I only have eyes for You [PV Duncan]



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 I only have eyes for You [PV Duncan]

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MessageSujet: I only have eyes for You [PV Duncan]   I only have eyes for You [PV Duncan] I_icon_minitimeVen 28 Nov - 12:11

Les phares de la Harley s'avançaient lentement dans la rue déserte, faiblement éclairée. Je desserrais mon étreinte de mon accompagnateur.

- C'est bon tu peux t'arrêter là !

Le ronronnement du moteur s'arrêta aussitôt. On n'entendait plus que la rumeur de la ville somnambule qui s'élevait de la rue adjacente. Le conducteur ôta son casque, laissant s'échapper ses mèches blondes folles, et le posa sur sa machine. Je lui tendis le mien et me recoiffais d'un geste de la main.

- Alors c'est là chez toi ?


- Oui quelque part par ici ...

Je désignais la rue d'un geste vague de la main tandis qu'il posait un pied à terre. Un sourire plein d'espoir animait ses traits.

- Tu m'invites pour un dernier verre ?

Le demande était évidemment accompagnée d'un rapprochement manquant cruellement de subtilité, destiné sans nul doute à me convaincre du bénéfice que j'en retirerai. Ma main se posa calmement sur son torse dans le but de le repousser gentiment.

- C'est non Josh. Je t'avais prévenue, je ne laisse entrer personne. Mon frère est là. Raison de plus, il n'en est pas question.

Je pensais le ton de ma voix sans appel, il ne l'entendait pas de cette oreille. Obstination quand tu nous tiens ...

- Et alors ? Tu as bien une chambre à toi non ? Et puis rien ne m'empêche de faire sa connaissance ...

Je le dévisageais à moitié amusée, à moitié frissonnante d'horreur. Oui tu as tout à fait raison Josh, pourquoi ne pas faire connaissance avec mon grand frère, l'équivalent du grand méchant loup si on vivait dans un conte de fées, vas y ! Va lui serrer la main tant qu'il t'en reste une et tant que tu y es dis lui que tu comptes te taper sa petite soeur ! Moi je reste en retrait avec mon paquet de pop corn et je compte le nombre de minutes qu'il te reste avant qu'il ne t'étripes. Il va sans dire que je fermerais les yeux sur tout ceci puisque je t'avais prévenu. Je sais j'ai oublié de te dire que mon frère est un psychopathe à la retraite à l'équilibre si fragile ... mais sache Josh que quand une fille dit "non tu n'entres pas" ça veut dire "non tu n'entres pas". Vraiment. Allez ne boude pas c'est pour ton bien.

Je lui adressais un grand sourire, ignorant superbement ses dernières paroles sans aucun intérêt. Cet homme ne se rendait pas compte que je lui sauvais la vie ?!

- De toute façon il est très tard, je dois aller dormir.

Il soupire. Enfin vaincu. Il n'aura pas été si difficile à dissuader finalement. J'en ai connu des plus coriaces.

- Tu me rappelles ?

- Pourquoi pas ...

Réponse lâche. Autant lui dire "non" directement bien sûr. Sa grimace m'indiqua qu'il n'était pas dupe. C'était mieux ainsi.

- D'accord ... Un dernier baiser dans ce cas ?

Je n'y voyais aucune objection. Je m'approchais donc et pressais mes lèvres contre les siennes, chaudes et humides. Un échange standard de salives avant qu'il ne reparte sur son destrier motorisé.

Plus qu'une trentaine de mètres me séparaient du numéro 138 et de Duncan. Je les franchis d'un pas rapide, mes talons claquant sur le sol. Josh et sa moto étaient déjà loin dans mon esprit quand j'arrivais devant la porte. La lumière filtrait à travers les volets clos. Zut. Evidemment, Duncan ne s'était pas couché. Il ne dormait pas. Il m'attendait.
Je n'avais plus qu'une chose à faire : paraître le plus naturelle et dégagée possible et ouvrir la porte.

- Bonsoir !

Le ton de ma voix était un peu trop enjoué. Après tout, suis-je vraiment à blâmer ? Même les meilleurs comédiens commettent des erreurs d'interprétation ! Je me débarrassais de ma veste et de mes bottes en cuir, et les rangeais soigneusement dans le placard. London, qui m'avait entendu rentrer bien entendu, trottina vers moi silencieusement. Il frotta son petit museau à mes collants pour saluer mon arrivée, me chatouillant au passage. Je me baissais pour le gratifier de quelques gratouilles. Un orphelin comme nous. Je l'avais trouvé derrière des poubelles, minuscule et mourant de faim. Cette petite boule de poil noire serait passé complètement inaperçu si elle n'avait pas tant miaulé à mon approche. Je ne pouvais décemment pas le laisser là. L'expression de Duncan était difficile à décrire quand il m'a vue débarquer avec ses deux petits yeux pelotonnés sous mon blouson. Je pris London dans mes bras, comme un bouclier puis quittais le vestibule direction la pièce à vivre. Duncan m'attendait bien sûr. Je feignis la surprise, pour dissimuler mon anxiété.

