sentais déchiré. Je m’étais promis, après June, de ne plus jamais commettre cette erreur grossière mais que tous les hommes semblent condamnés à faire au moins une fois dans leur vie : mélanger le privé et le boulot. Il fallait décidément croire que l’on n’apprenait jamais de ces erreurs-là. Je n’avais pas envie de refuser. Je n’en avais pas non plus le cœur. Et il fallait trancher.
Doucement, j’arguai
:

« Tu n’as pas à me remercier de quoique ce soit … J’ai fait mon travail. »

Oh, je savais bien que c’était faux. Je savais bien que c’était moi qui lui avais trouvé son travail, qui l’avais aidé corps et âme dans sa recherche d’appartement. Que je l’avais guidé, pas à pas, à coups de traitements plus ou moins efficaces, mais surtout, par ma présence et mon écoute. Alors que je n’étais même pas psy. J’avais conscience de tout cela, loin d’être un adepte de la fausse modestie. Pourtant, aucun sentiment de gloire ne m’habitait. J’étais déjà trop vieux pour me complaire dans cet écrin de naïveté. On ne guérit jamais totalement de rien. Les séquelles demeurent. Jusqu’au gasp. Elle insistait, derrière des manières tout à fait astucieuses et subtiles. La jeune fille hésitante avait disparu sous la couverture d’une femme forte et assurée, malicieuse et parfaitement au fait du charme qu’elle dégageait. Mais ni elle ni moi n’étions dupes. Je la savais encore terriblement fragile, au fond. Munie de ce besoin de se sentir en sécurité, encadrée.
Et moi, remis debout, tandis qu’elle se relevait sous mon œil attentif et mon bras comme appui en cas de besoin, j’hésitais encore. Vers quoi se tendait la morale ?


« C’est très gentil à toi en tout cas, de m’inviter. Et non, je n’ai pas de rendez-vous prévu avant demain. Et rien de mieux à faire. »

Mon sourire s’élargit. Il y avait toujours à faire, en réalité. La procrastination heureusement, serait probablement du côté de Miss Parker.

« Arrête de t’excuser… et arrête de bouger, sauvageonne ! Laisse-moi t’aider, plutôt ! Tu vas me rendre dingue à sautiller comme ça, et ta jambe ne va pas aimer ! »

Je m’approchai et, sans façon, entourai sa taille de son bras, la soulevant presque légèrement pour qu’elle n’ait à supporter son poids que le moins possible.

« C’est plutôt moi qui m’excuse… Je ne sens pas spécialement la rose, mais bon. On va essayer de ne pas traîner ! »

Mon regard se posa, moqueur, sur son ventre sans la moindre trace de cellulite.

« Le jour où tu prendras des kilos … quand tu auras fait deux ou trois mouflets, peut-être, et encore. En tout cas, pas avant ! Ca m’étonnerait, du moins. »

Tout en faisant attention aux galets qui, à tout moment pouvaient nous faire trébucher sur la descente, je tournai mon visage dans sa direction, la couvant d’un air amusé et peut-être un peu attendri.

« Tu as vraiment envie que je vienne, hum ? »

On aurait dit une gosse impatiente. Mon sort était scellé.

« Bon, bon… J’accepte. Par contre, je ne suis pas sûr que te faire cuisiner dans ton état soit une bonne chose… Et puis il faut que je me douche, que je me change … Je ne dîne pas avec une demoiselle dans cette tenue ! Alors venir chez toi pourquoi pas … mais ça risque d’être difficile pour procéder… Ou alors… »

Une idée se mit à germer. Contraire à mon éthique. Mais je n'en voyais pas d'autres à disposition...

« Je t’emmène chez moi, je m’occupe de ta cheville. Je me douche, m’habille, puis on file chez toi et JE cuisine ! Ca te tente ? »
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MessageSujet: Re: Tout va bien [Pv Ian]   Tout va bien [Pv Ian] I_icon_minitimeJeu 13 Juin - 7:09

À la mention du fait que même au sortir du lit, elle devait être tout aussi radieuse, Gwendoline eu un léger sourire réservé, mais bel et bien charmeur. La jeune femme, bien qu’entièrement dévouée (comprendre soumise) à Aymeric, aimait flirter. Toutefois, elle ne pipa mot et détourna le regard. Quelques répliques prometteuses lui venaient en tête, mais elle ne pouvait décemment pas les prononcer au docteur. Elle ne voulait pas le mettre mal à l’aise et ne voulait pas qu’il pense qu’elle voulait le mettre dans son lit. Quoi que si elle n’avait pas été avec Aymeric…non. Non elle ne pouvait pas. Elle ne voulait pas lui nuire. Elle savait bien qu’il ne pouvait pas commettre les délices de la chair avec une de ses patientes.

Cependant, elle sentait la situation…ambiguë, mais sans aucun malaise. Comme si tous deux étaient au fait d’une certaine attirance réciproque, mais savaient fort bien que cela ne se feraient pas. Ou ne devrait pas se faire.

À moins qu’elle imagine tout ça. Gwen se savait belle, à quoi bon se leurrer, mais franchement, elle ne se sentait pas à la hauteur de Ian.

« Nous savons tous deux que vous avez fait plus que votre travail docteur McKennitt. Je ne suis pas une ingrate, je sais fort bien ce que je vous dois. »

La jeune femme cessa de sautiller comme le lui demandait le médecin, rougissant légèrement à son étreinte. Elle camoufla cette gêne qui la surprit par un rire.

« Arrêtez, je sens la même chose que vous. La bonne santé et l’effort. Et quand à avoir des mouflets, c’est pas demain la veille. »

*Je ne peux pas en avoir, mon copain est un vampire. De plus, pourquoi je ferais subir une mère folle à des gamins? Ça ne m’a pas trop réussie dans mon cas non?*

Gwendoline garda ses pensées pour elle, évidemment. Elle surprit le regard attendri de son héros sur elle et rougit de plus belle.

« C’est vrai. J’ai vraiment envie que vous veniez. Pour vous montrer que je vais bien. Pour vous laisser un souvenir plus…positif. »

Un sourire ravi étira sa bouche gourmande lorsque enfin Ian accepta son invitation. Elle vient pour protester qu’elle pouvait parfaitement faire la cuisine, mais écouta sa proposition et se rangea de son avis, de peur que sinon il refuse.

« Marché conclu! Quoi que je me sens mal de vous faire cuisiner. Ce n’était pas le but! Mais je sais que sinon vous allez refuser net. J’ai deux énoooormes steak chez moi. Tout ce qu’il faut pour faire une salade, des pommes de terre et juste au premier étage de mon immeuble, il y a une chouette pâtisserie qui vend des desserts totalement décadents. J’ai du vin et de la bière également. Nous devrions survivre. Mais moi aussi, je vais devoir prendre une douche…ou plutôt un bain vu mon état. Je le ferai une fois que nous serons chez moi. Mais je vous aiderai. Je peux faire quelques tâches assise quand même. »

La descente tant redoutée ne parut finalement pas si longue à la jeune femme. Elle et Ian papotèrent gentiment sans silence gênant et elle en oublia même sa douleur. Rendu au stationnement, elle pointa sa voiture, une New Beetle convertible rouge cerise. Cadeau de Aymeric. Il avait voulu lui offrir quelque chose de plus luxueux, du genre Porsche, Infiniti, BMW ou encore Mercedes mais elle avait refusée. Elle avait toujours craquée pour les New Beetle, leur look enfantin et leur boîte à fleur. Par chance…déjà que la New Beetle était difficilement explicable avec son revenu d’aide-bibliothécaire débutante…

« Un cadeau de mes parents…enfin ils m’ont fait un prêt et m’ont endossé. Elle est automatique, et comme c’est ma cheville gauche qui est foutue, je peux conduire. Je vais vous suivre, mais donnez-moi votre adresse quand même, au cas où je vous perds de vu. Ou que vous voudriez filer. »

Sourire malicieux de la part de la belle. Bien sûr que non, il ne voudra pas filer. Elle non plus. En fait, si elle conduisait, elle pourrait fort bien lui laisser tout simplement son adresse et qu’il vienne la rejoindre plus tard. Mais elle devait avouer qu’elle était curieuse de voir où vivait son ancien médecin. Ça, c’était s’il la laissait prendre sa voiture, ce qui n’était pas gagné.
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MessageSujet: Re: Tout va bien [Pv Ian]   Tout va bien [Pv Ian] I_icon_minitimeDim 16 Juin - 0:00

Ah, le sourire de Gwen.
Il avait la réputation d’en faire tomber plus d’un. J’avais même eu droit à des réflexions jusque dans mon propre hôpital, là où des collègues médecins et infirmiers n’avaient pu manquer de remarquer ce beau brin de fille, plantureuse et séduisante à souhait. Que ses yeux soient embués ou non, qu’un sourire soit inscrit sur son visage ou pas, cela ne changeait rien à l’affaire. Elle était belle. C’est tout. Avec un peu d’émotion, je songeais aux temps où, régulièrement, j’avais affaire à une patiente pas comme les autres, perdue dans ce vaste monde trop froid et illogique pour sa jeune âme. Et quand je voyais jusqu’où elle en était arrivée… je ne pouvais pas m’empêcher de me sentir fier d’elle. D’une fierté bienveillante et presque paternelle de voir que l’oiseau avait enfin fait son nid. Et que le dit oiseau souhaitait me convier à partager un moment dans celui-ci. La métaphore pouvait faire froncer les sourcils, mais à mon sens, ce n’était qu’une manière très personnelle de me figurer l’envol de ma petite protégée
.

