Echappe-moi si tu peux. [Duncan]



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 Echappe-moi si tu peux. [Duncan]

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MessageSujet: Echappe-moi si tu peux. [Duncan]   Echappe-moi si tu peux. [Duncan] I_icon_minitimeDim 17 Mai - 11:51

Des gardes de nuit, Cael n’en avait pas fait beaucoup. Sa toute première remonte à deux mois plus tôt où, pris par l’excitation, l’homme s’était activé durant tout son temps de service à rechercher d’éventuels conflits, qu’il ne trouva d’ailleurs pas. De même pour la deuxième garde où il faisait continuellement des allers retours entre les rues et le poste de police à la recherche de quelque chose à se mettre sous la dent. Il avait même joué aux cartes avec des poivrots à la sortie d’un bar, avant de leur appeler un taxi afin d’être sûr qu’ils rentreraient chez eux sains et saufs. La troisième garde, en revanche, l’homme s’était endormi comme une masse au volant de sa voiture de patrouille (à l’arrêt bien entendu). Heureusement des adolescents eurent la gentillesse de le réveiller par un lancer de cailloux sur le pare-brise, avant de s’enfuir en courant. Cette nuit était la quatrième fois qu’il ne rentrerait pas border sa compagne dans leur lit conjugal. Le jeune homme s’était préparé en se reposant la journée, il se déclarait être alors en pleine forme. Honnêtement, même s’il aimait rentrer au soir pour profiter de sa copine et de son chien, il adorait travailler de nuit. La ville sous les étoiles avait un tout autre aspect que sous le soleil. Les rues se calmaient au point que chaque bruit du quotidien devenait suspect, la foule était moins dense voire quasi nulle à certains endroits, l’obscurité baignait les places d’une couche de douceur fraîche qui énergisait notre bonhomme.
Vêtu de son uniforme de police à manche courtes, sombre et serré, le garçon venait de s’assoir au bord d’une petite fontaine de la place. Il semblait ignorer les brises fraiches qui venaient caresser ses bras nus, il avait chaud parce qu’il était rempli d’excitation. Il avait pour charge de quadriller ce secteur tandis que ses collègues s’occupaient d’autres zones autour. Son regard passa de maisons en maisons, immeubles, rues, et dans son esprit se déroulait toute une pellicule fictive d’action qui mettait en scène un super héros inconnu venant secourir la veuve et l’orphelin dans chaque direction qu’il regardait. Cael avait beaucoup de rêves en tête, et cet héroïsme qu’il admirait tant comblait toute sa volonté à elle-seule. Elle suffisait à lui ôter toute peur de faire des mauvaises rencontres, probablement beaucoup aidée par le fait qu’il n’ait jamais fait de mauvaise rencontre particulière, seul. Quelques délinquants par-ci par-là, des récalcitrants, mais il n’avait jamais été en réelle situation de danger. Peut-être que la bienveillance entraîne la bienveillance, ou peut-être encore que le karma finirait par tourner. Quoiqu’il en soit il s’en fichait, il se disait prêt à tout et le héros qui sommeille en lui était aux aguets.

Seattle ne devenait jamais complètement calme. Comme pour toute métropole qui se respecte, il y avait toujours des tas de personnes qui ne dormaient pas la nuit. Cela donnait quelques occasions au policier de saluer, de discuter, et de s’occuper un peu lorsque le quartier surveillé était tranquille. D’ailleurs, ce soir, le jeune homme eut droit à une situation tout à fait anodine qui le réjouissait. Alors qu’il passait devant la grande bibliothèque de First Hill, il entendit trois petits bruits brefs et rythmés, comme quelqu’un qui venait de toquer sur une vitre. Il s’arrêta, regarda autour de lui et entendit de nouveau ce bruit. Finalement, il aperçut de l’autre côté de la rue le visage d’une petite fille d’environ huit à douze ans, qui lui fit un signe derrière la fenêtre d’où elle se trouvait. Le policier pencha la tête puis traversa la rue pour venir jusqu’à elle. Elle ouvrir sa fenêtre puis commença à lui chuchoter des questions du style : Que fais-tu là ? T’es un policier ? Tu viens arrêter des méchants ? Etc.
Ils conversèrent durant une bonne demi-heure, l’homme adossé à la fenêtre et montrant son joli badge tout neuf à la fillette admirative. Bref, durant sa soirée de garde, Roméo s’occupait en papotant avec une Juliette au stade enfant de latence qui ne voulait pas dormir. Et à la fin de leur conversation, Juliette avait pour vocation maintenant de devenir policière ! C’est Cael qui mit fin à la discussion en se rendant compte qu’il ferait peut-être mieux de retourner travailler. Il souhaita bonne nuit à sa nouvelle amie, lui donna deux-trois conseils pour réussir à s’endormir et lui promit que s’il était de nouveau de garde dans ce secteur, il repasserait devant cette fenêtre.

Il n’était pas loin d’une heure et demie du matin lorsque dans sa balade, heu je veux dire dans sa patrouille, le policier revint du côté de la bibliothèque. Il eut un regard du côté de chez la petite fille et put constater que la petite lampe de chevet était éteinte, elle devait dormir profondément. Il s’arrêta devant la porte du grand immeuble institutionnel et parcourut du regard les écriteaux. Sa petite amie Lily y venait tous les jours en ce moment, puisque c’était la période des examens pour elle. Il était important alors pour Cael de s’assurer que cette zone était sûre. L’homme posa son dos contre le mur et, ayant patrouillé déjà un peu partout, s’accorda une petite pause dessin. Il sortit son carnet de sa poche arrière gauche – la droite contenant les menottes – puis un stylo. Après un bref instant de réflexion, il entreprit de reproduire sous ses traits personnalisés la fenêtre de la fillette en dessinant son visage derrière la vitre. Il n’eut pas le temps de terminer car il crut entendre des voix non loin. L’homme se redressa, rangea son matériel et se dirigea d’où il pensait entendre ces dites voix. Ses pas le menèrent alors à l’entrée d’une espèce de tunnel à ciel ouvert, plus précisément une ruelle si étroite que cinq personnes en ligne n’y passeraient pas. Evidemment, elle n’était pas éclairée. L’homme sortit donc sa lampe de poche du policier, outil utile faisant partie du petit kit du parfait patrouilleur qu’il reçut à sa sortie de l’académie. Avec les menottes, le costume et le pistolet, dont il ne s’était servi qu’à l’entraînement d’ailleurs. Cette lampe était forte, agressive, et projetait une lumière qui ne s’étalait pas mais partait loin devant. Il se rendit alors compte que cette rue était beaucoup plus longue qu’il ne l’imaginait. Il s’y engagea sans hésiter et sa lumière finit par trouver deux silhouettes qui lui semblèrent être des personnes, si ses yeux ne se trompaient pas.