- Tu es là ! Tu ne dors pas ?
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MessageSujet: Re: I only have eyes for You [PV Duncan]   I only have eyes for You [PV Duncan] I_icon_minitimeMar 2 Déc - 23:21

La lumière laissée à son strict minimum, Duncan s’était pelotonné au fond du canapé. Cheap mais confortable, il ne leur avait rien coûté, étant donné que le précédent locataire le leur avait abandonné sans regret. À moitié allongé, un coussin calé sous sa joue pour adoucir le contact avec l’accoudoir, il observait en diagonale Fox Mulder se débattre comme un beau diable aux côtés de Dana Scully. C’était la soirée marathon X-Files de la semaine, et il avait toujours bien aimé cette série. Elle rassemblait une communauté de fans hallucinante à laquelle il n’appartenait pas, mais qui avait tout son respect, puisqu’elle avait au moins pour mérite de pointer du doigt une bonne partie des mystères de ce monde. À ses yeux, le propos était pertinent. Certes enjolivé et exagéré régulièrement pour plaire aux inaltérables adeptes du fan-service, mais le tout était parfaitement correct et adoucissait au moins le vide qu’Helena ne comblait plus. Il était tard. Il ne comptait d’ailleurs plus le nombre d’épisodes qu’il s’était farci depuis le début de la soirée. Sur la table basse devant lui, un bol de soupe vide. Rien d’autre. Il savait que ce n’était pas avec ça qu’il se remplumerait, mais il s’en foutait bien. La bouffe et lui, ça faisait deux. Il n’aimait ni cuisiner, ni que l’on cuisine pour lui. Il ne mangeait ce que sa sœur lui préparait que pour lui faire plaisir, se forçait même parfois à avaler alors même qu’il aurait largement préféré le contraire. Depuis qu’il travaillait chez McDo, ce phénomène s’était d’ailleurs aggravé. Plus il servait, plus les jours passaient, plus un dégoût profond le saisissait contre la nourriture. Il détestait cette part animal chez l’homme. Ces besoins primitifs. Se nourrir, dormir, se vider, recommencer le lendemain. Un cycle sans fin, détestable. Une perte de temps inouïe.
Il s’étira pour atteindre son antique téléphone portable et ainsi jeter un coup d’œil à l’heure, n’ayant pas la force de se retourner pour vérifier sur l’horloge murale. Non seulement il ne présentait aucun message de sa cadette, mais il ne faisait que confirmer cette détestable impression : elle aurait déjà dû être rentrée depuis une éternité. Essayant de refréner son angoisse, il se rallongea en ramenant davantage ses membres contre lui, respirant profondément. Se fixer sur cette histoire « d’intra-terrestres » restait la meilleure solution. Une petite boule de poils noirs sauta contre ses chevilles, longeant sa silhouette jusqu’à se poster à sa hauteur. Seuls les iris de Duncan bougèrent, rencontrant leurs homologues félins dans un sourire amical. Les moustaches qui frôlèrent sa joue le firent rire silencieusement. Son index se tendit, tapota le museau pour mieux suivre la ligne remontant entre les oreilles soyeuses. Il ne regrettait pas d’avoir accepté la demande enfantine d’Helena. Un chat de ce genre lui convenait bien. Il leur ressemblait. Sans famille, saccagé par le monde du dehors qui ne lui avait rien épargné. Lui, en revanche, pouvait se targuer d’avoir repris quelques kilos bien mérités.

London s’échappa en entendant la porte s’ouvrir puis se refermer. Aussitôt, les traits du jeune homme se durcirent. En silence, il déplia son corps dégingandé pour se relever, sentant ses genoux gémir sous l’effort. Il détesta ce « Bonsoir ». Il était faux. Terriblement faux. Du genre « Ne m’engueule pas, ce serait bien si on faisait comme si de rien n’était, comme d’habitude ». Sauf qu’il ne se sentait pas comme d’habitude. Les semaines de frustration s’accumulaient, de toutes sortes. La pression devenait lourde à porter pour ses seules épaules.
Quand elle parut, belle comme un cœur, quelque chose se froissa en lui. Les émotions trop fortes provoquaient toujours la même chose. Il avait mal à l’intérieur. Une douleur infime, subtile et délicate qui le dépassait et lui donnait envie de presser son torse de sa paume, dans l’espoir de soulager ce qui le tailladait ainsi à la vue de sa sœur. Ses prunelles vacillèrent, la couvrirent de la tête aux pieds. Oui, elle était belle. Une splendeur fragile qu’il ne voulait pas voir lui échapper. Il en prenait conscience toujours davantage. La savoir dans les mains d’un autre lui devenait insupportable. Lentement, il se rapprocha, jusqu’à se trouver face à elle. Il la dépassait nettement et dut se baisser pour déposer un baiser au coin de ses lèvres, respirant une odeur masculine qui le crispa plus encore.

« Comme tu peux le voir. »

Sa voix était sèche, mais pas rugueuse au point de couper net à tout dialogue. Le jugement émanait de chaque syllabe. De la façon dont il la couvait du regard. De l’inspiration pénible qu’exhalait ses poumons.
Tu me fais mal, Helena.