«  Sois heureuse. C’est tout ce que je te demande en retour. »

Je l’avais vue rougir, sans désirer m’attarder sur les raisons de cette réaction aux multiples significations. J’étais davantage intéressé par la confirmation qu’elle m’offrait : oui, elle souhaitait que je puisse constater par moi-même les progrès qu’elle avait accompli, ainsi que l’appartement douillet que je l’avais aidé à trouver. Impossible de refuser. Rassuré de la voir accepter en retour mon compromis, je n’avais pu retenir un rire quand elle s’était mise à énumérer le contenu de son réfrigérateur et les desserts envisagés pour la fin du repas.

«  On ne risque pas de mourir de faim avec tout ça … En effet, on devrait pouvoir s’en sortir. Et si tu tiens tant que ça à te rendre utile, tu n’auras qu’à éplucher les pommes de terre ! »

Une fois parvenus jusqu’au parking, je jetai un coup d’œil aux alentours. Quelques familles étaient encore là, agglomérées autour de leurs voitures respectives. Des enfants, parfois épuisés, parfois encore plus surexcités, se couraient après en se jetant au visage ce qu’il leur restait d’eau au fond de leurs gourdes et autres bouteilles. Si la plupart des parents étaient trop occupés à ranger les sacs et les glacières dans le coffre, certains commençaient déjà à crier sur leur progéniture, peu désireux de ramener une marmaille dégoulinante sur les précieux sièges en cuir des véhicules dont ils n’avaient pas fini de payer le crédit. Gwen me signala le sien, splendide il fallait bien l’avouer. Je sifflai, admiratif.

«  Eh ben… Tu ne t’embêtes pas à ce que je vois ! Ca c’est de la voiture ! »

Ma remarque était purement destinée à la taquiner. En tant que toubib, j’aurais eu beau jeu de jouer les effarés là-dessus, quand je voyais au quotidien les bagnoles de luxe que la plupart de mes comparses s’offraient. La mienne en faisant partie, bien qu’à un coût légèrement moindre. On ne perd pas les mauvaises habitudes, et je n’avais pas été élevé dans le faste… Il m’avait fallu du temps avant de cesser de culpabiliser par rapport à ce coûteux achat, que je pouvais pourtant largement me payer sans problème. Ma BMW noire attendait sagement, quelques places plus loin de la sienne.

«  C’est gentil de leur part. Au moins tu dois être tranquille pour rouler en ville avec ça, c’est pratique. »

Je l’y conduisis, la jaugeant du regard avant de décider de lui faire confiance.

«  D’accord, si tu me dis que tu peux conduire, je te crois… A condition que si tu ressens le moindre problème ou que tu as mal, tu klaxonnes. On se garera et on avisera… »

Secouant la tête, je me retins de déranger ses cheveux noirs.

«  Moi, filer ? Tu retrouverais mon adresse en vingt secondes maline comme tu es ! Alors ouvre bien tes oreilles : treizième avenue, à Capitol Hill. Pile entre le Volunteer Park et la Grace Church Seattle. Mais je veillerai à ce que tu suives… à moins de devenir subitement aveugle, moi je saurais te retrouver dans la masse… »

Aucun doute avec cette carrosserie rouge ! J’attendis qu’elle soit installée à l’intérieur pour reculer et lui faire un léger signe de main.

«  Allez,  à tout de suite ! »

Quelques minutes plus tard, nous étions sur la route, direction mon quartier. Quartier que je ne quitterais pour rien au monde. Si Seattle avait une âme, je crois qu’il en contiendrait une partie, au moins. Sympathique et accueillant sans pour autant être trop tape-à-l’œil, il possédait quelque chose d’incroyablement authentique, qui m’avait frappé dès mon arrivée. J’étais heureux, quelque part, d’ouvrir ma porte à la jeune femme. Tout en me demandant si, comme à l’accoutumée, j’avais laissé mon intérieur en ordre. Evidemment que oui. Mes accès de maniaque invétérés n’avaient jamais disparu. Nickel, comme toujours. Régulièrement, mes yeux naviguaient sur le rétroviseur central, veillant à ce que la petite New Beetle reste dans mon sillage. Etait-ce vraiment une bonne idée ? Ce repas ? Ce rapport qui dépassait plus encore celui, déjà outrepassé, du médecin et de sa patiente ? Non, bien sûr que non. Cependant, au point où en était ma conscience, je la trouvais gonflée de me faire des leçons de morale maintenant. J’avais commencé à déconner bien avant aujourd’hui. Sur une parfaite ligne de mire, autant achever. Je priai néanmoins pour que les dérapages contrôles l’emportent sur les autres, plus glissants.
Un petit parking était réservé aux habitants des immeubles voisins. A cette heure-ci, il restait encore de nombreuses places, témoins muets de ceux qui n’étaient pas encore rentrés du travail. Je me garai sans difficulté, et descendis de voiture au moment où Gwen faisait de même, à côté de moi. En une poignée de secondes, je lui avais ouvert la portière et tendu la main.


«  Ca va, ça s’est bien passé … ? Allez, on va monter et te soigner cette cheville… On a suffisamment tardé. »

Toutefois, connaissant la demoiselle à mes côtés, je n’étais pas dupe : elle était plus têtue que le toubib que j’étais…  L’ascenseur du bâtiment datant d’une dizaine d’années lui épargna une montée pénible d’escalier. Bientôt, nous fûmes devant ma porte. Un pic de nervosité m’enlaça au moment d’en déverrouiller la serrure…

«  Et voilà. Bienvenue ! »

Je la guidai à l’intérieur, et la fis s’asseoir sur le grand canapé de cuir, moelleux et confortable à souhait. De là où elle se trouvait, elle ne pouvait manquer la spacieuse baie vitrée. A droite, un bout du lac réservoir du Volunteer Park scintillait sous les rayons encore chauds. Puis, plus les yeux décalaient leur portée sur la gauche, plus la végétation du Parc s’estompait, remplacée par la ville. La vue était agréable, et s’achevait, à gauche, par un petit pan de l’Eglise dont les cloches sonnaient parfois quand des cérémonies importantes s’y déroulaient, pour mon plus grand plaisir. J’avais toujours aimé le son des cloches. La luminosité éclairait la grande pièce ouverte sur une cuisine américaine et un grand salon. J’avais mis le prix pour un écran large, et m’étais ménagé un coin bureau, favorisant l’espace ouvert par rapport au couloir qui débouchait sur ma chambre et une autre qui, lorsqu’elle ne me servait pas de chambre d’amis, me permettait d’entasser ma paperasse et mes comptes, ainsi que les sanitaires coutumiers et autres placards. Le sol était recouvert d’un parquet flottant tiède, été comme hiver, d’un brun léger et pâle. La décoration, personnelle, était sobre. Pas de photos à tort et à travers. Mais quelques objets, précieux. Et surtout, un nombre d’affiches, encadrées ou pas, dont je me targuais. C’était tantôt des vues citadines (Londres, New York et Paris), tantôt des affiches d’anciens acteurs au sommet de leur gloire, ou même des groupes de musique et autre citations et dictons connus universellement. Chacune accrochée aux parois d’une façon qui ne devait rien au hasard.

«  Tu veux quelque chose à boire, pendant que je m’occupe de ta jambe ? »


Dernière édition par Ian McKennitt le Lun 2 Sep - 18:47, édité 3 fois
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MessageSujet: Re: Tout va bien [Pv Ian]   Tout va bien [Pv Ian] I_icon_minitimeMer 3 Juil - 0:56

Les hauts parleurs de sa bagnole crachant à fort décibels le rythme effréné et les paroles insipides du dernier tube pop, Gwendoline suivait sagement la voiture du doc, ses doigts tambourinant nerveusement sur le cuir de son volant. Non pas au rythme de la musique, mais au rythme de son pouls cardiaque. Nerveuse, elle était nerveuse. Comme une jeune fille qui attend son cavalier pour le bal des finissants. Ou avant un entretien pour un emploi hyper important. Ridicule non? Le docteur McKennitt est d’abord et avant tout un ami. C’est étrange…elle pourrait dire qu’ils sont amis, sans être proche. Pourtant, il doit bien être la personne qui la connait le mieux. En fait, c’est une relation ultra intime, mais à sens unique. Elle ne sait pas grand-chose de lui. Lui sait presque tout d’elle. Il sait tout…sauf la partie Aymeric.
 
Voilà pourquoi elle est si nerveuse. Elle va en savoir davantage sur le médecin qu’elle a idéalisé. Lors de sa seconde année d’internement, juste après le procès, il y avait eu une courte période où elle était follement amoureuse de lui. Elle était parvenue à le lui cacher. Du moins elle le croit. Par chance, elle s’était raisonnée d’elle-même. Si les intervenants de l’asile s’étaient aperçus de ses sentiments, Ian n’aurait plus eu le droit de la visiter. Maintenant qu’elle avait retrouvé sa capacité à raisonner par elle-même (enfin la plupart du temps) , elle comprenait qu’elle n’avait pas réellement été amoureuse. Elle cherchait à compenser la fascination et l’emprise négative qu’avait Ricky par une fascination et une emprise plus positive. Elle l’admirait et trouvait étrangement en sa compagnie le même type de réconfort que lui avait procuré Ricky. Et que lui donnait Aymeric. Le réconfort de l’homme inébranlable, protégeant sa faible femelle. C’était à pleurer. Elle méritait de se faire lapider par toutes les féministes de ce monde.
 
Bref, elle était nerveuse car elle craignait d’être déçue. Toutes ces années à idéaliser le beau docteur, le voyant comme le dernier des hommes justes, parfait. Et si en entrant chez lui elle s’apercevait qu’il vivait dans un appartement miteux et crade? Qu’il y avait des revues pornos de type Bukkake Festival qui trainaient partout? Putain la dégringolade…
 
Non, impossible.
 
Une fois arrivée à destination, la jeune femme retient presque son souffle en entrant, craignant en plus des revues porno de voir des emballages vides de pizza mangées depuis longtemps et des canettes de bières à moitiés bues.
 