Deux individus, seuls, dans la nuit, dans une ruelle sombre, est-ce que c’était louche ? Cael ne saurait dire s’il devait se méfier ou non mais il lui était évident que lorsque deux personnes s’isolaient ainsi aussi loin des regards, c’était soit pour faire l’amour, soit pour quelque chose d’illégal. En espérant ne pas interrompre la première théorie, le policier s’approcha en craignant d’arriver trop tard si c’était une agression ou pire, un viol ! Car il avait cru apercevoir une femme dans les deux individus découvert. Il avait ouvert la bouche, il avait commencé à dire « Tout… » parce qu’il comptait demander si tout allait bien, mais il dut s’interrompre en apercevant l’un des deux protagonistes, le mâle évidemment, prendre ses jambes à son cou. Cael avait déjà eu droit à des changements de trottoirs, des regards méfiants, haineux ou craintifs parce qu’il portait l’uniforme de l’autorité. Mais quelqu’un qui s’enfuit en le voyant, c’était la première fois. L’homme ne prit même pas la peine à réfléchir parce que la lampe torche en main, il s’était déjà lancé à la poursuite de cet homme. Il se sentait comme un chien qui ne pouvait résister à l’envie de courir après la baballe. Quelqu’un le fuyait alors il devait IMPERATIVEMENT lui courir après, le policier était pris d’une force qu’il ne pouvait réfréner. Si bien qu’il oublia totalement de s’arrêter et de s’assurer que mademoiselle allait bien. L'adrénaline venait de le prendre aux tripes et sa jeunesse lui donna l'impression qu'il lui poussait des ailes.
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MessageSujet: Re: Echappe-moi si tu peux. [Duncan]   Echappe-moi si tu peux. [Duncan] I_icon_minitimeDim 17 Mai - 22:34



La lame aurait-elle fini par s’abattre ?
Les dernières retenues auraient-elles été sabordées, abandonnées, livrées au monstre qui attendait son heure ?
Possible.
Fort possible, même. Pour la première fois depuis sa libération, Duncan Wheeler, ou plutôt William Carlyle avait failli céder à l’abomination qui l’avait envoyé pourrir en prison pendant près de huit ans. Gwendoline Parker s’était peut-être sauvée elle-même, après tout. Parce qu’elle avait, d’une façon ou d’une autre, réussi à toucher le point sensible, la faille, comme Helena aurait su le faire. Helena. Il l’avait reléguée au fond de son esprit pour ne pas se laisser dévorer par la douleur qui ronge tout homme qui promet et qui ne peut rendre hommage à son serment. Il s’était fourvoyé. L’avait trahie. Par dépit. Par haine de lui, par haine des autres. Il aurait tout le temps d’y songer plus tard. Bien plus tard.

Cours.

Cela avait commencé lorsque le faisceau d’une lampe, agressive et déchirant la nuit en brûlant ses rétines habituées à l’obscurité, s’était braqué sur les deux silhouettes réfugiées au fond de cette ruelle crasseuse derrière la bibliothèque où travaillait la victime potentielle. Aussitôt, tous les instincts de Duncan s’étaient réveillés, l’avaient poussé à se redresser et à faire volte-face vers l’intrus. Un mélange immonde de sentiments, qui allaient de la fureur de se voir dérangé à la peur panique de se faire prendre, lui donna l’impression de se fissurer de l’intérieur, l’estomac au supplice. Il ne perdit pas deux secondes pour remettre le couteau de boucher à sa ceinture, le coinçant tant bien que mal, puis se détourner et bondir. Il ne dut qu’à son agilité de ne pas glisser, se hissant tant bien que mal au sommet d’une grosse benne à ordure. L’odeur qui en émanait était tellement insupportable qu’elle manqua de le rendre nauséeux, mais c’était bien secondaire.

Franchis le mur.

Le flic – parce que c’en était forcément un à une heure pareille –, le contournerait probablement par l’ouest. Mais il perdrait quelques précieux instants pour décider quel chemin emprunter. Poursuivre immédiatement le tueur était tentant, mais périlleux. Et lorsque Duncan tourna la tête au moment où il faisait basculer sa première jambe par-dessus la pierre rêche et froide, il vit que la lumière aveuglante s’était changée en feu follet, balayant la scène dans un mouvement chaotique qui indiquait bien la course de l’homme, sur ses talons. Le prédateur esquissa un sourire, jeta un dernier regard à la jeune femme prostrée, puis disparut, se laissant tomber de l’autre côté. Le choc, sourd, lui tira une grimace, mais il entreprit aussitôt de se remettre droit sur ses jambes et de foncer dans une ligne droite qui lui permettrait de réfléchir. Réfléchir vite. L’Anglais s’aperçut avec horreur que son sourire n’avait pas réellement disparu. Il prenait de plein fouet les effets de l’adrénaline, ce sentiment délectable de se sentir poursuivi pour un crime frisant l’intolérable. Oh, certes, il n’avait pas eu le temps de le commettre cette fois-ci… Mais il comprenait d’office que ce qu’il éprouvait à l’heure actuelle aurait été mille fois décuplé si le sang de Gwendoline avait coulé entre ses doigts. Il était un fauve. Il était peut-être né pour ça. Cette extase horrifique, cette joie sauvage et profonde qui ravageait son sang, brouillait ses idées, lui donnait l’énergie de foncer à travers la nuit tranquille de Seattle, il la dégustait avec une indécence folle.

Il se sentit heureux.
Il se foutait soudainement de revenir en taule.
Il se foutait de lire la pleine détresse sur le visage de sa sœur.
Il se foutait de découvrir son nom à la une partout dans le monde médiatique.