« Et toi tu rentres tard. Beaucoup trop tard. »

Il ne consentit à reculer que pour récupérer ses cigarettes anglaises, tradition oblige, en coinçant une entre ses lèvres le temps de l’allumer, posément. Tirant une longue bouffée, il continua de la contempler à travers la fumée. Et cette douloureuse sensation ne s’en allait toujours pas. Il crut même qu’elle s’accroissait.

« Je veux que tu arrêtes. »

Il baissa la tête, fixant le parquet ondulant par endroit, vieux et qui craquait en permanence sous leurs pas.

« Je ne vis plus, quand tu sors comme ça. Tu te barres. Je sais pas avec qui. Je sais pas où. Comment. Ni jusqu’à quand. Alors j’aimerais que tu arrêtes. »

Il croisa les bras contre son torse, la colonne vertébrale hurlant en vain à ses nerfs de se détendre.

« Pourquoi tu me fais ça… ? »
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MessageSujet: Re: I only have eyes for You [PV Duncan]   I only have eyes for You [PV Duncan] I_icon_minitimeMer 3 Déc - 15:20

Je ne savais pas exactement pourquoi mon frère demeurait sur le canapé à regarder des rediffusions de séries à la télévisions, bien qu'il soit mort de fatigue, en témoignaient ses cernes infinies et ses yeux embrumés. Ceux-ci me détaillèrent d'ailleurs de pied en cap, d'un regard que j'interprétais aussitôt comme désapprobateur. Ma jupe qu'il jugeait sans doute trop courte, mes collants trop transparents, ma chemise trop décolletée ... Si je m'en tenais à ses seuls goûts vestimentaires, je passerai aisément pour une de ces jeunes filles si éperdument amoureuses de Dieu qu'elles lui consacrent leur vies. Je me doutais de l'inquiétude que pouvaient lui causer les heures défilant sur le cadran sans nouvelles de ma part, mais je soupçonnais d'autres raisons.

Comme il s'approchait de moi, me donnant son chaste baiser je me fendis d'un sourire un peu triste. Le ton de sa voix laissait clairement entendre qu'il n'y aurait pas de faux semblants ce soir. Je ne pouvais pas lui en vouloir. J'étais moi même fatiguée de faire semblant, de stresser en rentrant en me demandant s'il serait sur le pallier à m'attendre les bras croisés. Mais je n'entrevoyais aucune alternative pour briser les vitres qui continuaient de nous séparer bien loin des murs de sa prison.

- Je rentre tard, je sais.

Simple constat mais que lui dire d'autre ? Je ne lui ferais pas l'affront de lui raconter des histoires. Ça ne nous rendrait pas service. J'ai toujours préféré le silence à un mensonge, même minuscule. Je me contentais seulement d'ajouter :

- J'avais besoin de me changer les idées, j'ai accompagné Sandra à une soirée. Je n'ai pas vu l'heure passer.

Inutile d'ajouter que si ma collègue, Sandra m'avait effectivement demandé de l'accompagner, elle avait quitté la soirée depuis plus de deux heures déjà, à cause d'un mal de tête tenace. Je n'allais pas quitter la soirée pour autant, je m'amusais bien. Evidemment je savais que tout cela ne m'excusait en rien. Bien sûr que je n'avais pas à m'excuser de vivre. J'allais m'installer sur le canapé, le chat s'échappant de mes bras pour aller vaquer à ses occupations. Les affaires des humains ne le regardaient pas, même s'ils le nourrissaient plutôt bien. Les genoux serrés l'un contre l'autre, je laissais choir mes mains sur eux. Je relevais les yeux vers les petites volutes de fumée qui s'élevaient doucement de la main de Duncan. Que j'arrête. Pour devenir aussi grise et terne que cette fumée ? Pour devenir folle à force de ressasser ce que je m'efforce d'oublier ? J'étais toute ouïe, j'écoutais ses doléances puisqu'il semblait vouloir mettre cartes sur table. L'inquiétude je la comprenais, je trouvais même cela adorable de sa part. Comme toujours je ne pouvais que m'en émouvoir. Mais il y avait bien autre chose que je peinais à définir. De la jalousie ? Mais je ne le retiens pas moi, de sortir. Même s'il sortait davantage ce serait moi qui me ferait un sang d'encre, en me demandant combien de gens il a bien pu égorger dans mon dos. Je n'étais pas dupe, je me doutais bien que cette trêve ne durerait pas bien longtemps.

Je m'apprêtais à dire que je comprenais, que j'étais désolée, qu'on trouverait un compromis. Pas de mots en l'air , juste des bouées de sauvetages jetées à la mer. Mais je fus arrêtée dans mon élan par un coup de poignard dans ma poitrine. Pourquoi ?

- Pourquoi ? Tu me demandes "pourquoi" ?

J'étais atterrée, j'aurais cru que lui plus que quiconque me comprendrait. Lui qui a tout traversé avec moi. La famille, la cavale, la prison ... Je me levais pour me donner plus de contenance.

- Parce que j'en ai besoin peut-être ? De voir du monde, de rire, de danser et de ne pas penser, surtout de ne pas penser. Tu crois que j'ai survécu à tous ces mois sans toi en m'enfermant seule entre quatre murs ? J'ai assez vu de murs dans ma vie. Pas toi ?