Non, rien de tout cela. À son tour de laisser un sifflement admiratif lui échapper.
 
« Vous non plus doc, vous ne vous embêtez pas. »
 
Gwen s’installa dans le confortable sofa, admirant la vue, puis la décoration.
 
« Vous avez du goût. J’aime vos affiches. Et ce fauteuil est si confortable que je crois que je ne voudrai plus m’en relever. Prenez votre temps pour ma cheville et votre douche. »
 
La belle rit, de nouveau à l’aise et décontractée.
 
« Je prendrais volontiers un simple verre d’eau. Immense. J’ai peu mangé aujourd’hui et après ce jogging, je suis complètement déshydratée. Une toute petite bière m’empêcherait de conduire. »
 
Soyons raisonnable que diable! L’apéro sera pour plus tard, une fois chez elle. Gwendoline grimaça en voyant l’état de sa cheville. C’était enflé. Plus que tout à l’heure.
 
« Vous croyez pouvoir m’éviter l’amputation? »
 
Elle rigolait, bien sûr, mais la douleur devenait de plus en plus lancinante. Pas de quoi la faire pleurer, mais c’était très agaçant. Vivement qu’elle soit attablée devant un énorme steak et un bon verre de vin rouge. Rien de mieux pour anesthésier la douleur.
 
« Vous vous rendez compte docteur McKennitt que vous savez presque tout de moi. Alors ce soir, je vais vous cuisiner. Enfin, tout en restant dans le pas trop personnel… »
 
Gwendoline regarda à nouveau autour d’elle, enregistrant les détails.
 
« Rien de compromettant chez vous. Vous vivez visiblement seul et vous aimez voyager. Et vous avez un faible pour l’âge d’or Hollywoodien. »
 
Bravo Sherlock!
 
« Commençons léger. Je ne voudrais pas que vous changiez d’avis pour le dîner ou que vous fassiez exprès pour m’estropier définitivement. Votre style de musique préféré? Je gage pour le classique et le vieux rock progressif. »
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MessageSujet: Re: Tout va bien [Pv Ian]   Tout va bien [Pv Ian] I_icon_minitimeLun 2 Sep - 19:55

Elle siffla, et je ne pus retenir un rire sincère et gêné à la fois. Il était rare que j’invite chez moi, en général. C’était peut-être dommage pour certains, mais je préférais largement sortir et finir dans un autre lit que le mien selon le déroulement de la dite soirée. Ici, c’était ma bulle d’intimité, un sol que très peu de personnes avaient le droit de découvrir et surtout de fouler.

« Ah bah… On fait ce qu’on peut, disons ! Ce qui est bien c’est que je suis juste à côté de l’hôpital, surtout. C’est vachement plus pratique que d’habiter dans une villa friquée aux abords de Seattle et de se taper la circulation pendant une heure tous les matins. Et puis je suis tombé amoureux de la vue par-dessus tout, je crois. »

Je déposai mes affaires comme à mon habitude sur la première console venue, m’appuyant au bar de la cuisine en posant une main sur ma hanche, suivant le parcours de ses prunelles sur les murs. En souriant, je répondis.

« C’est gentil à toi. J’avoue avoir hâte de voir ta déco aussi…. Mais tu as raison, ce canapé est une malédiction à lui tout seul. Certains soirs je me demande même si je vais avoir le courage de regagner mon lit. Je m’y endormirai probablement un jour. »

Passant derrière le comptoir, je sortis d’un placard le verre le plus grand que je possédais, et le remplis presque jusqu’à ras-bord d’une eau fraîche sortant tout droit du réfrigérateur. Me rapprochant d’elle, je le lui tendis.

« Et voilà pour Mademoiselle. »

J’en profitai pour effleurer sa cheville et constater l’étendue des dégâts en grimaçant.

« Oui, mais c’est bien parce que je suis un super toubib… Un super toubib qui n’aurait même pas dû te laisser conduire, mais bon. Te connaissant, je savais que ce n’était pas la peine de tenter de négocier, hein ! Bon, il te faut de la glace. »

Je partis rapidement chercher le nécessaire. En quelques enjambées, et avec les gestes efficaces du praticien chevronné, je me retrouvai à genoux près d’elle, occupé à caler son pied sur ma cuisse et à soulager le membre endolori du froid qui me gelait la paume de la main. Levant les yeux vers elle, je haussai doucement les épaules à sa remarque avant de la taquiner de plus belle.

« Tu peux me tutoyer, tu sais … Inutile de me vieillir plus que je ne le suis déjà. Et puis on n’est plus dans un cabinet, Gwen. »

De mon côté, je ne l’avais jamais tutoyé par désir de familiarité, mais parce que je l’avais connue terriblement jeune, et qu’il me paraissait inconcevable de la vouvoyer si je voulais entretenir aussitôt un rapport amical avec l’adolescente qu’elle était alors. Exactement comme pour Lola. Avec soin, je veillais à ce que chaque parcelle de peau gonflée trouve le réconfort de la poche qui fondait lentement pour la soulager.

« Haha… Alors je vais devoir m’inquiéter, je sens. Mais aucun problème : j’affronterai l’épreuve avec plaisir. C’est tout naturel que les rôles soient un peu inversés, finalement ! Et promis, je ne te ferai pas faux bond pour le dîner. Fais-moi confiance, un peu. »

C’était étrange, cependant. Tellement étrange. Un médecin et une patiente, même une ex-patiente, n’avaient pas à passer du temps ensemble ainsi. C’était exactement de cette manière que j’avais débuté avec June, et je savais très bien comment tout s’était terminé. La frontière … Cette frontière que j’outrepassais une seconde fois avec regret… et le même plaisir à la fois.  Un nouveau rire m’échappa.

« Oui, je vis seul. Et j’aimerais pouvoir voyager, mais je ne prends pas le temps de m’y consacrer avec sérieux. Dans quelques années, peut-être que je m’y mettrai pleinement. En attendant, je me contente de voyager par les livres et le cinéma, surtout. J’ai une vie suffisamment bien remplie ici, pour le moment. Et puis je ne suis pas du genre à avoir la bougeotte. La seule fois où j’ai voyagé vraiment, c’est lorsque je suis venu de Boston jusqu’à Seattle. Rien de très palpitant comme voyage, tu vois ? »

Jetant un bref coup d’œil sur les affiches, j’acquiesçai.

« Hollywood n’est plus ce qu’elle était depuis longtemps. Faut dire qu’on avait de sacrés acteurs à l’époque. M’enfin, ça ne m’empêche pas d’apprécier tout de même quelques acteurs de la jeune génération… Sinon ça ferait un peu trop discours de vieux con à mon goût… Pour la musique, tu as à la fois raison et tort ! J’écoute absolument de tout. Je ne me suis jamais limité à un seul genre. Tout ce que je pouvais écouter, j’écoutais. Il n’y a que le jazz qui, curieusement, me parle un peu moins.  »

Un sourire juvénile demeura appliqué sur mes lèvres.

« Bon, pour ta cheville je vais devoir te poser une attelle… Et si ça ne s’arrange pas, je devrai plâtrer. »

Parant à toute protestation, je levai déjà la main.

«  Si tu veux éviter ça, je te recommande de rester au repos pendant trois semaines. J’insiste. Trois semaines. Pas une. Pas deux. Pas deux et demi, TROIS. Est-ce que c’est clair, Miss ? »
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MessageSujet: Re: Tout va bien [Pv Ian]   Tout va bien [Pv Ian] I_icon_minitimeJeu 9 Jan - 18:33

“PLÂTRER?! ATTELLE?! Mais…noooooooon.”

Début de phrase fort et outré, fin plaintive à la façon d’une gamine boudeuse. Ce qu’elle est par moment. Elle le sait, elle en joue. Parait que c’est mignon. Alors Gwendoline fronce les sourcils, jette un regard faussement courroucé à son héros et pousse même la comédie jusqu’à croiser les bras sur sa poitrine. Sale môme théâtrale.

« Trois semaines complètes de repos pour éviter l’attelle et le plâtre? Mais c’est de la torture! Et mon patron va me tuer. Quoi que là au moins, je n’aurai plus à me soucier de ma cheville… »

Par contre, une morte avec un plâtre, ce n’est pas joli-joli dans le cercueil. Passons.

En fait, ce que craint surtout la demoiselle c’est la réaction d’Aymeric. Trois semaines de repos, sans sortir! S’il la laissait tomber? Rien ne dit qu’il voudra passer du temps avec une estropiée! Avec toutes ces foutues nana qui tournent autour sans arrêt…il va l’oublier, c’est certain.

« Vous…tu es certain que c’est si grave? Enfin je veux dire…sinon avec une attelle je peux marcher hein? Avec des béquilles? »

Comme si Aymeric allait la trimbaler partout avec des béquilles! Bordel, la vie est trop injuste…mais… pourquoi pense-t-elle encore à Aymeric d’ailleurs? Elle doit apprendre à lâcher prise. N’a-t-elle rien apprise de ses erreurs passées?

Gwen soupire, fait un petit sourire piteux.

« J’imagine que cela va m’apprendre à regarder où je mets les pieds…quoi qu’avec toutes ces attentions et le dîner, le jeu en valait la chandelle. »

Une lueur malicieuse fait briller un peu plus les yeux bleus de l’ex-patiente. Oui, mademoiselle Parker flirt. Encore. La lueur devient velours, le sourire rigolo devient presque lascif. Elle flirt tout en restant dans le bon enfant, jouant à la limite de ce qu’elle sait qu’Ian trouvera acceptable.

Pourquoi elle agit de cette façon? Ian ne succomberait jamais à ses avances et elle-même est fidèle à Aymeric. C’est peut-être ce qui rend ce flirt si plaisant. Séduire, être séduite, sans conséquence. Très immature. Et elle qui a hâte de montrer son chez-soi à Ian pour lui prouver qu’il a bien fait de lui accorder sa confiance et qu’elle s’en sort bien.