Il voulait vivre.
Et vivre pour lui, c’était offrir la mort à ceux qui la méritaient.
Qui étaient-ils pour l’empêcher de jouer avec les cadavres ? Car ces êtres-là étaient déjà morts de l’intérieur. Inutiles. Nocifs. On pouvait reprocher beaucoup de choses à Wheeler, sauf d’être un fauteur de trouble notable pour la société. C’était son leitmotiv, son obsession. Il était un citoyen modèle, qui payait lorsqu’on le lui demandait, qui se levait tôt pour aller travailler, qui ne se plaignait jamais malgré le labeur ingrat. Il avait apporté sa pierre à l’édifice dans une tentative d’assainissement que ne cautionnaient pas les autorités.
Derrière lui, le flic courait peut-être encore. Il ne se retourna pas pour vérifier. Il profitait de toutes les ombres qui couvraient sa fuite, amies, compagnes de toujours. Elles ne lui avaient jamais fait défaut, s’étaient toujours montrées compatissantes, témoins muettes de ses atrocités. Un point de côté commença à vriller son flanc gauche. Il l’ignora. Il devait disparaître, rejoindre les quartiers les plus malfamés qui lui serviraient de refuge, en espérant ne pas croiser d’autres policiers en chemin. Pour se donner du courage, pour ne pas céder à la terreur qui l’avait secoué lorsque le couperet de la justice s’était profilé à l’horizon, il murmura dans un souffle entrecoupé, laborieux.

« Roxane Ruth… »

Et ses putains de cheveux roux, bien trop longs et emmêlés.

« …Christine Prescott… »

Il l’avait trouvé laide et belle à la fois. Faible, aussi. Tellement faible…

« …Walter Clark… »

Il était aussi noir que Duncan était blanc. Ses yeux aussi étaient noirs, terriblement perçants. Dérangeants. Il avait aimé les lui fermer pour toujours.

« …Larry Vaughn… »

Un pédé et obsédé sexuel par la même occasion. Le genre de type qui reluquait tout le monde, qui sexualisait tout le monde. Ignoble.

« … Colleen Fowler… »

Colleen et ses airs de grande dame. Réveille-toi, gamine. Tu n’as que 16 ans et ton âme est déjà laide. Où est la victoire, là-dedans ?

« …Murugan Unmai… »

Celle-là, elle s’est laissé entraîner. Il l’avait tuée pour ne pas lui permettre de devenir une personne plus laide encore que Colleen. Il lui avait rendu service, après tout.

« …Lucy Ridgeway… »

Trop belle, celle-ci. Bien trop belle. Bien trop consciente de cela. La curiosité qui l’avait saisi lorsqu’il avait démembré son corps était immense. Elle ressemblait à Gwendoline, dans son attitude, quelque part. En blonde.

« …Darlene Massaro… Paul Dieterle… »

Paul. Tu n’aurais jamais dû. Tu n’aurais jamais dû céder au chant des sirènes que t’inspirait la petite Lucy Sanford. Grave erreur qui t’a conduite à la tombe.

« …Patricia Robertson… Beverly Faith… Lydia Berchner… Deborah Griffith… JACK THOMAS ! »

Tu vois, Stefan ? Je me rappelle de tous. Tous ceux qui sont passés sous ma lame, sous mes poings. Ils me saluent, de l’au-delà. Je les rejoindrai un jour, ces vieux frères. Ces traînées. Ces déviants. On se comprendra, eux et moi. Avant, on n’aurait jamais pu.

Duncan courait encore.
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MessageSujet: Re: Echappe-moi si tu peux. [Duncan]   Echappe-moi si tu peux. [Duncan] I_icon_minitimeLun 18 Mai - 11:15

La peur devait donner des ailes parce qu’il disparaissait vite, le bougre. Le suspect en fuite éveillait une forme olympique chez le policier ravi de faire de l’exercice ailleurs qu’au centre de musculation. Toutefois, ses pensées se firent moins nombreuses, ses divagations se turent et il focalisa son attention sur le moment présent et plus particulièrement sur sa course. Il devait attraper ce voleur/criminel/agresseur/délinquant, rayez les mentions inutile. Cael était un garçon sérieux qui était prêt à tout son possible pour ne laisser personne échapper à la police. Il n’avait pas eu le temps d’apercevoir la carrure de la personne en face et aurait probablement aimé savoir s’il aurait plus d’endurance que lui mais l’heure n’était plus aux interrogations. Plutôt que de faire le tour, ce qui aurait été probablement plus intelligent, Cael se hissa avec souplesse sur la benne à ordure, fit basculer cette dernière dans un énorme fracas et ne dut sa survie qu’à l’instinct de Tigrou qui le refit sauter contre le mur. Peu importe l’étalage des ordures sur le sol, et même si le policier était bien du genre à revenir ensuite pour tout ramasser il avait pour priorité maintenant d’attraper le malfrat qui pensait pouvoir échapper à l’autorité ! Ce dernier ne s’imaginait pas qu’il avait provoqué une bête, un guépard, un chasseur, un molosse, un titan, un…

« HALTE ! Scusez-moi, oh pardon ça va ? non mais HALTE !! » oscilla le grand prédateur entre les ordres d’arrêts lancés au voleur, et au monsieur qu’il venait de bousculer en atterrissant de l’autre côté du mur. Là encore, Cael se serait arrêté pour vérifier que tout allait bien s’il ne s’était pas fixé pour priorité d’attraper le MECREANT ! Le policier fut bien obligé de laisser derrière lui sa victime qui se relevait péniblement. Il n’avait pour seule focalisation qu’un mouvement et des bruits de pas rythmés qui lui confirmaient qu’il était toujours bien à sa poursuite.
Nous en étions donc à une bête féroce qui ignorait où était passée sa lampe torche. Tombée ? Rangée ? Il ne savait pas à quel moment elle et lui s’étaient séparés dans cette course folle et il ne s’attarda pas sur le sujet. Il avait les mains libres maintenant. Ses poings se serrèrent et il commença à battre des bras plus vite encore que le mouvement de ses jambes. Il inspira deux petites fois, expira longuement. Réinspira deux fois, expira longuement. C’était un processus qu’il utilisait lorsqu’il courait le matin, sa petite astuce pour éviter les poings de côtés. Jeune et endurant, le policier devait sa forme aux heures passés en sport chaque semaine, à se muscler ou à courir. Dire qu’au départ c’était juste pour plaire à sa belle, et c’est devenu au fil du temps quelque chose d’indispensable pour l’aider à vivre. Il n’était pas hyperactif mais s’il y avait un milieu entre cet état et l’état « normal », il y serait.