Je reprenais mon souffle, consciente qu'il ne servait à rien de cracher tout son venin gratuitement. Cela ne résoudrait rien. Je tentais de me raisonner, Duncan n'y pouvait rien. On a tous notre "méthode" pour surmonter l'adversité.

- Je ne veux pas te faire de mal, je ne veux pas te blesser, mais j'ai besoin de tout ça.

Ma voix était un peu plus calme et posée sans être redevenue aussi douce qu'à l'accoutumée. Les semaines de guerre silencieuses avaient alimenté les braises sous la cendre. Il suffisait d'un souffle pour voir naitre une flamme ...
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MessageSujet: Re: I only have eyes for You [PV Duncan]   I only have eyes for You [PV Duncan] I_icon_minitimeLun 15 Déc - 1:19

Duncan observa sa sœur décrire un léger arc-de-cercle pour le contourner et ainsi se poser sur le canapé chauffé par le poids de son corps, toute cette longue soirée. Inconsciemment, il cherchait à discerner sur elle les traces invisibles des paumes masculines qui avaient pu la toucher avant qu’elle ne rentre. L’idée de l’imaginer, encore, étendue entre les bras d’un homme dans un appartement qui n’était pas le leur, lui fut cruelle. Pourtant, impassible, il se tenait droit comme un i, image même de l’autorité familiale que tous deux n’avaient jamais connu que dans leur extrêmité la plus imprenable. Quelque part, à leur manière et à leur échelle, ils s’étaient recréés un cocon familial avec ses règles, ses heures de sortie et de rentrée. L’un prévenait l’autre lorsqu’il rentrait tard. Habitude prise depuis leur plus jeune âge, et renforcée par la peur de se voir rattrapé par ceux qui les poursuivaient pendant tous ces mois de cavale. Malheureusement, ses tendances à vouloir surveiller Helena en permanence – par peur, mais également par jalousie –, parasitaient sa propre sérénité et leur colocation par-dessus le marché. Il se rebutait lui-même pour cette tendance qu’il ne parvenait pas à surmonter. Il ne la harcelait jamais à distance outre-mesure. En revanche, lorsqu’il l’avait en face de lui, se drapant dans une dignité qu’elle tenait de leur mère dans ses bons jours, il ne se privait pas d’un duel de regards, où son jugement affrontait l’impétuosité de sa cadette. Parfois, il avait la sensation qu’elle pouvait lire en lui avec une clarté effarante. Il l’admirait pour ça. Entre autres. Entre eux, les rôles pouvaient également varier. D’un côté, Duncan se sentait profondément responsable d’elle : il souhaitait la ménager plus que les dernières années ne l’avaient fait, préserver la part de jeunesse qui restait en elle. De l’autre, il avait conscience de son infériorité sur le plan émotionnel. Ce constat avait été d’abord difficile à accepter. Par la suite, c’était de gérer cette réalité qui était devenu un véritable défi à ses yeux. Il n’avait pas à créer un scandale parce qu’elle était sortie « se changer les idées » comme elle disait. Alors pourquoi brûlait-il envie de lui demander si son propre frère ne suffisait pas à lui « changer les idées » ?

En revanche, son esprit ô combien calculateur avec d’autres était totalement impuissant face au raz-de-marée de sentiments qu’Helena parvint à faire éclore en seulement quelques mots. Le ton, plus brutal, qu’elle employait désormais lui fit froncer les sourcils. Sa main resta suspendue dans l’air, interrompant la course de sa cigarette à ses lèvres. La question était-elle à ce point incroyable qu’elle la fasse remarquer de cette façon ? Elle se leva, et il en recula d’un pas, soudainement impressionné par ce qu’elle dégageait. Outrée. Elle l’assassina d’interrogations rhétoriques, les unes après les autres. Pendant ce temps-là, un peu de cendre grise s’échouait à leurs pieds, s’écrasant sans bruit sur le plancher. Ses iris s’étaient figés. Sa respiration aussi. Son cœur même dut probablement ralentir ses battements compulsifs et accélérés par la tension. Une douleur sourde, tenace, s’installa dans ses membres. C’était comme si son sang s’empoisonnait lentement, se répartissant le territoire de sa silhouette pour appesantir ses gestes. Cette réaction était peut-être l’explication de son isolement ? De son incapacité à se lier aux autres durablement, et surtout à engager des émotions handicapantes et trop instables pour ne pas se retourner un jour contre lui ?

Il renifla de dépit, tirant sur le filtre à peine jauni.

« Je vois. »

Il entrait dans cette phase détestable de remise en question permanente, au nom du bonheur de sa sœur. Une remise en question qui passait par une crucifixion de ses propres états d’âme. De sa propre volonté. Il se sentait mis au pied du mur par elle, accablé de peu de reproches, mais dont le poids était tel qu’il ne savait comment les appréhender. Il se réfugia plus loin, dans le coin cuisine, cherchant des ondes plus positives. Ses mains ouvrirent un placard, d’où il sortit un mug à l’effigie de la Grande-Bretagne. Un achat naïf qu’il s’était accordé en tombant par hasard sur l’article. Triste nostalgie. Il s’affaira, se préparant un thé, plus par réflexe que par réelle envie. Faire quelque chose. Mais penser quand même.