« Ça nous fait un point commun. Pour le jazz. Je n’aime pas beaucoup non plus. »

Joli coq à l’âne Gwen. Bravo, tu es particulièrement douée pour dissiper les malaises que tu crées toute seule.

« Allez, cessez... enfin cesse -je ne m’y habituerai jamais- de me masser ainsi sinon c’est vrai que je ne voudrai plus me lever. Et puis je meurs de faim alors hop hop à la douche pour qu’on file chez moi. Où je pourrai à mon tour me laver. »

Pour rompre définitivement toute situation ambiguë, ainsi que le charme, la jeune femme relève un de ses bras et fait mine de se renifler l’aisselle en grimaçant. Voilà un tue-l’amour! Fini la tension sexuelle que peut-être au fond, elle était la seule à ressentir.

« Je promets sur ma vie de ne pas profiter du moment où v…tu prends ta douche pour fouiner partout. Je vais rester sagement assise là, à siroter mon verre d’eau et à admirer le soleil couchant. Je pense que lorsque nous serons en train de cuisiner, que j’aurai un ou deux verres de vin dans le nez, ce sera plus facile pour moi de te tutoyer. En plus, ça va aider ma cheville à guérir à coup sûr. »

Devant le regard de Ian, Gwen pouffe à nouveau de rire.

« Guérir est exagéré…disons anesthésier la douleur? L’alcool est miraculeux pour cela. »

D’un geste faussement autoritaire, Gwen congédie le doc en pointant le couloir qu’elle imagine doit mener à la salle de bain. Lorsqu’elle entend l’eau couler, son regard curieux parcoure de nouveau l’endroit. Vraiment bien rangé. Trop. Elle est curieuse la jeune femme. C’est pourquoi elle a promis à Ian de ne pas fouiller. Car elle tient toujours ses promesses envers ses amis. Sinon…elle doute qu’elle aurait été capable de résister à la tentation.

Peu de gens viennent chez elle. Même si elle se fait livrer une pizza, elle entrouvre à peine la porte. Que des inconnus voient son chez-elle…elle se sent envahi par une horde de barbares hostiles. Toutefois, c’est sans aucun scrupule qu’elle aime regarder les contenus des pharmacies et des tiroirs des gens chez qui elle va. Toute petite, elle a fouillé de fond en comble les résidences des amis de ses parents. On peut en apprendre des choses!

L’eau cesse de couler. Gwen ferme les yeux, feignant s’être assoupie. Elle entend Ian approcher et renifle, les yeux toujours clos.

« Ah oui, il n’y a pas à dire, ton odeur est beaucoup plus agréable maintenant. J’ai hâte que tu puisses dire la même chose de moi. »

Gwen ouvrit les yeux, mis sa main en visière sur son front, le soleil couchant étant éblouissant.

« Je pense qu’il serait plus sage que je ne conduise pas finalement. Tu pourrais conduire ma voiture? De toute façon ce serait plus responsable pour v…toi aussi. Il ne faut pas boire et conduire alors tu pourrais rentrer chez toi en taxi? Sinon ce n’est pas grave, je demanderai à une amie de venir chercher mon auto demain. »

Gwen se leva et alla porter en sautillant son verre vide près de l’évier de la cuisine.

« Prêt? Faut arriver avant que Gisèle, la pâtissière dont je t’ai parlé, ferme ses portes. J’ai envie de chocolat. »

Ce que femme veut, Dieu le veut!
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MessageSujet: Re: Tout va bien [Pv Ian]   Tout va bien [Pv Ian] I_icon_minitimeDim 2 Fév - 15:59

« Si. »

Je ne pus m’empêcher de sourire un peu, amusé. Tous avaient la même réaction, sans équivoque. Je m’estimais heureux de ne m’être jamais retrouvé dans leur situation et je compatissais d’autant plus à la menace terrifiante de se voir immobilisé définitivement. Mais il fallait bien que quelqu’un joue le rôle de l’adulte responsable… en général, ça tombait sur moi.

« Repos, je te dis. Si je te mets en arrêt, j’aimerais bien voir ton patron essayer de te tuer, tiens. Tu n’es pas obligé de lui dire que tu t’es fait ça en montagne, hein… Accident de voiture, agression… chute de poney. »

Je me faisais rire moi-même comme un idiot. Chute de poney. J’l’avais encore jamais faite, celle-là. Quoiqu’il en soit, je demeurerais inflexible, et j’espérais que mon regard en disait suffisamment long, au-delà de toute plaisanterie.

« Donc si tu n’es pas sage, tu ne pourras pas dire que tu n’auras pas été prévenue. »

Je la considérai avec affection, en gamine boudeuse telle que je l’avais réellement connue il y a quelques années. Mon ventre se noua légèrement. Nostalgia sucks. Et particulièrement dans des cas comme celui-ci. Toutefois, c’était un plaisir si rare de l’observer dans ces moments-là qu’il me répugnait de ne pas en profiter tout mon saoul.

« J’ai une attelle suffisamment solide ici. Je vais te la poser, mais je te préviens : elle n’est là que pour t’aider à te déplacer dans les moments strictement nécessaires… Aller te chercher à manger, aller te laver… et aller aux toilettes. Rien d’autre. Pas de sortie, pas de voiture. Je suis très sérieux. Ça m’ennuierait de devoir te plâtrer, hum ? Promis, trois semaines ça passe très vite avec quelques bons films et de la bonne compagnie. Je viendrai te voir souvent, si tu veux. Histoire de voir comment tout ça évolue et si tu veux faire autre chose que broyer du noir en maudissant ta cheville, d’accord ? »

Je laissai échapper les premières notes d’un rire sincère.

« J’aurais préféré le dîner sans ton aventure… ne serait-ce que pour t’épargner tout ça. »

Je soutins son regard, dangereusement. Je devinais, du haut de mon expérience, qu’elle s’amusait bien à jouer de son charme certain sur moi. Après tout, elle était belle et le savait pertinemment, n’hésitant pas à s’en revendiquer face à la gent masculine. J’imagine que je ne fais pas exception à la règle, et c’est pourquoi je ne me formalisai pas. Son naturel paradoxal pourtant, me fit éclater d’un rire franc et je me relevai, faisant mine d’être chassé vers la douche.

« Okay, okay ! Je tente de faire vite ! Et je te fais confiance ! Sage ! »

Ce fut sans conteste l’une des douches les plus curieusement agréables que je connus. Me délassant et éliminant toute trace de sueur et de poussière, j’aimais la savoir à quelques pas de là, dans mon salon. Gwen agissait comme une présence réconfortante. Il n’y avait rien d’étrange, dans mon esprit. C’était un repère fixe, l’une des choses de mon existence qui ne changeait guère, qu’importaient les vampires. Gwendoline Parker était ma petite patiente, fière et ayant parcouru un sacré bout de chemin. Savoir que je m’apprêtais à découvrir le cocon que je lui avais aidé à dénicher était jouissif. Oui. L’adrénaline coulait dans mes veines comme l’eau brûlante glissait le long de mon dos. J’abrégeai ce plaisir pour ne pas la faire attendre et m’habillai d’un jean sombre et d’une chemise blanche, prenant à peine le temps d’éponger mes cheveux quelques secondes.
Lorsque je revins, la demoiselle avait les yeux fermés, et je ralentis l’allure, craignant qu’elle ne se soit endormie. C’est alors que son timbre de voix narquois résonna dans l’appartement, et je souris en secouant la tête, rajustant ma manche
.

« Tu as de la chance d’être estropiée, sinon je ne sais pas ce que j’aurais fait de toi ! »

La suite fut des plus divertissants. Je vous souhaite bon courage pour réussir à fixer une attelle sur quelqu’un qui n’a délibérément pas l’intention de vous faciliter les choses, de l’aider à descendre jusqu’aux voitures, de grimper dans la sienne en réajustant le siège de façon à ne pas ressembler à une grenouille en phase terminale au niveau des jambes, de réussir à atteindre la pâtisserie deux minutes précisément avant qu’elle ne ferme, et d’enfin gagner le domicile de Gwen. Alors que nous approchions, je posai un bref regard sur la jeune femme sur les cuisses desquelles reposait le dessert.

« Eh ben… On l’aura mérité notre soirée. Et tu me laisses faire une fois en haut, tu promets de ne pas abuser ? »
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MessageSujet: Re: Tout va bien [Pv Ian]   Tout va bien [Pv Ian] I_icon_minitimeMer 2 Avr - 5:31

« Une chute de poney…je pense que je préfère dire la vérité. Moins dur pour l’égo. »

Plus tard, elle a eu beau se démener comme une démone plongée dans une cuve d’eau bénite, Gwendoline ne réussit pas à empêcher Ian de lui poser son attelle. Elle pensait être capable de le faire fléchir par de belles paroles ou avec quelques œillades, mais rien n’a fonctionné. Fichu médecin trop professionnel…

« Je jure de te laisser faire une fois chez moi. Tu feras tout, je ne ferai rien, mais je n’abuserai pas gna gna gna. »

Gwen claudiqua jusqu’à l’ascenseur en tenant le précieux dessert (gâteau mousse au chocolat noir avec fond croustillant noisette et quelques éclats de fleur de sel sur la ganache du dessus) d’une main et s’appuyant sur Ian de l’autre. Elle lui fit une petite grimace lorsqu’il la regarda avec un faux air exaspéré suite à son « gna gna gna ».

Arrivés devant chez elle au dernier étage, Gwen inséra sa clef dans la serrure et retient son souffle en ouvrant la porte. À son grand étonnement, son cœur battait la chamade. Elle était stressée. De quoi, elle ne saurait le dire exactement. Après tout, Ian n’était pas là pour la juger. Il ne l’avait jamais fait. Et puis ce n’est pas comme si elle avait à avoir honte de son intérieur.