« Police ! » s’écria-t-il. Il ne comprenait pas, normalement quand quelqu’un entendait ça, il s’arrêtait ! Normalement on se rend aux autorités, on doit respecter les policiers. Cael ne se démonta pas, il allait lui montrer à ce malotru ! « Police, stop ! »
C’est fou que le bandit ne veuille pas s’arrêter. En même temps, s’il avait pris la fuite il n’allait peut-être pas se contenter de trois pas et puis se rendre. Le policier quant à lui ne comptait pas le laisser filer. Il ne ressentait aucune colère. À dire vrai l’adrénaline le comblait d’énergie et de joie, il se sentait bien et songeait très sérieusement à remercier ce fuyard pour cette course, une fois qu’il l’aurait attrapé. Bon, cela dit il restait encore à l’attraper. Que ferait Flash Gordon à un moment pareil ? Hum.

Il était temps pour le policier d’éveiller son Sharingan, et de faire appel à toute sa concentration pour tenir aussi vite et aussi longtemps que possible dans cette course. Il ne cherchait pas spécialement la grosse accélération tant que des virages ou des ombres laissaient la possibilité au sourd devant de bifurquer. Tant que l’environnement ne le lui permettait pas, il avait pour objectif de garder le cap et de ne surtout pas perdre sa cible de vue. Il ne faisait plus bien attention au paysage qui défilait autour de lui et, si l’homme connaissait très bien cette ville de jour, il était bien moins expert la nuit. Mais peu importe qu’il se perde, du moment qu’il tient son suspect avec lui ! Et si ce dernier allait l’emmener dans un piège rempli de malfrat ? S’il s’agissait d’un gang et que Cael fonçait tout droit à leur QG ? C’était une possibilité que le policier avait bien entendu envisagé, mais il voulait réellement prendre ce risque. Il serait tellement injuste qu’un criminel s’échappe, et que l’on voit la police comme quelque chose à qui l’on peut échapper ! Le policier ne veut pas d’une mauvaise réputation, il ne veut pas que l’on puisse penser qu’il suffit de le fuir pour qu’il lâche l’affaire. Il avait des choses à se prouver à lui-même mais aussi au reste du monde, s’il voulait être un héros un jour.
Alors il courait toujours, avec de grandes enjambées rythmées et organisées. Il mesurait chacun des virages qu’il devait prendre et gardait le cap si bien qu’il ne ressentait encore aucun point de côté. Il avait l’impression de pouvoir courir toute la nuit s’il le fallait ! Sa joie avait laissé sa place à une humeur concentrée et le doute était parti. Après tout ce chemin Cael n’avait plus le choix, il devait l’attraper. Peu importe les ruelles, peu importe les passants, peu importe les obstacles, il en était venu à un tel état de détermination qu’il se fichait totalement maintenant de tomber dans une embuscade. Il devait mettre la main sur ce délinquant ou sinon il ne se le pardonnerait pas ! C’est en ces moments si palpitants que l’homme était heureux d’avoir rejoint les forces de l’ordre.

Et puis une occasion se présenta. Une situation qui ne se réitèrerait peut-être pas, laissant place à une rue peu longue mais sans carrefour, et donc sans possibilité de changer subitement de direction. Pas d’échelles sur les côtés, seulement des portes d’appartements que le policier espérait fermées à clés. Il n’hésita pas une seconde et décida de ne pas laisser passer cette chance. Il passa en sprint, sa respiration devint alors bruyante et cette fois il sentit pleinement chacun de ses muscles pousser l’effort dans ses mollets, ses genoux, ses cuisses, ses hanches, ses bras, ses poings serrés, sa tête haute, il courait le plus vite possible et se rapprochait dangereusement du suspect. Encore quelques secondes, et il allait enfin l’attraper. Si Cael lui mettait la main dessus, nul doute qu’après l’avoir agrippé il s’aiderait de tout l’élan et de son poids pour plaquer le fuyard au sol et tenter de le maîtriser. Inutile de préciser qu'à cet instant précis, Cael avait des étoiles dans les yeux.
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MessageSujet: Re: Echappe-moi si tu peux. [Duncan]   Echappe-moi si tu peux. [Duncan] I_icon_minitimeLun 18 Mai - 23:27

Se foutre de la taule. Mais courir quand même. Par défi. Par jeu. Pour cracher toute la haine qu’il contenait encore à la face du monde. Duncan s’était toujours défini comme insaisissable, en-dehors des limites, en-dehors de toute notion de normes, de droit chemin. Il était un hors-la-loi. Et tout hors-la-loi qui se respectait ne consentait pas à faire demi-tour et à céder à la peur de l’autorité. Il devait s’armer, se renforcer de ses convictions, celles qui lui murmuraient qu’il n’avait aucun compte à rendre à une société abâtardie, une société de dégénérés. Quelque part, il se savait contaminé par elle, et cette idée le blessait plus que toute autre. Il aurait voulu s’absoudre complètement de ce bain de plasma, cette chose immonde qu’on nomme communauté, et sans laquelle les individus ne peuvent vivre, en toute vraisemblance. Besoin d’argent. Donc besoin de travail. Besoin de travail. Donc besoin de sociabilité. Besoin de sociabilité. Compromis. Tous les sourires, toutes les formules de politesse creuses et vides. Visqueuses. Il les connaissait par cœur. Il se refusait à les maîtriser comme il l’aurait dû. Chaque foulée, chaque mètre parcouru était un poing envoyé dans la figure de ces conventions auxquelles sa fierté avait dû se plier avec horreur. Il haïssait tellement ce monde, ses règles et ce cadre qu’on imposait toujours au peuple par crainte de le voir se répandre en actes répréhensibles. Il fallait punir, utiliser la Loi.
Et pendant ce temps-là, l’air sifflait à ses oreilles, agressif. Les rares individus qu’il croisait l’entendaient venir, se décalant de justesse pour ne pas se faire rentrer dedans, et heureusement pour lui. Dans l’état de quasi-transe qui était le sien, il n’aurait pu éviter de se les recevoir en pleine figure, et il ne pouvait se permettre de perdre du terrain. Par ailleurs, ses jambes commençaient à fatiguer. Il puisa dans toutes ses ressources, dans son énergie la plus vivace. Les dents serrées, les yeux froncés, perçant l’obscurité déjà trouée par les halos jaunâtres des lampadaires bordant l’avenue, il tentait d’oublier que ses poumons cendreux se mettaient déjà à suffoquer, peinant à trier l’oxygène ingéré pour le remplacer à un tel rythme par le dioxyde de carbone qui contribuait à empuantir leur atmosphère déjà souillée. Il tentait d’oublier que ses genoux protestaient chaque fois que les semelles de ses chaussures claquaient contre l’asphalte, répercutant tremblements et infimes traumatismes partout dans sa silhouette et infligeant une pression de plus en plus palpable contre les articulations fragilisées. Il tentait d’oublier que la plante de ses pieds le brûlait de frapper si fort ce sol dur, ce sol hostile, pour le projeter chaque fois un peu plus loin de son poursuivant.

