En vie - Ian McKennitt



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 En vie - Ian McKennitt

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MessageSujet: En vie - Ian McKennitt   En vie - Ian McKennitt I_icon_minitimeDim 30 Juin - 0:22


L’eau emplit ma bouche et glisse dans ma gorge. Je bois quelques gorgées, cachée dans l’arrière salle du bar. Je pose la bouteille sur l’étagère et regarde ma montre, c’est ma pause, il me reste 2 minutes tout au plus. J’ouvre mon sac à main et en sors un chewing gum à la menthe que je mets dans ma bouche. La musique est forte, il est encore tôt, plus que deux heures avant la fermeture. Je me frotte le front de mes doigts, la fatigue se fait sentir un peu, je rebois une gorgée d’eau et déjà Patricia me demande de revenir. Je secoue mes bras, et mes épaules, comme si j’allais rentrer sur un ring de boxe. Ce n’est pas si loin de la vérité, dans ce bar qui est comme ma maison, je dois toujours y avoir le sourire le plus cordial, l’attention et l’écoute la plus totale, en mettant de côté mes problèmes existentiels à moi. Je réajuste mon marcel blanc, et mon jean brut, c’est partit. J’ouvre la porte et me retrouve rapidement derrière le bar, là plein de monde demande des consommations, les premiers temps, j’ai eu du mal à suivre le rythme effréné mais au final, ce n’était pas insurmontable. On piétine pas mal oui, et puis je dois perdre un nombre incalculable de calories par nuits, mais si ce travail ne me plaisait pas tant que ça, je ne reviendrais pas tous les soirs. « Quatre pintes, un Whisky sec et une Guiness. » Me dit un homme, j’hochais la tête, en récupérant l’argent, glissant les billets dans la caisse, je filais ensuite vers les verres et les pompes à bière. Je l’écoute me parler de sa soirée soit disant de folie, il fête un nouveau travail, un avancement capital dans sa carrière, il a l’air aux anges. Tant mieux pour lui. Lorsque je lui tends les boissons, il se penche pour m’attraper la nuque, déposant un baiser sur ma joue, ça aussi ça arrive souvent. Je souris sans rien dire, ou juste pour lui souhaiter une bonne soirée. Un autre accoudé au bar me redemande une dose de Bourbon, j’attrape la bouteille et lui sert en récupérant ensuite le billet sur le comptoir. Drowsy Maggie, un hymne très connu de tout irlandais qui se respectent se joue à fort volume dans le bar, je bats le rythme sans m’en rendre compte, avec la main contre ma cuisse, ou juste avec les pieds en servant les clients. Ça manque de danse dans ce genre d’endroit, mais un pub n’est pas forcément fait pour danser, du coup c’est dans mon esprit que tout se joue. Je me décale à droite, tourne sur moi-même pour éviter Erin et Patricia qui ont entamé le même ballet que moi, à une allure folle. C’est une chorégraphie qui demande pas mal d’adresse, pour moi qui suis maladroite, c’est tout un travail ! Je réponds à la demande d’un homme de stature carrée, m’approchant de lui, me penchant au dessus du bar. « Je vous sers quoi ? » Ce n’est pas la première fois qu’il vient, je l’ai déjà croisé de nombreuses fois, je me doute de ce qu’il va me demander, je retiens les commandes habituelles. Je lui adresse un large sourire et m’en vais préparer sa commande, le verre se remplissant, je lui demande comment va son travail. Je sais qu’il est médecin, et j’ai beaucoup de respect pour cette profession, si j’avais eu les tripes de supporter la vue du sang, je me serais dirigée naturellement dans cette voie. Je l’écoute, en hochant la tête, et pose son verre devant lui. « 4 dollars. » Lui dis-je avant d’aller encaisser sa consommation. « C’est un peu la folie ce soir, mais dans… » Je regarde ma montre. « Environ 15 minutes, ça devrait se calmer, enfin normalement. » Lui dis-je aimablement. Je remplis un petit pot de cacahuètes que je lui pose à côté de son verre. « Sait on jamais qu’on vous bip ce soir, il faudra être en état. » Un dernier regard, avant que je ne continue mon marathon de service. Un verre chute, se casse sur le sol, je me penche pour ramasser les débris de manière grossière. Les 15 minutes s’écoulent et finalement mon pronostique n’était pas si erroné, tout se calme et c’est enfin reposant. Accoudée à l’étagère derrière moi, je me prends quelques minutes de pause, au niveau du médecin.
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MessageSujet: Re: En vie - Ian McKennitt   En vie - Ian McKennitt I_icon_minitimeLun 1 Juil - 23:10

Aujourd’hui, c’est l’anniversaire de la mort de mon père.