Ce n’était pas très grand, mais charmant. Depuis l’entrée, l’on peut voir la cuisine-salle à manger ainsi que le salon. Le plafond est en bois, avec de lourdes poutres de soutien à l’ancienne. Un de ses murs est de vieilles pierres, les autres sont peints en jaune doux et en orangé tirant sur le rouille. La table est de style rustique. Comme bien de ses meubles, elle l’a déniché aux puces. Elle l’a décapée et verni. D’autres meubles sont repeints. Puisque le plafond, les murs et le plancher sont vieux, Gwendoline se voyait mal décorer son intérieur de façon très moderne. Cela aurait trop tranché selon elle.

Sur une des poutres de soutien, des petites lumières blanches sont accrochées, vestige de Noël. Mais elles lui font penser à des lucioles, alors elle a décidé des laisser là. Un chevalet de peintre (sans toile) trône dans le salon. Au mur, des photographies qu’elle a prise de Seattle et des environs. Le ciel embrumé de sa ville au petit matin, une ruelle couverte de graffitis et une autre prise dans une ferme à quelques kilomètres hors de la ville. C’est sa photographie préférée. Un champ de maïs, vision entre les épis, comme si les tiges formaient un tunnel. Comme si le spectateur allait être aspiré par le tourbillon vert.

« Je ne suis pas aussi rangée que toi, mais c’est très propre. Hier était fort heureusement ma journée hebdomadaire de ménage. »

Effectivement, si aucun grain de poussière n’était visible, des revues, livres, bouts de papiers, et quelques accessoires trainaient ici et là. Si Ian va dans la salle de bain, il découvrira une pièce faite sur le long, peinte en bleu, avec une ligne de mosaïque de céramique sur un mur et des bulles de savon très réalistes peintes sur les autres.

« Je vais sortir te sortir ce dont tu auras de besoin avant d’aller me laver d’accord? Promis, je fais bien attention. »

Une fois Ian bien installé et après lui avoir offert une bière pour commencer, Gwendoline alla se laver. Plus facile à dire qu’à faire. Une douche avec une attelle s’avère impossible, ou alors elle manque de pratique. Elle dû donc se résigner à prendre un bain, surélevant sa jambe. Beaucoup moins rapide qu’une douche.

Elle revient trouver Ian, bien assise dans sa chaise de bureau, sur roulette.

« Tu vois? Comme ça je peux me déplacer autant que je le désire. Désolée, j’ai été longue je pense. J’espère que tu ne t’es pas trop morfondu en m’attendant. »

Elle se poussa jusqu’à lui en utilisant sa jambe valide, bien consciente qu’elle devait avoir l’air totalement ridicule. Elle avait revêtue une jupe noire courte et ample toute simple et surtout facile à enfiler avec son nouveau statut de handicapée. Avec, un t-shirt blanc des Rolling Stones. Le classique avec l’immense bouche rouge.

« Donc dîtes moi chef, ce repas sera une réussite? »

Gwen se servi une bière, en offrit une seconde à Ian.

« À moins que tu ne préfères un verre de vin? Ou un alcool plus fort? Je suis assez fourni à se niveau-là. J’aime avoir toute sorte de bouteilles pour quand des gens viennent, mais elles ne s’ouvrent jamais. »
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MessageSujet: Re: Tout va bien [Pv Ian]   Tout va bien [Pv Ian] I_icon_minitimeDim 7 Sep - 23:12

C’est lourdement chargés que je découvris enfin avec Gwen le contenu de son appartement. J’avais du mal à contenir pleinement l’émotion qui m’envahissait malgré moi. J’étais toujours touché de voir que, pour une fois, mes espoirs placés en quelqu’un pouvaient se voir concrétiser d’une manière ou d’une autre. Gwen s’était accrochée, elle avait pris la main que je lui avais tendue.
Une fois la porte repoussée, je laissai courir avec une curiosité évidente mes prunelles sur l’intérieur qu’elle me dévoila. Ma première pensée fut que cet appartement lui allait bien. Il lui ressemblait : modeste et chaleureux, bourré de petites touches personnelles par ci, par là. Je ne pus m’empêcher de sourire en voyant certains meubles. Si j’avais pris le parti de meubler mon propre appartement avec du neuf, je regrettais parfois l’authenticité qui se dégageait des trésors dénichés sur les marchés. En m’avançant de quelques pas, je pus bénéficier d’une meilleure vue d’ensemble, ce qui confirma mon jugement. La jeune femme s’était concocté un petit nid douillet tout à fait agréable, et une bouffée de fierté supplémentaire me monta à la gorge.


« C’est… woaw. »

Tournant la tête vers elle, j’acquiesçai d’un air appréciateur.

« Coup de cœur pour les photos. C’est toi qui les a prises ? »

Le grand maniaque que j’étais se mit à rire à sa remarque. Oui, tout respirait le propre. La soirée s’annonçait chouette, et cela en dépit de la blessure de ma protégée. Pendant que Gwen se lavait, j’ouvris les fenêtres pour regarder la vue depuis l’appartement. Respirant pleinement l’air frais, un sourire tranquillement affiché au coin des lèvres, je n’aurais voulu me trouver ailleurs pour rien au monde en cet instant. Nous aurions dû prévoir ce genre de moment entre amis bien plus tôt. Pour faire passer le temps, je commençai à utiliser le matériel que ma belle hôtesse avait mis à disposition. Viande, pommes de terre, salade… Je préparais le tout en sifflotant, l’esprit tranquille. C’était comme de partir en vacances, de se sentir dépaysé par des odeurs qui n’étaient pas les siennes. Des souvenirs que j’emmagasinais précieusement.
Quand elle revint, j’éclatai de rire
.

« Bonne idée le coup de la chaise ! Et il n’y a pas de problème ! Je regardais la vue et j’ai profité du décor avant de me mettre à la tambouille. Et le quartier a l’air vraiment chouette, Gwen. Franchement je pense que tu as fait une belle affaire. Puis t’as du goût. »

Même immobilisée de la sorte, elle était ravissante. J’acceptai la bière volontiers :

« T’en fais pas … La bière, c’est parfait ! Ç’aurait été encore mieux si tu avais eu de la Guinness, mais ne tombons pas dans le cliché. Et dis-moi comment tu aimes ta viande, au passage. Histoire qu’on se retrouve pas avec deux steak carbonisés après s’être donné tout ce mal, ce serait con. »

Je lui fis un clin d’œil.

« So… Tu vis dans ce super appartement, au boulot je suis sûr que ça cartonne… »

Je m’appuyai sur le plan de travail, bras tendus et légèrement penché vers elle, l’air volontairement mystérieux en plissant les yeux.

« Il manque quelque chose d’essentiel dans tout ça, non ? »

La chambrer sur la question était tentant, même si j’étais prêt à retirer mes tentatives si elle ne se prêtait pas au jeu. Mais connaissant Gwen…

« Ça se passe comment ? Enfin, je veux dire… Tu désespères combien de cœurs par semaine ? Histoire que je me fasse un ordre d’idées ! »
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MessageSujet: Re: Tout va bien [Pv Ian]   Tout va bien [Pv Ian] I_icon_minitimeLun 20 Oct - 18:06

C’était quoi déjà ce sentiment ressenti? C’était curieux, c’était nouveau. Gwendoline sentait ses pommettes rosir, un peu comme si elle avait bu rapidement une ou deux coupes de champagne. Un délicieux vertige l’avait saisi. Fort heureusement, il ne paraissait pas puisqu’elle était forcée à la position assise. Son cœur…elle était certaine que son cœur s’était emballé pour graduellement ralentir et atteindre un rythme lent, profond et régulier. Elle se sentait…contentée. Repue. Comblée.

Elle était fière.

La jeune femme réalisa, presque sous le choc, qu’il lui était impossible de se souvenir à quand remontait la dernière fois où elle avait ressenti pareille fierté. Oh bien sûr, elle était toujours fière d’être au bras d’Aymeric, elle aimait qu’il la complimente, elle aimait voir les regards envieux des autres femmes se poser sur lui…mais Gwendoline comprenait là, maintenant, que ce n’était pas tant de la fierté que de la vanité.

Là, maintenant, aucune vanité. De la fierté vraie. Elle était fière d’elle-même. Peut-être pour la toute première fois depuis son enfance. Le regard qu’Ian portait sur elle, sur son lieu de vie, le ravissement sincère qu’elle lisait sur ses traits…elle comprenait tout le chemin qu’elle avait parcouru. Elle
méritait d’être fière d’elle-même et que d’autres le soit.

Gwendoline savoura sa fierté, son bonheur, en toute intimité dans sa tête, trinquant avec elle-même quelques secondes, avalant une gorgée de sa bière, la savourant.

Peut-être que dans un de ses épisodes sombres elle pensera plutôt au fait qu’il est si triste qu’elle soit incapable de se rappeler quand dans les 10 ou 15 dernières années elle a eu matière à être fière d’elle, mais pas ce soir. Ce soir, elle est heureuse, tout simplement.


« Dommage pour la Guinness…normalement j’en ai. Tu as déjà mangé un flotteur à la Guinness et Bailey’s? Tu remplis une coupe à sundae de Guinness, tu prends une énorme boule de la glace au Bailey’s et tu la mets dans la coupe. Simplissime, mais les deux se marient très bien, je te jure. Oh et c’est saignant pour mon steak. La semelle de botte, peu pour moi. »

Ian commença alors son numéro du confident à la recherche de détails croustillants. Gwen le regarda avec un air amusé tourné un peu au tour du pot, se pencher vers elle avec un air mystérieux d’acteur de série B.