Ce qui l’aidait à tenir, c’était les imprécations vaines de ce dernier, qui pensait sérieusement qu’en le hélant de la sorte il abandonnerait ses velléités de cavaleur pour courber l'échine et ainsi se livrer de bonne grâce à cette figure de l’autorité suprême. Mais qui était le plus fou des deux dans l’histoire, alors ? Lui aurait-on menti ? Une arrogance relevant de l’évidence la plus entière lui permit de résister à la tentation de se retourner. Néanmoins, au-delà de l’ironie de la situation, celle-ci ne manquerait pas de devenir critique si son errance ne s’achevait pas bientôt sur une stratégie plus affûtée que la simple fuite en avant. Il devait trouver le moyen de se fondre dans un décor plus efficace, plus… salvateur qu’une simple rue qui le livrait aux regards des badauds et du policier. Cours toujours. Les flics, il les connaît bien. Il a passé des années à repérer leurs méthodes pour traquer un criminel. C’est presque devenu une relation amoureuse entre eux et lui. Il les a observés, stalké comme on dit maintenant. Il s’est instruit auprès des matons en taule, auprès de ses co-détenus lors de rares conversations bénéfiques. Il s’était documenté, avait lu les journaux et regardé la télévision, décortiqué les documentaires et autres enquêtes concernant les centaines de « tarés » qui mettaient à feu et à sang ces chers États-Unis d’Amérique. God bless you. I fuck you. Ce n’était pas ce pays de bouseux qui allait lui donner des leçons d’humanisme, d’humanité. Les flics de ce continent étaient les pires. Les plus violents, mais également les plus retors. À force, Duncan avait la sensation d’un jeu du chat et de la souris éternel, une pièce de théâtre mille fois rejouée, mais avec un plaisir intact. Parfois on changeait les noms des personnages et les décors « pour faire plus vrai ». Mais le résultat était le même.

Néanmoins, tout sembla s’accélérer. Derrière lui, l’Anglais compris que son adversaire venait de mettre les bouchées doubles. Or, son corps malingre et les carences accumulées pendant des années ne lui permettraient pas de faire le poids face à lui. La lucidité de l’instant le frappa impitoyablement, comme bien souvent dans ce genre de péripétie particulièrement périlleuse. Le tueur comprit que l’affrontement serait inévitable.
Il finit par se retourner. Une fois. Puis freina avec une violence dangereuse. Le choc, né de la rencontre de leurs deux silhouettes, fut impressionnant, et Duncan ne put retenir un cri qui se répercuta sur les parois des immeubles adjacents. Il se sentit projeté quelques mètres plus loin, comme une bille de flipper se prend de plein fouet un ressort ou un recoin, stoppé net dans sa course éclair. Il tomba sur la hanche, qui lui envoya une décharge de douleur. La chair avait probablement dû ripper contre le tissu, et il devinait sans peine l’écorchure qui en avait résulté. Un grognement hystérique, inhumain, monta dans sa gorge, le poussant à se redresser sur ses bras tant bien que mal et à ramper sur les genoux quelques instants pour s’éloigner de l’homme qui ne manquerait pas de vouloir gâcher sa vie une nouvelle fois.

No. Fucking. Way.

Il ripa, manqua de s’étaler et se redressa de justesse, s’attendant à tout moment à sentir une solide paire de bras le plaquer face contre à terre, l’immobiliser et lui passer les menottes. Il s’en fallut probablement de peu, mais Duncan parvint à retrouver un contact à peu près correct de ses chaussures contre le pavé et pivota pour faire face comme du gibier acculé. Dans son dos, le béton. Devant lui, un type extraordinairement jeune. Bien plus jeune que lui, au point qu’il se demandait s’il possédait réellement une carte de flic malgré son uniforme pimpant. Avec sa mine de jeune premier, il ressemblait plus à un acteur déguisé qu’à un véritable agent en service. La surprise s’afficha probablement sur son visage, vite remplacée par une moue goguenarde. Il n’avait rien à perdre, à ce stade. Plus rien. Le manche de sa lame de boucher se retrouva dans sa paume. Si Helena avait pu contempler son frère à cet instant, elle ne l’aurait probablement pas reconnu. Un éclat de démence luisait dans ses prunelles, déformant ses traits. Ses mèches brunes couvraient son front, une partie de son œil droit, le révélant dans tout ce qu’il avait de plus indompté, de plus in-civilisé.

« Flic… Un flic… »

Un rire éclata, bien vite tué dans l’œuf par une toux infâme qui manqua de le plier en deux. Il s’aperçut qu’il ne respirait qu’avec peine, et que son souffle sifflait lorsqu’il allait et venait, de sa cage thoracique à ses lèvres.

« J’ai pas encore planté de flic dans ma vie… »

Il se foutait bien que l’autre ait un 9mm à la ceinture.
Il se foutait même qu’on lui tire dessus dans un souci de légitime défense.
La provocation était son art, l’excès son vice. Il brandit la lame, au fil acéré et avide d’un sang qui n’avait pas coulé devant lui.