« Si tu veux que je parte… Que je te rende à ta vie… Tu peux le dire. »

Il lui tournait le dos, terrifié à l’idée de rencontrer son visage de nouveau. Il n’aurait pas supporté de lire sa réponse avant de l’entendre. Il n’avait cessé de songer à ce moment où elle lui reprocherait peut-être de gâter la tranquillité que lui avait accordé sa libération. Sans lui, plus d’inquiétude. Plus de meurtres. Juste la vie. Normale. La tasse remplie d’eau finit au micro-ondes, qu’il programma d’un air absent.

« Si on n’arrive pas à s’entendre là-dessus, je ne ferai pas de forcing. »

Une résolution qu’il ne serait même pas sûr de pouvoir tenir loin d’elle. Eux deux, encore séparés ? Plutôt mourir. Pourtant… Que n’aurait-il pas fait pour la jeune femme ?

« Je veux juste te signaler une chose. »

Duncan fixait le plan de travail, résolument.

« Tu auras beau rire… Voir du monde… Danser… Tu penseras quand même, au bout du compte. Plus tu tenteras de fuir tout ça, et plus tu y seras ramenée. »

C’était mathématique. Plus l’on tentait de fuir une chose, plus la tentation nous poussait à y revenir de plus belle. Il finit par se retourner, raidi au point que sa nuque le faisait souffrir.

« Qu’est-ce que tu insinues, au juste ? Que je suis un masochiste en puissance et que je me fais souffrir en restant ici le soir ? C’est ça que tu as sur le bout de la langue et que tu ne me craches pas encore au visage ? Dans ce cas, dis-le ! Parce que je te rappelle que ce ne sont pas de simples MURS, ici ! C'est chez NOUS ! »

Lentement mais sûrement, le ton montait. Son index se pointa sur elle, accusateur.

« Mais moi je n’ai simplement pas besoin de danser sur de la musique DÉBILE et de me vautrer dans les bras de parfaits inconnus pour me « changer les idées » ! Mais non ! Il faut que tu fasses ta traînée ! Comme d’habitude ! »
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MessageSujet: Re: I only have eyes for You [PV Duncan]   I only have eyes for You [PV Duncan] I_icon_minitimeLun 22 Déc - 12:58

Je me sentais lourde. Mes jambes semblaient peser des tonnes tandis que je peinais à faire un pas en direction de celui qui a toujours représenté toute ma vie, et qui se détournait de moi pour s'éloigner, pour se protéger. Mes mots, plus durs que je ne l'aurai voulu, s'étaient frayés un chemin et avaient trouvé leur point d'impact. Quoi ?! Partir ? Me rendre à ma vie ? Pourquoi fallait-il qu'il parte dans de tels extrêmes ? Avais-je exprimé le moindre désir en ce sens ? Malgré tout, ne rentrais-je pas tous les soirs auprès de lui ? Même si c'était tard ? Même ivre ? Même épuisée ? Ses reproches étaient autant de rafales de mitraillette qui me déchiraient, j'avais le cœur en pièces. Depuis combien de temps ruminait-il chacune de ses phrases assassines ? S'était-il déjà représenté cette scène ? Avait-il déjà pesé chacun de ses mots avant de me les jeter à la figure ? Quoi qu'il en soit, la pilule était difficile à avaler. Je rattrapais finalement les quelques mètres qui me séparaient de lui comme si ses derniers mots m'avaient libérées du poids qui les encombraient. J'avançais lentement, sûrement, pas après pas sans le quitter des yeux. Mes pupilles dilatées par une colère sourde se plantèrent dans les siennes. Je n'allais pas laisser passer ça. Je ne pouvais pas. Après un silence pesant, je pris une inspiration et me lançais.

- Ok ... On va mettre les choses au clair. Première chose : je ne t'ai rien demandé. Et surtout pas de me "libérer". Je n'ai pas dit que j'étais emprisonnée avec toi, j'ai simplement exprimé le fait que j'avais besoin de DIVERTISSEMENT.

J'appuyais bien sur ce dernier mot comme pour le souligner.

- Laisse moi te signaler une chose à mon tour. Oui je sais que tout me rattrapera une fois les festivités terminées. J'en ai conscience, tous les jours. Mais si c'est la façon la moins désagreable que j'ai trouvé pour mener ma vie ? Et si c'est ce que je veux ? Et si je m'en fous ?

La colère me rendais désinvolte et de moins en moins compréhensive. Je passais mon temps à essayer de comprendre, à chercher des excuses, à arrondir les angles, mais ça ne semblait jamais suffisant. La tournure que prenaient les choses me faisais mal. Je la trouvais ridiculement disproportionnée par rapport à mes "crimes". Je brandis deux doigts pour annoncer la suite.