« Lorsque tu agis comme ça, tu me fais penser à Oprah. »

La jeune femme éclata de rire, manquant renverser sa bière.

« Oh, une Oprah plus jeune, plus viril et plus sexy bien sûr. Je ne voudrais pas t’offusquer. »

La brunette repris son sérieux, entra dans le jeu de bon cœur.

« Combien de cœurs je peux bien briser par semaine? Tu veux une moyenne je présume hum? Si tu veux le chiffre exact, je vais devoir aller chercher mon agenda. Tu sais, nous les femmes fatales professionnelles, recensons toutes nos victimes. Briser des cœurs, c’est sérieux. Il ne faut surtout pas prendre cela à la légère. »

La jeune femme rajusta sa coiffure du bout des doigts, faisant valser sa crinière, la ramenant sur un seul côté. Elle passa le bout de sa langue sur sa lèvre supérieure avant de la mordiller (la lèvre, pas la langue) pour mimer l’intense réflexion. Elle baissa légèrement la tête sur un côté, relevant les yeux vers Ian.

« Pourquoi veux-tu savoir? Aurais-je fait une victime parmi tes proches? »

Toujours dans son personnage, bien décidée à user de tous les clichés, Gwendoline fit lentement quelques tours complets en tournant sur sa chaise, décroisant et recroisant ses jambes fuselées. Bon, elle n’alla pas jusqu’à faire une Sharon Stone d’elle-même (Vous vous souvenez de ce très vieux film? Basic Instinct?) mais elle s’amusa à le suggérer.

« Oh! Je crois avoir compris…tu aimerais bien en être une? »

Gwendoline s’appuya contre le comptoir, le menton posé sur ses mains, faussement nonchalante.

« Les hommes sont tous de profonds masochistes. »

La jeune femme plongea son regard océanique dans les yeux d’Ian, une lueur taquine lui donnant un éclat particulier.

Elle fit durer le moment, savourant son rôle de garce, laissant les non-dits, la tension sexuelle, occuper tout l’espace.

Brusque recul de la chaise, éclat de rire. La magie du jeu vient d’être rompue.

« Plus sérieusement, je ne pense pas briser de cœurs en ce moment. Je passe le plus clair de mon temps à la bibliothèque. Mes collègues qui pourraient me reluquer ont en moyenne 103 ans. Les plus jeunes sont 100% gais. Il y a bien quelques étudiants binoclards, mais j’adopte un style vestimentaire si sévère qu’ils craignent de m’aborder ou pensent que je suis frigide. »

Gwendoline chopa des bouts de concombre et de fromage fraîchement coupés pour la salade et les grignota.

« En fait…je fréquente quelqu’un…de façon plus sérieuse. »

Elle hésitait un peu à parler d’Aymeric. Elle ne savait pas pourquoi, mais doutait fortement que Ian allait apprécier l’imaginer dans les bras d’un vampire. Surtout qu’Aymeric n’avait pas particulièrement bonne réputation. Pouvait-elle dire qu’elle était en couple? Non, bien sûr que non. Enfin…si peut-être. Elle, elle se considérait comme tel, mais Aymeric…s’était autre chose.
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MessageSujet: Re: Tout va bien [Pv Ian]   Tout va bien [Pv Ian] I_icon_minitimeDim 2 Nov - 0:42

Je secouai la tête avec curiosité, ignorant quant à la pratique du flotteur. À tester, donc. Quant à sa réponse concernant la cuisson de la viande, je l’avais agrémentée d’un regard appréciateur. Elle était une femme de goût, si elle aimait les steaks saignants. Ou en tout cas, une femme à mon goût. Et pendant que je surveillais du coin de l’œil la cuisson des pommes de terre qui rissolaient doucement, je me joignis à son rire du mien, prenant la tronche la plus outrée que je connaisse.

« Espèce de peste… »

Le torchon que j’avais gardé à portée de main sur mon épaule me servit d’arme privilégiée une fois roulée en boule et jetée à la figure de l’insolente avec une force modérée.

«Et fais attention avec ta bière, hein ! Sinon je vais encore me retrouver à réparer tes bêtises !»

Tout en l’écoutant, je souris, secouant la tête et balançant enfin la viande à cuire à son tour. Elle se mit à grésiller aussitôt dans la poêle préalablement chauffée, et une odeur agréable commençait à se répandre dans tout l’appartement. Je me surpris à penser qu’il s’agissait de la plus agréable soirée passée en compagnie de quelqu’un depuis longtemps. Simple, sans prétention, avec juste assez d’aventure pour ne pas rendre ça plan-plan. Même si j’aurais préféré un autre épisode que celui de la cheville foulée, évidemment. Je me fis également la réflexion que Gwendoline possédait une capacité d’autodérision surprenante. Mon expérience m’avait désagréablement appris que les jolies femmes étaient bien souvent les moins drôles, et surtout qu'elles étaient rarement capables de prendre du recul sur elles-mêmes. Pour Gwen, c’était un jeu d’enfant. Son talent inné pour la comédie, pour la légèreté au moment où on en avait besoin, sa façon de ne pas s’appesantir sur les choses, parfois par lâcheté, parfois par nécessité… Elle me surprenait sans cesse par sa faculté à doser ses gestes comme ses mots. Et derrière nos plaisanteries, j’y voyais l’avènement d’une jeune femme étonnamment mature pour son âge, avec la tête sur les épaules et les deux pieds fermement ancrés au sol. Je n’aurais su demander mieux.

« Ben voyons… »

J’eus le malheur de poser les yeux sur elle pile au moment où elle sortit le grand jeu, m’arrachant un soupir exaspéré et levant mes yeux vers le plafond. Elle était foutrement belle, et il m’arrivait de regretter les principes que j’avais toujours appliqué entre elle et moi, par conscience professionnelle puis par respect pour la relation qui m’attachait à elle.

« Oh mon dieu… Aie pitié de moi et de mes proches, leur âme n’est pas encore totalement corrompue, et quant à la mienne, tu devras d’abord me passer sur le co… Non, tu sais quoi ? Oublie ça. »

Je posai d’autorité le bol de salade devant elle.

« Tiens, rends-toi utile espèce de succube, et mélange plutôt la salade au lieu de vouloir faire du break-dance en fauteuil. Ça, tu peux le faire, même estropiée ! »

Je baissai un peu le feu des pommes de terre et retournai les steaks, conciliant néanmoins :

« Mais tu gagnes un point sur le masochisme. »

Plus sérieusement, si les bibliothèques étaient certes beaucoup moins faites pour rencontrer l’homme ou la femme de sa vie que le cinéma ou les bouquins le laissaient supposer, j’étais certain qu’avec une telle personnalité et une physionomie aussi attirante, ce ne serait plus qu’une question de temps avant que quelque chose ne se produise dans la vie de la jeune femme. J’étais justement en train de sortir les assiettes quand elle parut me donner raison. Le ton de sa voix était devenu hésitant. Je me montrai attentif aux mots qu’elle avait employés, et un frisson remonta le long de mes bras jusqu’à ma nuque. Tiens. Ça y est. Il était venu le temps de voir cette idée concrète apparaître. Devant son incertitude, je gardai mon sourire et disposai plutôt les couverts sur la table avant d’éteindre la plaque de cuisson et de verser la nourriture dans des plats trouvés grâce à ses indications.

« Hoho… Nous y voilà, hein. »

La situation était étrange pour moi. Principalement parce que je ne savais jamais absolument comment me positionner définitivement avec Gwen. Elle et moi, nous revenions de loin. De très loin, même. Depuis que je la connaissais, elle avait radicalement changé. En bien. Avec le temps, j’étais devenu protecteur avec elle, sensible à l’affection sincère qu’elle me renvoyait chaque fois que je la visitais et que je venais m’enquérir de son état de santé. Au point qu’au-delà de sa thérapie, je m’étais engagé à lui tendre une main qu’elle avait saisi avec enthousiasme. Je me rappelais à peine des démarches faites pour l’aider à trouver un appartement, un travail. Je m’étais contenté de chercher pour elle. Le reste était de son fait. C’était pourquoi je ne m’accordais pas grand mérite, croyant sans la moindre faille qu’elle s’était débrouillée pour décrocher les deux. Et avec ça, une sorte de paternalisme naturel s’était glissé en moi, bienveillant. Je n’avais aucun contrôle, aucun droit de regard sur sa vie. Cependant, je comprenais sans l’avoir vécu auparavant qu’une méfiance évidente surgirait dès lors qu’elle me parlerait d’un homme sérieusement présent à ses côtés. Inconsciemment, je soufflai plus bas, plus sérieux :

« Viens… On va manger et discuter, alors. »

M’installant en face d’elle, je la laissai se servir, tâchant de ne pas prêter attention au nœud qui se formait dans mon estomac. Fais gaffe. Ne te comporte pas comme un vieux con que tu n'es pas. Ne sois pas possessif. N’agis pas comme si tu étais son père, car tu ne l’es pas une seconde. Elle n’est pas ta fille, n’est pas sous ta responsabilité. Elle ne te doit absolument rien.

« Quelqu’un de façon plus sérieuse… C’est bien mystérieux, tout ça. »

Agrémentant ma réplique d’un clin d’œil pour conserver une atmosphère détendue, une part de moi aurait exigé de connaître chaque détail provenant de l’odieux veinard. À commencer par son numéro de Sécu.

« Tu n’as pas le choix, alors. Il va falloir que tu m’en dises un peu plus ! Comment il s’appelle, où et comment vous vous êtes rencontrés… Ce genre de choses ! »
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MessageSujet: Re: Tout va bien [Pv Ian]   Tout va bien [Pv Ian] I_icon_minitimeLun 9 Fév - 21:53

« Oh mon dieu… Aie pitié de moi et de mes proches, leur âme n’est pas encore totalement corrompue, et quant à la mienne, tu devras d’abord me passer sur le co… Non, tu sais quoi ? Oublie ça. »

Gwen haussa un sourcil à l’énoncé non complété.