Je ne fais même pas l’effort de calculer les années pour tout vous dire. Je prends note de la date. Et comme chaque année, un léger pincement au cœur me fait grimacer, me fait observer la journée sous une forme légèrement différente de la précédente, comme je sais qu’il en sera de même pour la suivante. Je suis un obsédé des dates. Je n’ai jamais oublié un anniversaire, jamais oublié un rendez-vous. Mon côté maniaque qui parle, probablement. Jamais je n’ai traité avec légèreté ces rappels infimes. Beaucoup parmi mes amis traitent avec une désinvolture que je trouve particulièrement agaçante les fêtes qu’ils oublient. Il paraît que ce n’est pas important. Il paraît qu’on peut s’en passer. Qu’un retard de quelques jours n’a jamais tué personne. C’est effectivement vrai. Mais se noter sur un bout de papier un alignement de chiffres et le coller quelque part là où on l’apercevra forcément au bon moment n’a jamais tué personne non plus. Il paraît que se souvenir d’un anniversaire, c’est ringard. De mort ou de vie. Ca tombe bien, personne ne me reprochera ça aujourd’hui. Parce que personne ne le sait. Il était tard. Et je ne suis repassé par mon appartement après le boulot que quelques minutes, le temps de me jeter sous des trombes d’eau brûlante, de me changer et de repartir. Et visiblement, j’avais bien fait. A peine avais-je fermé la porte derrière moi que mon téléphone s’était mis à sonner. Longuement. C’est terrible, ces notes qui s’étirent, à la fois familières et angoissantes. Celles qui annoncent les bonnes comme les mauvaises nouvelles. Je n’étais pas revenu à l’intérieur. Je savais que ma mère n’attendait que l’instant où je décrocherais pour m’inonder sous les larmes, le poids des souvenirs et son mauvais état de santé. Je ne pouvais pas l’aider plus qu’en lui faisant régulièrement des virements sur son compte. Pas question pour moi de retourner à Boston pour m’occuper d’elle. Déprimé, j’avais quitté l’immeuble, marchant au hasard des rues. Etait-ce la nostalgie familiale qui me fit marcher vers le Pub irlandais ? Probablement. A ma manière, je « fêtais » inlassablement l’évènement. J’ai toujours apprécié l’établissement. Juste ce qu’il faut de cliché, une ambiance du tonnerre quel que soit l’époque de l’année ou de la journée, un bon moyen de se fondre dans la masse, et la promesse de ne penser à rien de très constructif le temps d’une soirée. J’aime bien le personnel, aussi. Je ne les connais que de nom, excepté la petite Violette qui aime parfois me faire un léger brin de causette. Jamais je ne l’ai envoyé paître, au contraire. Ravissante native des terres d’émeraude, son sourire semble éternel et sa silhouette juvénile fait le bonheur de tous ses clients.
Accoudé au comptoir, j’observe la frénésie des trois grâces qui se démènent pour servir tout le monde dans les délais les plus brefs qui soient. Violette s’approche, et je lui lance un sourire sans même réfléchir. Je passe commande d’un whisky, offre des réponses courtes à ses questions pour ne pas lui tenir la jambe et la retarder auprès des autres. Je paye et m’apprêtais à boire une gorgée d’ambre lorsqu’elle me prévient que le gros de l’agitation devrait se calmer sous peu. Un autre sourire et un hochement de tête de ma part. Je ne m’inquiète pas. Le bruit ne me dérange pas toujours. Il est même souvent salvateur dans certaines situations. Ses attentions me touchent, et je dois retenir un rire à ses mots. Je n’ai pas l’intention de répondre aux bips de quiconque ce soir. Egoïstement, j’estime avoir rempli ma part du marché vis-à-vis de l’hôpital pendant les deux dernières semaines, et l’on peut bien m’accorder quelques heures pour souffler. Violette s’éloigne et je porte un toast muet à mon paternel, savourant l’alcool de bonne facture.

Un quart d’heure passe, et les voix s’apaisent un peu. Non loin de moi, la jeune femme elle aussi, en profite pour respirer un moment. Aimablement, je lui fais un signe
.

« J’vous offre un verre ? Vous l’avez mérité… Avec ce que vous avez brassé ce soir, s’il y a bien quelqu’un qui peut s’en payer un c’est vous. »

Mon téléphone portable se met à sonner. Agacé, je fouille dans la poche de mon jean et observe l’écran une fraction de seconde. En voyant qui est l’émetteur de l’appel, je serre les dents. Ma mère a dû tenter de me joindre une bonne cinquantaine de fois sur le fixe avant de se rabattre ici. J’éteins mon téléphone pour le fourrer à l’intérieur de ma veste, en revenant à mon interlocutrice.