« Ça te dirait qu’on fasse mentir les statistiques, toi et moi ? »


Dernière édition par Duncan C. Wheeler le Mar 19 Mai - 9:10, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Echappe-moi si tu peux. [Duncan]   Echappe-moi si tu peux. [Duncan] I_icon_minitimeMar 19 Mai - 1:51

Il avait rarement autant apprécié la nuit que cette fois-là. Cael passait l’un des moments les plus fous de sa jeune vie et il n’arrivait pas à ressentir une seule émotion négative. Peut-être était-ce aussi le cas du suspect qui avait déclenché la poursuite, peut-être pas. Le policier était pourtant conscient qu’il s’agissait là d’une situation insolite qui n’avait rien de réjouissant et qui présageait peut-être une mauvaise fin à l’un des deux protagonistes. Ou bien il ratait sa cible et rentrait bredouille, malheureux, honteux, triste. Ou bien il l’attrapait et c’est l’autre qui finissait perdant, emprisonné et seul dans un lieu clos qui sera la cellule de garde à vue. Le dessinateur se demanda sincèrement s’il devait forcément y avoir une de ces deux fins, et s’il n’existait pas une troisième alternative qui rendrait grâce aux efforts des deux coureurs en leur accordant un happy end à chacun.
C’est en se rapprochant dangereusement de ce complice de la nuit que le policier se sentir soudainement redescendre sur terre. Mais bon sang, il était en train de poursuivre quelqu’un et ce quelqu’un était peut-être un criminel. Lui était un policier, l’autre était un bandit, ils étaient donc ennemis ! La notion de danger commença à apparaître en tout petit dans son esprit, pas au point de l’en inquiéter mais elle était désormais bien là. Cet homme qu’il poursuivait n’était plus ce « copain de course » mais devenait progressivement un suspect qui avait peut-être fait quelque chose de très grave pour avoir décidé de prendre la fuite face au policier. Le brave toutou se rendait compte que sa baballe se déchirait, et qu’une épaisse couche de pourriture lourde et parasitaire en sortait par tous les pores. Peut-être devrait-il cesser de jouer avec.

Duncan avait fait volte-face et Cael ne s’y attendait pas. Le choc eut bien lieu, il y mit son élan et son poids comme prévu, mais la mise en forme de son plaquage prit une tournure bien différente, plus involontairement violente et surtout non contrôlée. À l’académie, on lui avait appris certaines techniques pour maîtriser un individu potentiellement dangereux. Mais on ne lui avait pas appris à réagir lorsque le toréador se rendait alors que son taureau était à quelques secondes de lui, trop lancé pour pouvoir freiner à temps. Et PAF, ça fait des chocapics ! Evidemment, Cael chuta lui aussi et le grand dadet limita les dégâts à l’aide de ses avants bras désormais écorchés. Il sauva particulièrement son menton qui se logea juste entre ses deux poignets, freinés par ceux-ci et indemne à seulement deux centimètres du sol. Cael n’en était pas à sa première chute ni à ses premières blessures, il eut une grimace parce qu’il s’était mordu la lèvre et qu’il saignait, mais le goût du sang lui rappela qu’il n’était pas seul dans l’histoire et, surtout, qu’il n’était pas dans un centre sportif en train de cogner un punching-ball. Il plia un genou et d’une seule jambe se souleva pour se redresser aussitôt. Il savait que son adversaire avait aussi perdu l’équilibre, du moins c’est ce qu’il avait pu constater non seulement par le cri qu’il avait poussé mais surtout parce que le policier avait chargé comme un bétail. Il balaya la scène autour de lui pour poser ses yeux sur sa cible qui tentait de prendre la fuite à genoux. Et dans sa tête, il sut qu’il devait aussitôt passer à l’offensive.

Par chance, un généreux lampadaire lui offrait tout ce qu’il avait besoin de voir sur la position des jambes et des bras de sa cible en dessous. Cael ne se fit pas prier et lui sauta dessus en tentant de mettre en pratique ce qu’on lui apprit à l’académie : à savoir mettre le suspect face contre terre afin de l’immobiliser et de pouvoir lui passer les menottes. À dire vrai, Cael n’avait jusqu’alors pas vraiment eu l’intention de le menotter. Il partait du principe que si l’autre se sentait capable de parler sans chercher à fuir ni à se battre, le policier ne lui infligerait pas l’humiliation de l’attacher dans le dos. Toutefois, le sujet était plus que récalcitrant et le jeune garçon comprenait qu’il allait peut-être être obligé de sortir sa paire de menottes, paire encore toute neuve qui jusqu’ici ne servit qu’une seule fois le mois dernier et c’était pour l’attacher lui. Au lit, par Lily... Mais heu... passons.
Seulement là encore, le bandit faisait tout pour faire capoter les intentions du policier. Il avait fait rater le plaquage, et avait maintenant réussi à se retourner. Cael était donc à cheval sur lui à chercher un dos qui était en fait un ventre, et il le comprit en croisant le regard de son doux interlocuteur et en ayant la présence d’esprit de ne pas croire que c’était un homme hiboux. La seule conclusion que put en tirer le policier fut *oulah, il n’a pas l’air content.* Toutefois il n’en était pas intimidé, car maintenant qu’il était parti pour essayer de le maîtriser il ne comptait pas s’arrêtait avant de l’avoir au moins calmé.

Bon l’étape plaquage et l’étape maîtrise étant à peu près passées, il fallait passer à l’étape suivante de l’intervention. Et cette étape était la fouille corporelle afin d’extraire toute arme ou objet pouvant éventuellement servir d’arme de l’individu. Cael commença donc par une fouille du regard, et c’est comme ça qu’il vit quelque chose de quand même vachement pointu comme… un couteau ??! le pire c’était ce geste pré-agressif ou bien cet air de psychopathe que le bandit faisait ? Cael ne comprenait pas ce qui pouvait pousser cet individu à se comporter ainsi, alors que c’est lui qui avait pourtant commencé les hostilités. Un rire interrompu, mais qui eut le temps de faire frissonner le dos du policier.

« J’ai pas encore planté de flic dans ma vie…
Ça te dirait qu’on fasse mentir les statistiques, toi et moi ?
»
« Non mais ça n’va pas ?! » s’écria le jeunot qui, au lieu d’attraper le poignet qui tenait le couteau, balança son poings et frappa ce poignet probablement dans un élan de survie. Ce n’était pas tant la peur qui lui dictait sa conduite, sinon Cael aurait probablement lâché le bandit et se serait éloigné. Mais plutôt de l’indignation devant ce manque de respect évident alors que lui, de son côté, était prêt à faire des efforts en l’honneur de cette course épique qui lui avait fait tant de bien ! Non vraiment, il ne comprenait pas cet homme. Après le coup partit tout seul sur la main armée de l’agresseur, Cael ne sut pas exactement s’il avait réussi à l’éloigner, lui faire lâcher son arme ou non mais il préféra ne lui laisser aucun répit. Tandis que les genoux du policier venait s’appuyer sur les hanches du criminel pour le garder au sol, ses mains eurent pour objectif d’attraper chacune un poignet adverse et de les maintenir contre le sol afin de maîtriser pour de bon tout en récitant son petit spitch qui lui faisait rappeler qu’il n’était pas là pour la bagarre et qu’il ne devait pas oublier de rester juste et professionnel puisqu’il était en service.
« Je vous. Mfff.. j’vous arrête pour.. mff raah je vous arrête au nom de la loi et vous avez le… raah vous avez le droit de garder le silence mais arrête de bouger nom d'un lapin ! »
Heureusement que le policier avait une carrure et de l'entraînement pour les activités physiques. Il ne devait probablement sa survie qu'à ça parce qu'en matière de cellule grise, son suspect devait être environ dix crans au dessus.
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MessageSujet: Re: Echappe-moi si tu peux. [Duncan]   Echappe-moi si tu peux. [Duncan] I_icon_minitimeDim 26 Juil - 2:53