« Ça semblait intéressant la fin de ta phrase pourtant. » Elle eut un rire léger et haussa les épaules. « Dommage. Je vais me contenter de mélanger la salade alors. »

Elle fit un soupire déçu avec juste ce qu’il faut d’exagération mélodramatique et termina la préparation de la salade. Elle ouvrit une bouteille de vin rouge et les servi alors que Ian terminait de dresser la table et déposait les victuailles. En plus de son steak d’une grosseur plus qu’acceptable, la jeune femme se servi un bol énorme de salade et une double portion de pommes de terre. Par chance, ils (enfin Ian) avaient préparé trop de tout. Gwendoline croisa le regard de Ian qui regardait son assiette débordante avec une mine perplexe.

« Quoi? Je fais beaucoup de sport, j’ai presque rien avalée de la journée et surtout être en bonne compagnie m’ouvre toujours l’appétit. Manger seule, c’est triste. Je ne ferai aucun gaspillage, promis maman. »

Évidemment, tenter de dévier la conversation en parlant de son appétit d’homme ne fonctionna pas vraiment. Ian, avec beaucoup de doigté et une allure désinvolte parvient facilement, naturellement, à ramener le tout sur sa vie amoureuse à elle. Elle n’avait qu’à se taire…pourquoi avoir ouvert la brèche?

Parce qu’elle n’aime pas avoir le sentiment de « mentir ». Pas à Ian du moins. Pas à l’homme qui lui a sauvé la vie.

Inconsciemment (très très profondément inconsciemment), peut-être sait-elle que cette relation ne peut que mal se terminer. Qu’être avec un vampire tel qu’Aymeric ne peut que la mettre en danger. Physique et mental. Veut-elle qu’Ian la sauve une fois de plus? Ou ce n’est peut-être que pour attirer son attention davantage. Ce sont des hypothèses valables, mais qui sait?

« Bon, j’ai menti au sujet de la bibliothèque. C’est là que j’ai rencontré mon amou…ma fréquentation dirons-nous. Il n’est pas un usager régulier. En fait lors de notre rencontre c’était la première fois que je l’y voyais. La dernière aussi d’ailleurs, à part pour venir me chercher parfois après le boulot. »

Gwendoline coupa un premier morceau de viande, hocha la tête de façon appréciatrice en constatant la cuisson parfaite.

« Hmmmm! Excellent! Si tu en a marre de la médecine un de ces quatre, tu pourrais te recycler dans un steak house. Je te vois bien tenir un petit pub irlandais avec service de viande grillée sur le barbecue. Ce serait bien non? Je pourrais servir aux tables, tenter de faire dépenser davantage ta clientèle…sans oublier de mélanger la salade. »

Elle prit une seconde bouchée, puis leva sa coupe de vin.

« Je veux prendre le temps de porter un toast. À cette super soirée, à ce succulent repas, à toi, à nous. »

Simple, mais sincère.

« Sinon qu’est-ce que je peux bien dire de plus? Il s’appelle Aymeric, connait les grandes lignes de mon passé sans me juger, est très beau garçon, intelligent et me fait me sentir…spéciale. Nous nous voyons beaucoup, mais nous ne vivons pas ensemble. Je ne saurais dire si nous sommes véritablement un « couple » au sens propre du terme. Disons que nous sommes très attachés l’un à l’autre. »

Aymeric et elle forment-ils un couple? Nul doute que pour la jeune femme, Aymeric est « son » homme et qu’elle ne veut nullement le partager. Elle se donne entière à lui, est prête à faire tout ce qu’il désire. Mais un vrai couple n’est-il pas formé par deux partenaires égaux? Est-elle l’égale du vampire ou n’est-elle que son jouet consentant?

La jeune femme continua de manger, guettant la réaction d’Ian, espérant que le nom d’Aymeric ne lui sonnerait pas de cloche. Elle n’avait pas dit que son amant est un vampire. N’en voyait pas l’intérêt. Ou plutôt, craignait qu’Ian se fasse du souci.

« Tu sais…j’ai réalisé que je n’avais jamais vraiment aimé Ricky. Je croyais en être éperdument amoureuse, mais non. J’aimais les sensations qu’il me faisait vivre, j’aimais qu’il me sorte de ma morne vie quotidienne. J’aimais qu’il me désir avec autant de force…mais c’était un abrutit et un être méchant. Avide, jamais content de ce qu’il avait. À part Aymeric, le seul autre homme que j’ai véritable aimé…c’est toi. »

Nouvelle gorgée de vin, nouvel éclat de rire en voyant la tronche tirée par son invité-cuisinier-guérisseur.

« Je ne te fais pas une grande déclaration, ne t’inquiète pas. Mais j’ai été raide dingue de toi pendant…au moins 2 ans. Si ce n’est plus. Tu étais avec…Jane? June? Enfin, je ne la connaissais pas mais Dieu comme j’ai pu la détester du fin fond de ma chambre à l’institut. C’est mauvais pour mon karma, je sais. »

Probablement que demain, elle regrettera d’avoir ainsi avoué au Docteur Mckennitt (qu’elle vouvoyait encore il y a quelques heures d’ailleurs) qu’elle avait déjà été amoureuse de lui. Quoi qu’il devait sans douter non? Il aurait fallu qu’il soit totalement aveugle pour ne pas s’en rendre compte.

Oui, demain elle allait se traiter de gourde et de trop bavarde. Craindre que cette révélation pousse Ian à ne plus la voir. Peut-être aurait-il peur que la folle s’éprenne de lui à nouveau? L’alcool pousse aux confidences, fait disparaître notre « filtre » social.

Toutefois, cette révélation lui fera peut-être oublier de plus la questionner sur son « amoureux »…

« Et toi? Une future madame Mckennitt dans les parages? »
Si oui, qu’elle savoure bien sa chance cette garce.
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MessageSujet: Re: Tout va bien [Pv Ian]   Tout va bien [Pv Ian] I_icon_minitimeJeu 23 Avr - 3:47

Content de la voir manger de bon appétit, je suis même plutôt surpris. Les filles de son genre font plutôt les fines bouches d’ordinaire. Et vas-y que trop manger fait prendre du poids, et vas-y que trop manger devant un homme en plus est mal vu selon elles, etc. Pas Gwen. Je l’ai toujours connue naturelle, parfois totalement inconsciente de l’aura qu’elle pouvait renvoyer aux autres. Et si depuis son estime d’elle était nettement revenu à la hausse, elle n’en était pas arrivée à une attitude méprisante avec les autres et superficielle. J’avais appréhendé, je crois. Plus maintenant. Ravi, le sourire franc et l’œil appréciateur, je ramassai les compliments sans pour autant perdre de vue le sujet crucial de conversation qui aura le pouvoir d’impacter largement sur l’atmosphère de la soirée.

« J’ai pas le sens commerçant, je crois. Mais si une fois à la retraite je commence à m’ennuyer sévère, j’oublierai pas de me recycler dans le domaine, au besoin. Et de t’engager, bien sûr. Au moins tu rameuteras les clients ! »

La retraite. Cette utopie.

« Fais-moi plaisir. Ne te justifie jamais sur ce que tu manges, encore plus quand j’suis à côté. »

Histoire de ne pas faire tâche, je pris une ou deux bouchées, penchant légèrement la tête afin de modérer mes propos :

« Enfin… Presque. Si tu commences à t’enfiler un MacDo par jour, là en effet, sport ou pas sport j’vais me fâcher. »

Mon sourire démentit presque, et je levai mon verre en me contentant de répondre sobrement, mes yeux dans les siens.

« À toi. »

Et puis elle se lança. Je ne mangeai pas pendant tout le temps où elle m’expliqua sa situation, tâchant de rendre mon regard le moins scrutateur possible, le moins inquisiteur. Je me sentais déjà suffisamment mal à l’aise de la questionner à ce propos, pas la peine d’en rajouter en la passant au scanner visuel. La joue calée contre mon poing, je ne perdis pas une miette de son récit. J’attendais simplement qu’elle en ait terminé pour la rassurer sur ce que j’en pensais, puisqu’il semblait évident que le gars paraissait clean, vu de l’extérieur. Aucun détail n’avait piqué ma curiosité plus avant, rien qui ne puisse contribuer à créer la plus petite once d’inquiétude. Elle continua de parler néanmoins, obliquant vers on ex. Cela me fit immédiatement penser à l’avant, quand elle se confiait à moi régulièrement. Grâce elle, j’étais rentré à chaque fois chez moi avec au cœur ce sentiment gratifiant qui me laissait à penser que ma journée n’avait pas été vaine. Que pour une fois, j’avais été utile. Ce n’était même pas une question de salaire au bout du compte. Même pas une question de statut. Les gens comme Gwen étaient ceux qui me poussaient à me lever tous les matins. Savoir que des dizaines de personnes se tenaient là, n’attendant qu’une main tendue dans leur direction pour saisir l’impulsion et se redresser était l’une des plus belles facettes de ce boulot. Pourtant, peu parmi mes patients osaient lever le voile sur les symptômes les plus troubles qui laissaient à penser à des tendances dépressives, voire pire. Et je n’étais pas psy. Je n’en avais ni la patience ni les facultés d’interprétation et de compréhension. Moi, je restais en surface. Je ne déduisais rien d’une expression, je préférais les mots clairs, précis. Et elle, ne s’était jamais fait désirer. Elle ne m’avait jamais fait tourner en bourrique. Elle s’était battue.
Comme en réponse à mes pensées, son aveu agit ainsi qu’un électrochoc l’aurait fait. Je n’ai pas immédiatement saisi la portée de ses mots. J’ai simplement senti mes épaules se redresser d’elles-mêmes, et mes phalanges se décoller de ma mâchoire. Mes yeux, interrogatifs, perdus
.