«  Pardon. Oui donc, je disais : ça vous tente ? Ca faisait un moment qu’on ne s’était pas croisés. »
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MessageSujet: Re: En vie - Ian McKennitt   En vie - Ian McKennitt I_icon_minitimeLun 8 Juil - 14:25


Je pose mes fesses contre l’étagère de derrière, je rêve d’un siège, j’ai les pieds en bouilli, mais le travail n’est pas terminé, pas tout de suite du moins. Je sirote ma bouteille d’eau fraiche, lorsque le médecin m’interpelle, je tourne la tête vers lui, sourire aux lèvres. « C’est adorable mais.. » Je n’ai pas le temps de terminé, que son attention est happée par la sonnerie de son téléphone, je m’attends à ce qu’il décroche, mais non, il regarde juste et finit par le ranger. Une ex peut être, ou son actuelle… Pourquoi je pense à ça moi ? Bref. « Ne vous excusez pas. » Lui dis-je courtoisement, avant qu’il ne relance son invitation. Je tournais la tête vers la gauche pour regarder Patricia, affalée que le comptoir, en mode pause et Frances qui s’essuyait le front d’un linge humide. Dans la salle, plus grand monde, trois ou quatre personne rien de plus. Mon regard se posa sur lui, puis sur la pompe à bière, comment refuser l’appel d’un tel rafraichissement. Je fis la grimace, puis la moue, avant de me remettre en appui sur mes pieds, marchant vers la pompe. « Vous avez gagné, je me damnerais pour une Guiness… » Lui dis-je tout sourire. J’attrapais une peinte, la glissais sous le tuyau en cuivre, et remplis le verre, pas plus haut que le bord. Je pris ma consommation dans la main, la posant devant lui, et j’attrapais un haut tabouret pour y mettre mes fesses, m’accoudant au bar en face de lui. « Merci. » Lui dis-je avec un petit sourire timide. Nous trinquâmes alors, buvant une gorgée de breuvage par la suite. Je ne tiens pas l’alcool, mais je sais très bien que ce verre ne contient que mon pays rien de trop fort non plus. Je reposais la peinte sur le comptoir et plongeais mon regard dans le sien. « Alors, Ian, qu’allez-vous me raconter ce soir, comment allez-vous ? » Je croisais les bras sur le comptoir en bois, l’écoutant avec cordialité. Je ne me doutais pas un seul instant que ce fut un jour difficile pour lui, ni rien d’ailleurs. Les clients qui viennent, sont une partie du business, rien de plus, et c’est rare de réussir à s’en faire des amis, les barmaids et barman sont très bons pour écouter les griefs, déceptions, colère des gens, mais au-delà de ça, il n’existe pas grande chose. Je salue les derniers clients qui partent, et coupant Ian dans ses dires, Patricia arriva à mon niveau. « Je te laisse fermer ce soir, j’ai terriblement besoin d’aller dormir… » Elle capta alors mon voisin, le beau médecin qui se tenait là, lui lança un regard plus qu’équivoque, ajoutant en riant comme une dinde. « … Si ton ami, est célibataire… » Elle lui fit un clin d’œil, léchant même sa lèvre inférieure de sa langue. Je ris alors, c’était ça ou je m’enterrais directe sous les lattes du plancher. « Bonne nuit Patricia. » elle finit par nous laisser, je passais une main sur ma nuque, comme si ce simple geste pouvait me détendre les muscles. Frances partit à son tour, nous empêchant donc de se parler, je me levais pour fermer la porte principale du bar, nous laissant seuls tous les deux. « Ah… Je suis désolée de toutes ces interruptions. » Lui dis-je gentiment, avant de re contourner le bar, pour reprendre ma place en face de lui. « Vous me disiez donc ? » pour toutes réponses, et sentant une certaine détresse émanant de lui, je posais ma main sur la sienne, fronçant les sourcils, attestant que d’une certaine manière, je pouvais comprendre et même partager sa peine. Je bus mon verre lentement, avant de sursauter lorsque l’on tambourina à la porte du bar de manière vive. Je sautais sur mes pieds, contournais le bar, et je me dirigeais vers la porte. « DESOLEE ON EST FERME » Leur dis-je, il semblait deux au moins, mais les vitres en verre déformant de couleur vertes, ne me donnait pas plus d’indication. « Allez ma petite chatte, ouvres nous la porte, on meurt de soif… » Me dit l’un d’entre eux de l’autre côté de la porte, avec une lenteur lubrique qui ne me sciait guère. « C’est FERME ! » Ajoutais-je. Je collais mon visage à la vitre, et il me sembla ne distinguer plus rien de l’autre côté de la porte, ils avaient disparu. « Etrange. Y’a des dingues à la fermeture, à croire que c’est le moment préféré de tous les sociopathes ! » Dis-je à l’intention de Ian.
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