L’autre le chevauche. Chevauche la bête indomptée qui se cabre, ou du moins qui essayer, malgré le poids qui le cloue à terre. C’est une pression physique qui le rend fou. La sensation d’être touché contre son gré est trop violente pour lui à encaisser. Il aimerait hurler à la mort, lui hurler de le lâcher jusqu’à ce que l’autre se sente paralysé par une peur ancestrale, une peur de l’immonde, de l’inconnu dégoulinant et visqueux. Il ne pouvait pas comprendre, Lui. Probablement avait-il une jolie femme. Un joli appartement. Peut-être même qu’elle était enceinte. Prête à livrer au monde un monstre de plus. Une pisseuse. Un chiard. Et lui serait tellement fier à se pencher au-dessus du berceau pour contempler le fruit de ses coups de reins. Une vie de merde. Une vie comme celles des milliers d’Américains qu’il haïssait, ceux qui bouffaient des chips, de la merde, vautrés sur leur canapé bien plastifié pour éviter d’en salir les motifs laids à vomir, et en famille de préférence. Ces milliers d’Américains hypnotisés devant leur dernier téléviseur, écran plat incurvé s’il vous plaît, qui avait coûté l’équivalent de deux mois de salaire, mais qui permettait au moins de ressentir une sensation de bonheur en carton quand on regardait tous le Superbowl avec pop-corn et bière à portée de main. S’il avait pu lui arracher les yeux de ses doigts nus maintenant, il l’aurait fait. Rien ne l’aurait arrêté. Rien ne l’aurait dégoûté. Son rire augmenta en intensité, éclata plus fort devant la surprise et l’écoeurement du flic. Oh si. Ça va très bien. Je me demande si je pourrais te retourner la question. Une douleur cueillit son poignet, l’empêchant d’ouvrir la bouche à temps. Sous le choc, il lâcha la prise sur la lame qui lui échappa dans un grognement de dépit. La pression s’accentua, refermant son étreinte mortelle, coinçant son torse, son thorax. Le rendant malade d’impuissance. Il se fit écarteler, clouer contre le bitume comme un papillon dans le cahier bien tenu d’un sadique pervers et psychotique. Papillon de nuit. Moins beaux. Mais plus résistants, plus coriaces. Des petites teignes qui se battaient pour survivre depuis leur éclosion jusqu’à leur dernier souffle invisible.

« Ta gueule… Personne m’arrête, tu m’entends ?! PERSONNE ! »

Sa poitrine haletait comme s’il avait couru un marathon, ce qui était presque le cas à ses yeux. Ses yeux affolés roulaient dans leurs orbites. À droite, à gauche, vers le bas, vers le haut. Ils évitaient de tomber sur le visage du bellâtre autant que possible. D’impuissance et de rage, il tenta de s’arquer en forçant sur ses reins à s’en briser une vertèbre.

« LACHE-MOI ! LACHE-MOI CONNARD ! LACHE…-MOI ! »

Ça ne pouvait pas finir comme ça. Ça ne pouvait pas. Vite, réfléchir. Duncan avait suffisamment prouvé la valeur de son intelligence en trompant le FBI à plusieurs reprises pour finir par se faire avoir par le premier bleu sorti de l’école il y avait quelques mois à peine. Petit à petit, il se calma. Il se calma et tâcha de maîtriser le rythme de ses inspirations et expirations, comme de calmer le ton de sa voix. La rendre moins hystérique. Plus humaine. Se plier à la société. Encore.

« S’il… S’il vous plaît… Lâchez-moi… J’ai juste bu un coup de trop… Juste… J’ai pas… »

Helena. Va-t’en. Maintenant. Ne les laisse pas te reprendre pour complicité d’évasion. L’urgence de la situation était comme un poison qui ravageait ses veines sans pitié, brûlant tout sur son passage. Il ne pouvait pas laisser faire ça.

« J’ai pas mes papiers… J’ai eu peur… »

Alors il s’obligea. Il s’obligea à plonger ses iris verts dans ceux d’un bleu éclatant du policier. Il vint y chercher toute la compassion que le jeune homme pourrait éprouver à son égard. Il avait toujours été doué pour susciter ce sentiment de… vulnérabilité. Sa minceur. L’absence de musculature prononcée. La jeunesse de ses traits qui lui conféraient quelques années de moins. Qui lui donnaient l’air d’un gamin trop vite vieilli.

« Je suis désolé… Désolé… M’emmenez pas au poste. Je ferai ce que vous voudrez, mais m’emmenez pas au poste. »

C’était tout ce qui comptait. Gagner du temps. Retarder l’échéance. Ne pas passer par la case prison. Il n’avait pas menti en affirmant n’avoir guère ses papiers sur lui. Et il suffirait d’un simple contrôle d’empreinte digitale pour que la magie des ordinateurs derniers cris fasse le reste et ne lui assène une condamnation définitive, irrévocable. Il n’y aurait pas de seconde évasion possible alors. Ce serait bel et bien la fin. Peut-être pourrait-il l’acheter ? Duncan avait appris en prison que tout avait un prix. Même lorsqu’on ne s’y attend pas. Les hommes sont si aisément corruptibles. Il suffisait d’appuyer sur le bon bouton.