- Deuxième chose : je ne sous-entend rien par là. C'est un simple constat. Si tu l'interprètes ainsi libre à toi mais ne me fais pas dire ce que je n'ai pas dit ! Encore une fois j'estime que nous avons TOUS LES DEUX, le droit de vivre comme on l'entend. Je ne t'empêche pas de rester ici, je ne t'empêche pas non plus de venir avec moi ! Ah mais attends, ça c'est une idée ! Allez viens avec moi faire la fête ! Ah non j'oubliais, la musique est DEBILE ! Et puis entre nous, si c'est pour que tu trucides le moindre abruti qui aura osé poser les yeux sur moi ! ...

Ma voix, froide de prime abord prenait à présent des accents railleurs. Je lui renvoyais ses balles. Oui j'étais injuste mais pas autant que lui.

- Troisième et dernière chose : Ne me traite plus jamais de traînée.

Et le geste joignant la parole la main était partie sur son visage et avait heurté sa joue. Je récupérais ma paume endolorie, les yeux écarquillés par la stupéfaction et le regret. Je n'avais jamais levé la main sur mon frère, je n'avais jamais esquissé le moindre geste violent envers lui. Je m'en voulais déjà. Je me répandais en excuse comme jamais. Je cherchais les mots pour l'étaler sur sa joue légèrement rougie comme une pommade. Mais quelque chose c'était brisé , je ne les trouvais pas, je bégayais lamentablement ma main suspendue dans les airs, incapable de l'atteindre.
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MessageSujet: Re: I only have eyes for You [PV Duncan]   I only have eyes for You [PV Duncan] I_icon_minitimeMar 23 Déc - 15:38

La réponse d’Helena ne tarda pas. Duncan s’y attendait : sa sœur était vive à répondre aux critiques, et malgré la patience dont elle avait fait preuve à son égard, effaçant les souvenirs de ses crimes avec une facilité déconcertante et absente de sens moral, sa nature l’empêchait de demeurer conciliante envers et contre tout. Elle en faisait la démonstration magnifique en cet instant même. Il recula à peine, ses reins rencontrant désagréablement l’arête du meuble de cuisine. Ses yeux d’un vert perçant restèrent ancrés dans les siens avec un calme presque olympien, malgré les mots durs qu’il venait de lui lancer sans remord aucun. Il ne s’agissait que de la stricte vérité, et si elle n’était pas capable de l’encaisser, ce n’était plus son problème. À son tour, le fiel se répandit hors de sa bouche, et un sourire torve vint orner la sienne. Que de mesquinerie entre eux deux. Pourtant, dieu savait qu’ils s’aimaient. Leur présence même dans cette pièce en était une preuve accablante. Il se savait méprisant, croisant les bras contre son torse, comme pour préserver un peu de son espace vital, se protégeant comme il le pouvait de la colère de la jeune femme devant lui. Il ne prenait pas réellement au sérieux cet accès de mauvaise humeur, la traitant comme une petite fille vexée par une remarque d’adulte un peu trop acide. Ça lui passerait. Elle grandirait. Autant de réflexions qu’il brûlait de lui murmurer d’une voix sournoise, rien que pour voir à quel point elle en serait blessée. La rancœur à son égard avait déjà rendu Duncan cruel envers elle. Elle avait beau être tout ce qui lui restait en ce monde, il la haïssait autant qu’il l’aimait. Il n’avait jamais oublié le jour où elle avait tenté de s’interposer entre leur mère et lui. Ce même jour où elle s’était montrée prête à le vendre à la police, sans état d’âme aucun. Dans une autre vie, elle avait probablement dû le faire. Oui. C’était tout ce qui pouvait expliquer cette montée de rage froide et impitoyable.

Néanmoins, il aurait pu lui pardonner si sa main féminine ne s’était pas abattue sur lui. Le son mat de la claque résonna presque en même temps que le micro-ondes qui annonçait une eau brûlante qu’il ne boirait jamais. Il ne bougea pas, l’élan du coup ayant détourné son attention vers un pan de l’appartement qu’il distinguait à peine. Sa joue se mit à le brûler, elle aussi. Elle venait d’ouvrir l’une de ses boîtes de pandore. Elle l’avait frappé. Eux qui s’étaient toujours gardé de ces violences physiques. Eux qui s’étaient juré. Les images cuisantes de James s’abaissant à le brutaliser à la moindre occasion, de son père toujours prêt pour une bastonnade maison une fois le soir venu, le trucidèrent avec une lenteur aussi terrifiante que douloureuse. Quand son regard revint chercher le visage apeuré de sa cadette, elle n’aurait pu y lire la plus infime parcelle d’affection. Elle avait osé.
Sa main s’empara de la gorge fragile d’Helena, la serrant aussitôt entre ses phalanges rompues au meurtre. Des corps il en avait caressé, oui. Caressé de souffrances, de tortures. Ses paumes n’étaient plus faites pour la tendresse ni pour l’amour, mais pour le meurtre. Sentir son grain de peau le fit haleter un instant, le renvoyant à ses fautes passées, mais également à la frustration ultime qu’il ne s’avouait pas. Il serra. Il serra jusqu’à sentir les muscles de son cou se contracter pour aspirer encore un peu d’air. Pour ne pas mourir tout de suite. Et tout en serrant, il avançait. Profitant de sa suprématie sur elle, qu’il avait toujours conservé sans en avoir l’air. J’aurais pu te tuer, petite sœur. Comme les autres. Me débarrasser de tout ce qui me rappelait eux, et toi y compris. Mais je ne l’ai pas fait. Ne me le fais pas regretter.
Voilà ce qu’elle pouvait lire sur son visage sans besoin de paroles. Après tout… ne s’étaient-ils jamais aussi bien compris qu’en silence ?

