J'ai un nouveau job. Je bosse comme barmaid au Bunny and Clyde, bar d'afters et trou à rat force 4. Tout se passe plutôt bien pour mon premier soir : pas même un verre de cassé. Oui, mais ça, c'est avant que Johan débarque avec sa paire de clowns... Une baston générale éclate et me dessoude le lieu en moins de temps qu'il n'en faut pour dire merde. Je vous l'avoue, je l'ai plutôt mauvaise contre la bande d'affreux. Un moment je crois même que je vais le mettre en pièce... Puis bon, il m'aide à ranger, alors on tape la discut' tranquille. Je lui fais même des compliments sur sa résistance aux coups dans la cohue. Impressionnant pour un gamin. Mais quand je vais pour fermer, y'a comme un orage qui se prépare. Ma nuit est loin d'être finie.
Je suis morte de fatigue. Cumuler les boulots, ça ne me réussit pas. Alors que je m'endors peinarde sur le comptoir du Repos Éternel, voilà que je vois débarquer une vieille connaissance : Marco. Un puissant enfoiré. Il est accompagné d'un petit romano qui baragouine bizarre et qui a visiblement décidé de l'aider à s'infiltrer dans mon rade. Je vais pour les foutre dehors, mais Marco s'engouffre dans les étages pendant que son pote me barre la route. Bande de tanches... Au premier se fait soudain entendre un boucan à retourner les morts. C'est une sangsue, à priori très fâchée contre le Marco, qui finit par l'embarquer de force avec elle en couinant que le "tribunal de ses pairs" va mettre fin à sa misérable existence. Moi, ça me dit quelque chose cette histoire... D'après ce que j'en sais, se sont des vampires qui se réunissent sous le vieux théâtre pour châtier les dealers de jus. Et pas vraiment dans la dentelle. Je sais pas vraiment pourquoi je me lance là dedans, mais c'est presque plus fort que moi. J'ai l'impression que je dois y aller. Le petit gitan est sur mes talons. Impossible de m'en défaire. Je découvre finalement que c'est aussi un chasseur... ça me rassure à peine. Une fois dans le théâtre, armés de misérables pieux moitiés pourris, on se planque un instant dans les loges. L'idée géniale qui s'en suit est la suivante : se déguiser en sangsue vengeresse afin de les approcher assez pour les planter. C'est naze, mais sur le coup, on trouve pas mieux. Il y a trois vampire, dont un môme tout flippant qui semble bien être le chef. On profite du départ du grand type pour entrer en scène. Autant dire qu'on en mène pas large quand Santiago doit boire un verre complet de sang de Marco. Quand la bagarre éclate enfin, je vois qu'on est foutus. C'est évident qu'on ne fait pas le poids.
Ce soir, je me tiens une mine à bouffer du gravier. Fine cuite d'avoir fêté ma prodigieuse augmentation, je me décide à rentrer tardivement dans mes pénates. Me voilà dans les couloirs du métro en train de parler aux murs... Pas très reluisant comme situation. Et c'est alors que j'aperçois derrière une rangée de siège une saloperie de sangsue en train de pomper la moelle d'un gonz' qui m'a pas l'air très consentant. Dans un geste plus ou moins dicté par l'alcool je lui balance ma canette vide derrière le crâne. Oh oh... Et voilà comment je me retrouve sa proie. Je me mange marron sur marron. Mon univers ne connait plus de haut ni de bas. J'essaye de la semer, mais rien à faire, notre lutte se poursuit jusque dans le grand parc. Un moment, perdue dans mes vapeurs, je la reconnais : C'est Sanjivani Mohana, une putain de célébrité. Une actrice d'origine indienne qui tourne dans tous les films à la mode. Je savais pas que c'était une saloperie de vampire... C'est après que je lui ai demandé un autographe que tout devient flou. Notre combat inégal dur des heures. Elle joue avec moi, c'est évident. Mais avant que le jour ne se lève, Sanjivani Mohana finira une latte de banc dans le cœur et la tête tranchée. Merci glorieuse destinée. Tout ce sang de vampire sous le nez... C'est trop pour la junkie repentie que je suis. Je m'en gorge jusqu'à plus soif. Avant de quitter les lieux de mon crime, je passe un coup de file au Seattle Times. Faut croire que dans mon délire, j'ai un minimum de respect pour l'adversaire.
J'ai pas retouché au V. juice depuis la Mohana... Mais ça me file des crises de manque. C'est peut être à cause de ça que j'ai cogné sur un enfoiré de longue date ce soir. Manque de bol, je m'y suis éclaté la main, et je suis plus ou moins pleine de bleus. Direction les urgences... Je dois lâcher une phrase malencontreuse de reproche vis à vis de la lenteur du service, parce que le doc entre dans une furie noire. Quant à moi, gin frelaté sur estomac vide fini par avoir raison de moi : Je dégobille tout sur le ficus de l'entrée avant de vouloir mettre les voiles. Mais faut croire que j'suis pas indestructible. Je tombe dans les vapes avant d'atteindre la sortie... Je me réveillerai en salle de soin.
Je ne sais pas vraiment ce que je suis allée foutre là bas à l'origine. Je crois que je voulais les voir de près... Et aussi boire à l’œil. Grâce à Zig, qui m'avait obtenu une livrée de serveur, je me suis glissée dans le bal des emplumés incognito et j'ai torché tranquille des coupettes à 80$ au bas mot. Mais je crois que je n'aurais pas du passer dans ce couloir où de Navarre roulait un pantin à son autre pote vampire. Le mignon du baron me rattrappe un peu plus loin et veut que je joue les curés de remplacement pour la bénédiction des bagues, soit disant qu'ils auraient paumé l'original... Je sais pas comment me sortir vivante de c't'histoire, mais j'arrive toujours à négocier 6 000$ pour le service et mon silence. Je me suis encore fourrée dans un vieux pétrin.
Voilà, je suis riche. Enfin, j'ai près de huit mois de loyer payés d'avance. Du coup, j'ai envoyé bouler mes patrons des jobs les plus merdiques et je me suis pris quelques jours de vacance. J'avais oublié ce que c'était... Au hasard de mes divagations pédestres, j'entre dans chinatown et je croise Curly, une connasse qui a le don pour me mettre les nerfs. Je l'envoie chier rapidement... Pourquoi faut-il toujours qu'on vienne me pourrir mon groove ?
J'ai trouvé ce nouveau job sympa : Le Green coffee, salon de thé écolo-bab' en lisière de little Saigon. Jan, la patronne, est une crème. Et quand elle me désigne au mec qui fait un sondage dans le quartier, j'ai pas le cœur à dire non...
Beds are burning
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