« J’m’appelle Duncan… J’ai vraiment oublié mes papiers, c’est pas de la blague, ils sont chez moi… Vous pouvez même aller vérifier chez moi s’il le faut mais pas le poste… »
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MessageSujet: Re: Echappe-moi si tu peux. [Duncan]   Echappe-moi si tu peux. [Duncan] I_icon_minitimeDim 26 Juil - 12:07

La panique gagnait ce suspect, si bien que Cael ne tenta même pas de finir son spitch professionnel. Le policier n’arrivait pas à comprendre la réaction de cet homme qui lui semblait si démesurée. À dire vrai elle pourrait être celle d’un tueur en série mais ce serait une coïncidence bien trop forte, et puis cette personne ne ressemblait pas à un tueur en série, selon le naïf dessinateur. Au ton de cette voix forte et injurieuse, le garçon culpabilisa d’y avoir peut-être été trop fort et de lui avoir fait mal, ce qui expliquerait selon lui les cris. Pourtant il ne desserra pas ses prises car Cael n’avait pas droit à l’erreur, et il n’oubliait pas que son suspect l’avait menacé d’une lame quelques secondes plus tôt. Une lame qui aurait pu finir dans son thorax, sa gorge, ses bras, son estomac, son cœur… Toute notion de jeu était en train de quitter l’enfant afin que l’adulte prenne les choses en main. Le policier ne put réprimer un haussement de sourcil quand l’autre lui affirma que personne ne l’arrêtait. La preuve que si puisque Cael le pouvait ! Enfin, selon lui. Est-ce que le policier allait vraiment le faire ? C’était une autre histoire. Le bleu n’était plus très sûr de ce qu’il faisait, et si c’était bien ou non. Il se répétait inlassablement qu’il s’agissait d’un suspect ayant pris la fuite devant un policier, et ayant également menacé ce dernier avec arme blanche. Ces raisons étaient suffisantes pour que Cael le maîtrise avec force, en dépit des cris du « bandit ». Car d’un point de vue extérieur, la scène pouvait ressembler à un criminel qui martelait une victime…

« Calmez-vous ! J’vais pas vous faire de mal, calmez-vous ! » tentait désespérément mais sincèrement Cael alors qu’il maintenait les poignets de l’accusé contre le sol. Ses genoux s’étaient enserrés autour du corps de l’agité parce qu’il fallait absolument l’apaiser par tous les moyens possibles. Cael n’avait pas peur pour sa vie, en revanche il était nerveux à l’idée de devoir faire quelque chose mais de ne pas trouver la bonne solution. Il ne voulait pas l’assommer, le blesser ni le laisser partir. Il serra la mâchoire la mâchoire et se concentra sur la pression qu’il exerçait sur l’homme en face pendant que ce dernier crachait ses dernières expirations violentes. Cael se rendait compte qu’il forçait entre ses genoux et craignait réellement d’y sentir un os craquer. Il ne disait plus rien pour ne pas attiser la colère de l’autre, mais pensait très fort *Je t’en supplie arrête –toi, arrête –toi. * Son visage trahissait son inquiétude. Le souhait de Cael fut exaucé à une vitesse pour le moins surprenante.

Il sentait le corps sous lui se détendre sur de très fortes inspirations. Le policier ne relâcha pas tout de suite la pression car s’il était un bleu, il connaissait toutefois la technique du « je fais semblant d’être mort pour frapper mon adversaire lorsqu’il me lâche ». Les paroles qui suivirent étaient tellement moins colériques qu’il eut l’impression de s’adresser à quelqu’un d’autre. Et ces paroles touchèrent le policier.
« Faut pas réagir comme ça, m’sieur. » finit par dire Cael d’une toute petite voix et en se mordant la lèvre déjà ensanglantée. Il était profondément affecté par les dires, la voix et le regard de son interlocuteur. En dépit de sa puissance physique, le cœur du policier était une guimauve tellement facile à atteindre qu’il ne fallut pas longtemps à ce dernier pour fondre de compassion et de culpabilité. Cael soutint le regard qu’il avait cherché à croiser, comprenant qu’à partir de maintenant il allait relâcher son attention et c’est tant pis. Cet homme ne voulait tellement pas finir au poste qu’il semblait prêt à tout, y compris à donner à son bourreau un pouvoir sadique sous ces termes « je ferais ce que vous voudrez. » Mais Cael n’était pas quelqu’un de sadique, et il n’y voyait pas là une opportunité. Il passa sur ces paroles en soupirant et en fermant les yeux une demi-seconde. Bon, il avait pris sa décision, et il n’allait pas conduire cet homme au poste. Il était peut-être faible, mais il ne voulait pas attirer d’ennuis à l’homme après l’avoir plaqué par terre et maîtrisé. Toutefois il ne le relâcha pas tout de suite. Cael maintint son étreinte encore quelques instants parce qu’au moment où il allait le libérer, il tourna la tête et aperçut la lame sur le sol. Cet homme l’avait quand même menacé et bien que maintenant le policier pense qu’il ne l’aurait pas planté, menacer un agent des forces de l’ordre n’était franchement pas conseillé.
Cael ne croyait pas en l’histoire d’alcool. Il avait arrêté beaucoup de personnes en état d’ébriété depuis son entrée dans la police et avait côtoyé d’assez près son interlocuteur pour ne pas sentir d’effluve d’alcool. Toutefois, il pensa que cette excuse d’alcool dissimulait simplement une autre forme de drogue, illégale, qui l’avait mis dans cet état. Il était tiraillé entre la compassion et la réflexion. Son cerveau lui rappelait le couteau, son cœur défendait la condition de ce dénommé Duncan. D’ailleurs, se présenter au policier avait donné un sacré coup de pouce dans le choix de ce dernier. On se sent toujours plus proche de quelqu’un dont on connaît le prénom. Il céda.

Les doigts de ses mains s’écartèrent et il libéra d’abord les poignets de son gibier. Puis ses genoux se desserrèrent et en moins de deux le policier était déjà debout, la tête balançant de gauche à droite pour étirer sa nuque. Il osa tourner le dos à la personne pour aller chercher le couteau d’une démarche lente et assurée et, lorsqu’il se pencha pour ramasser l’arme – qu’il ne comptait bien évidemment pas rendre à son propriétaire – il murmura d'une voix grave.

« Je vous ramène chez vous monsieur Duncan. »

Inutile de sermonner l’autre s’il n’était pas dans un état sobre. Les leçons étaient pour les gens qui avaient toutes leurs capacités et qui n’étaient pas sous l’emprise de quoique ce soit. Le policier n’allait pas laisser repartir cet homme s’il avait un comportement dangereux. Puisqu’il avait pris la responsabilité de ne pas l’emmener au poste, alors il assumera ce choix jusqu’au bout et non seulement il le ramènera chez lui, mais en plus il surveillera depuis sa voiture le lieu où vit Duncan toute la nuit s’il le fallait, afin d’être certain de ne pas le voir ressortir.
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Echappe-moi si tu peux. [Duncan]
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