« Quelque chose te gêne… ? »

Il la fit reculer encore. Et encore. Ils retraversèrent le salon, jusqu’à ce que les mollets d’Helena butent contre le pan du sofa, et qu’il puisse la faire basculer en arrière. D’un mouvement leste, il la rejoignit, se juchant au-dessus d’elle tout en serrant encore. Pas assez pour qu’elle ne s’étouffe. Assez pour la faire paniquer. Son nez frôlait presque le sien, leurs respirations se mêlaient. Ils aspiraient le même oxygène.

« Tu as quelque chose à me reprocher… ? Vas-y… parle… Oh, mais non… Attends…»

Il se pencha encore, sa joue pouvant désormais toucher la sienne. Ce qu’il s’infligeait à lui-même n’était pas plus enviable, en réalité. Sa proximité, cette confrontation plus violente de ses pulsions d’amour et de mort envers elle, étaient pires qu’une bombe à retardement dévastant ses veines et ses nerfs abîmés. Les mots se glissèrent au creux de son oreille, plus proches que jamais. Plus étrangers que jamais.

« Le foutre est resté coincé dans ta gorge. Je ne t’entends pas. Ce n’est pas ma faute, petite sœur… si tu ne veux pas voir avec mes yeux. »

Enfin, il relâcha la prise sur sa gorge, se redressant à peine sans la libérer du poids de son corps qui la clouait sur place. Cette fois, ses prunelles la violèrent du regard, se glissant sous ces vêtements impies, jusqu’au sommet de ses cuisses rondes, heureusement protégées par son collant. La position de sa sœur, la tentation qu’elle représentait, lui causa un vertige. Un élan de faiblesse le fit vaciller.

« Regarde-toi… Et ose dire que j’ai tort. »
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MessageSujet: Re: I only have eyes for You [PV Duncan]   I only have eyes for You [PV Duncan] I_icon_minitimeVen 26 Déc - 21:06

Je n'avais pas fait une erreur, mais deux. La première fût évidemment d'abattre ma main sur lui, la deuxième d'être restée à portée de la sienne ... J'aurais pu esquiver son mouvement, m'enfuir, si j'avais eu de meilleurs réflexes. J'aurais pu éviter la douleur de la strangulation, si je n'avais pas été paralysée par le remord. Ses doigts serraient ma gorge comme un étau comme pour ne s'ouvrir que lorsque j'aurai expiré. La suffocation me brûlait de l'intérieur tandis que je tentais vainement de me débattre. Je me sentais aussi vulnérable qu'un insecte que mon frère pouvait écraser d'une simple pression. Je ne voulais pas mourir. Mon frère, la personne que j'aimais le plus dans ce monde qui m'ôte la vie. L'horreur absolue. Ma vue se brouillait et peu à peu j'avais l'impression que mes dernières forces me quittaient. Je me sentis partir en arrière malmenée par un titan. Celui-ci s'installa confortablement sur moi, l'heure de la mise à mort était sans doute arrivée. J'entendais des voix lointaines comme issues d'outre-tombes. Mon bourreau effleura mon visage. Ce n'était pas une peau de pierre, contrairement à la sensation d'oppression qui demeurait sur ma gorge et ma cage thoracique, mais bien une peau humaine, douce et souple. L'air revint d'un coup, le sang reflua dans ma tête si bien qu'elle me tourna. Mon regard s'éleva enfin pour se poser sur mon agresseur. Celui-ci pouvait à présent voir mes yeux constellés de rouge, certains vaisseaux ayant éclatés. Quelque chose d'humide coula de ma lèvre que je m'étais mordue pour ne pas pleurer. Je l'essuyais du dos de la main sans le lâcher des yeux. Mon sang. Un frisson d'empara de moi malgré la chaleur corporelle qu'il dégageait tout contre moi. J'étais débraillée. Des boutons de ma chemise s'étaient défaits pendant "la bagarre", dévoilant la dentelle d'un soutien gorge rouge passion. Ma jupe était remontée si haut qu'elle semblait inexistante. Effectivement, vu sous cet angle je pouvais difficilement lui donner tort. Et pourtant ...

Je ne portais pas la main à ma gorge. Je n'en avais pas besoin. Je sentais la marque de ses mains imprimées sur ma peau qui devait sans doute être rougie. Je récuperais peu à peu prenant conscience que notre position était quelque peu étrange, pour ne pas dire équivoque. Quiconque entrerait dans la pièce se confondrait en excuses, croyant déranger deux amants. Un frisson remonta le long de mon échine à cette idée. Pourquoi restait-il ainsi ? Pourquoi ne me libérait-il pas complètement ?

- Que me veux-tu, Duncan ?