« Quoi… ? »

Un frisson menaça plus encore mon appétit. Mon ventre se serra, et quelque chose d’indescriptible fit naître une gêne profonde que j’aurais été bien en peine d’évacuer à loisir. Humectant mes lèvres, je repris mon verre, comme pour me raccrocher à quelque chose.

« Eh bien… C’est pas une grande déclaration, mais… mais bordel, si, quand même. »

Un sourire hésitant tordit mes lèvres. Que répondre à cela ? Commencer par le plus facile, peut-être.

« June. C’était June. »

Je réfléchissais à cette époque. Avais-je été aveugle à ce point ? Probablement, car je ne me rappelais que de mes impressions extrêmement favorables à son égard, et de la manière dont elle s’était effectivement attachée à mes visites. Naïveté de ma part. Et je n’en avais pas l’habitude dans ce domaine, ce qui accentuait mon dépaysement et le fait que je tombais littéralement des nues. Deux ans. C’est long, pour quelqu’un qui vous aime, deux ans. Avait-elle essayé de me faire passer un message ? De m’envoyer des signes que je n’avais pas su lire ? Et quoi, dans ce cas ? Comment aurais-je réagi ? J’étais terrifié de réaliser maintenant que si elle s’en était ouverte à moi, je n’aurais su ou pu la prendre au sérieux, et j’aurais été dans l’impossibilité de continuer mes visites. Or, en agissant ainsi, je l’aurais crucifiée vive plus sûrement que les vampires dont j’avais été le meurtrier. Mais elle… Elle que j’avais considéré comme ma petite protégée pendant des lustres, un peu comme les sœurs Andrews, mais encore différemment… Gwen.
Reposant mon verre lentement, j’articulai
:

« La vie est bizarre, hein...? »

Merde, pourquoi est-ce que j’ai laissé tomber ça avec autant de mélancolie dans la bouche ? Presque de la nostalgie. Alors qu’il n’y a rien qui mérite qu’on le soit un tant soit peu. Cette époque n’était que souffrance, pour elle. Pas un motif de réjouissance, en somme.

« Je ne savais pas. Je ne l’ai pas soupçonné une seule seconde, vraiment. »

Presque une excuse. Mon sourire se mit à pâlir.

« Si ça peut te rassurer, en revanche… Moi aussi je l’ai haïe. Quelques années après. J’ai dû la haïr encore plus fort que toi, alors. »

J’haussai les épaules, retrouvant mon fatalisme nonchalant qui en exaspérait tant.

« On sera réincarnés en quelque chose de pas jojo à la prochaine vie, c’est pas grave. On s’en remettra. En attendant… C’est bien. Pour ce type et toi. Ça a l’air de n’annoncer que du bon. Tu me tiendras au courant, hein. J’aimerais bien que tu me préviennes un peu en avance si vous comptez vous marier ou faire des gosses, parce que j’aurai besoin d’un temps psychologique de préparation si tu vois ce que je veux dire. »

Le pire, c’est que je plaisantais à peine. Ce serait une étape de plus, une preuve supplémentaire que la vie défilait son cours irrémédiable, touchait tous les êtres que je côtoyais de près ou de loin, à commencer par celle que j’avais connue à l’état de gosse paumée et prise dans ses vents contraires.

« T’as largement gagné au change. »

Je réalisai que je me sentais triste. Sans réellement pouvoir en définir la cause pleine et entière. J’avais envie de sortir, de quitter son appart’ et d’aller boire un verre ailleurs, vers Central District. J’avais envie de me soustraire à ses yeux de biche, à son sourire à fendre l’âme, à son attitude tour à tour mature et enfantine. Pour arrêter de penser à tout ça. Pour ne plus me poser de questions. Pour arrêter de me demander ce qui se serait passé si. Si, si, si. J’en veux pas, des si. J’ai tourné le dos à ce genre de prises de tête depuis un bail, j’peux pas y replonger maintenant.

« Et non, toujours célib’ depuis June. C’est pas dommage. On peut pas dire que je fais beaucoup d’efforts pour me caser. »
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MessageSujet: Re: Tout va bien [Pv Ian]   Tout va bien [Pv Ian] I_icon_minitimeMar 25 Aoû - 4:07

Le pauvre homme est visiblement en état de choc. Gwendoline fronce les sourcils un court instant. C’est si moche que ça qu’elle ait pu avoir des sentiments amoureux pour lui? Elle sait bien qu’elle n’est pas à la hauteur, qu’il est médecin et elle une ancienne internée qui est devenue aide-bibliothécaire mais tout de même…
 
Puis, la jeune femme eue honte de cette pensée. Ian ne la jugerait jamais aussi durement qu’elle se juge elle-même. C’est mesquin et petit de sa part de percevoir dans sa surprise sincère un quelconque dégoût. Elle doit cesser de projeter ses pensées sur les autres. Son psy le lui a déjà dit. Elle le comprend seulement maintenant. Pour une fois qu’elle ne le trouve pas con…
 
« Ian, franchement, tu as beau être un médecin génial et un homme brillant…côté femme je pense que que tu aurais des cours de rattrapage à prendre. »
 
Elle lui sourit pour marquer sa plaisanterie. Posa sa main sur la sienne.
 
« J’étais certaine que tu savais…ou avais un doute du moins. C’était plutôt évident…je ne t’en ai jamais parlé car je savais bien que tu ne pourrais plus venir me voir. Je ne voulais pas perdre ton amitié. Puis cet amour c’est atténué, c’est transformé. J’étais une gamine, à peine majeure. Qu’est-ce que tu aurais bien pu me dire? »
 
Surtout, qu’est-ce qu’elle aurait bien pu lui apporter? Une gamine perdue et internée. Non, Ian devait préférer les femmes. Les vraies. Cultivées, de carrière, intelligentes.
 
« Ceci étant dit, ça ne me rassure pas du tout. Pour June. Je ne sais pas comment votre histoire c’est terminée, mais si tu l’as détesté, c’est que c’est moche. Quand on apprécie quelqu’un, on ne veut que son bonheur. »
 
Vrai. Elle aimait toujours Ian. D’un amour différent, bien sûr. Elle trouvait triste que son histoire avec cette June se soit mal terminée. Et qu’il en garde peut-être du ressentit.
 
« Hey oh, pas trop vite! Pas de mariage et pas de gamin. Jamais. Le mariage, peu pour moi. Les gamins…je les aime, mais à petites doses. Je fais une excellente tante honoraire. »
 
*De plus, mon mec est stérile puisqu’il est techniquement mort, donc ça ne fera pas d’enfant fort.*
 
Ça, et le fait qu’il risque de la larguer dans maximum 10 ans (si il ne se lasse pas avant) parce qu’elle, elle aura vieillie. Gwendoline sentit son estomac se nouer. Elle avala une longue rasade de vin rouge pour oublier.
 
De toute façon, elle ne voulait véritablement pas d’enfant. Sa mère aussi souffrait de troubles mentaux et voyez ce que cela avait donné avec sa fille. Il était plus que temps de mettre fin à cette mauvaise série.
 
« Cesse de dire que je gagne au change. Je doute que tu sois si terrible dans l’intimité. D’une relation amoureuse je veux dire. »
 
Oui, non, elle ne voulait pas sous-entendre…elle ne voulait rien évoquer de sexuel. Mon Dieu, parler sexe avec Ian…non! Non, non, non! Elle se sentit rougir légèrement, aussi baissa t’elle les yeux sur son assiette et prit deux, trois généreuses bouchées.
 
« Toujours célib parce que tu le veux bien. Tu sembles être un vieux garçon aguerri. C’est bien, ça permet aux infirmières de continuer à rêver. Et ne me dit pas que tu n’as jamais rien remarqué non plus. Sinon faudrait vraiment que les femmes intéressées portent une enseigne clignotante autour du cou. Peu pratique pour travailler. »
 
La jeune femme le regarda avec un léger sourire moqueur.
 
« Et ce n’est pas pour changer de sujet -bon si peut-être un peu- mais qu’est-ce que tu reproches à McDo? Bon d’accord les hamburgers sont dégelasses, mais je dois admettre une légère dépendance aux McCroquettes. »
 
Ramenez la conversation sur un sujet moins glissant, cela lui semblait mieux. Ian continuait d’être agréable, charmant, mais elle le sentait véritablement ébranlé par son aveu. Même pas besoin de dégriser pour se rendre compte qu’elle aurait dû la fermer. Elle espérait de tout cœur que cela ne changerait rien à leur relation, à leur amitié. Même si elle le voyait moins souvent et qu’elle ne lui racontait plus absolument tout, elle avait besoin de lui pour conserver son équilibre. Le perdre, le sentir plus distant, froid ou timide avec elle…non Gwendoline ne pense pas qu’elle serait capable de l’encaisser.
 
« Je vais peut-être exposer quelques photos et toiles. Oh, rien d’exubérant, pas de vernissage chic en vue, mais c’est un début non? Pas que j’en avais le désir pour être honnête mais que quelqu’un pense que mes trucs peuvent intéresser d’autres personnes, ça me fait très plaisir. Je te dirai où et quand ça aura lieu. J’aurai déjà un fan. »
 
Voilà, elle avait tenté de relancer la conversation. En parlant d’elle-même, encore. Gwendoline avait peur de sembler égocentrique, mais elle savait qu’Ian n’aimait pas parler de lui. Il était assez facile de s’en rendre compte. Parce que c’était lui le médecin? Par pudeur? Peu importe, il était là, chez elle, ne s’était pas encore sauvé et cela lui suffisait.
 
Elle se contentait toujours de ce que les gens voulaient bien lui donner.
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Tout va bien [Pv Ian]
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