Ma voix était cassée mais elle s'efforçait de se maintenir en volume. Je ne lui offrirais pas de nouveaux aveux de faiblesse. Je craignais qu'il ne s'en saisisse et me brise. Je n'avais jamais porté ce regard sur mon frère. Jamais je n'avais crains qu'il ne mette fin à ma vie. Et pourtant je savais ce dont il était capable. Nul ne le sait mieux que moi...

- Me tuer ? C'est ça que tu veux ?

Purement rhétorique. J'avais besoin de le dire à voix haute, pour éloigner le spectre de ces dernières minutes de folie. Je devais sembler incrédule, avec mon sourcil arqué. Je ne le pensais pas vraiment. S'il avait eu envie de me tuer, cela fait longtemps que je ne serais plus en capacité d'y penser. Je dévisageais Duncan, admirant ses traits sereins, ses yeux verts profonds, impénétrables. Je me redressais difficilement, mon souffle se mêlant au sien. Je voulais retrouver un contact avec lui qui ne soit pas fait de violence. Je voulais lui montrer que je l'aimais. Je voulais lui rappeler que j'étais sa sœur. Celle qui jouait à cache-cache avec lui dans les ombres de leur maison. Celle qui lui parlait d'un regard.

- Je ne crois pas que ce soit ce que tu veux.

Après un instant d'hésitation, je posais ma main sur la sienne avec douceur. Un geste qui se voulait rassurant, réconfortant, apaisant. Mais cela dépassait de loin toutes les fois où nous chahutions. Ce contact m'électrifia.
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MessageSujet: Re: I only have eyes for You [PV Duncan]   I only have eyes for You [PV Duncan] I_icon_minitimeSam 17 Jan - 20:31



Si fragile, si sensible petite sœur. Duncan contempla sans pitié les ravages que cette simple étreinte de mort avaient fait sur ce beau visage. Ses yeux plus troubles, ses traits arborant l’expression d’une proie sur le qui-vive. Son pouce voulut venir s’échouer, avec une délicatesse paradoxale, contre la bouche de la jeune femme afin d’étaler les perles de sang sur sa lèvre inférieure abîmée. Mais elle le fit à sa place, plus brusquement, lui retirant ce plaisir. Alors, il baissa la tête vers sa poitrine à moitié dénudée. Elle était indécente. Sa lingerie, d’un rouge familier, lui semblait concentrer toute la pâle lumière de l’appartement. Il ne voyait que ça. Que ses courbes qu’elle lui dissimulait à peine. Combien de mains étrangères l’avaient donc touché ? Combien de lèvres s’étaient perdues contre ces globes attirants ? Il eut mal de se poser ces questions. Il s’agissait d’une douleur presque enfantine, empreinte de toute la jalousie du monde, de toute cette incompréhension propre au premier âge. Le sentiment d’abandon obsédant, l’échappatoire dont elle se saisissait toujours. Et enfin, les autres hommes. Ces monstres. Ceux qui ne pouvaient pas la comprendre. Qui ne pouvaient donc pas LES comprendre, étant donné qu’elle était une partie de lui autant qu’il était une partie d’elle. Ils formaient un tout dont elle tentait visiblement de se défaire, et il ne savait plus comment réagir. La tuer revenait à la posséder entièrement, à finir de faire d’elle sa chose pour l’éternité. Mais ne plus la voir vivre, ne plus voir sourire celle qui représentait sa seule raison à lui de continuer d’exister… L’absurde. L’impossible. Pris entre deux feux, entre deux volontés contradictoires, le fil de son hésitation s’aiguisait, toujours plus acéré le temps passant. Il dut retenir ses doigts de venir se glisser plus bas. Tremblant presque de se sentir au bord d’un abysse étrange dont il ne distinguait évidemment pas le fond. Son souffle, peut-être aussi précipité que celui de sa cadette.
Et voilà qu’elle posait la question à laquelle il ne pouvait décemment pas répondre. Il se mit à trembler, se retenant de claquer des dents, demeurant extérieurement impassible. Rien n’aurait pu traduire l’immensité du trouble qui rendait ses prunelles vacillantes, à peine embuées. Que voulait-il ? Il ne se l’avouait pas lui-même. Alors le lui dire à elle ? Il ne put s’empêcher d’admirer la force dont elle faisait preuve. Elle ne s’était pas recroquevillée, craignant de subir des coups, de mourir de sa main comme il l’avait fait pour leur mère. Elle ne pleurait pas non plus. Elle était… belle. Digne. Sa sœur. Une boule de fierté incongrue coincée dans sa gorge lui refusa tout accès à la parole. Ce fut à sa nuque à lui de plier, au moment où elle se redressait. Alors, ses bras se détendirent, passant derrière elle avec lenteur pour mieux l’enlacer, se soustrayant au contact d’une main féminine trop douce pour l’acte qu’il aurait pu commettre. Son visage se blottit dans le cou malmené, sans pour autant bloquer sa respiration encore fragile. Il souffla profondément, essayant de vider sa poitrine du poids qui le hantait jour et nuit.

Lorsqu’il la voyait rentrer.
Lorsqu’il l’entendait rire.
Lorsqu’il l’écoutait dormir.

Et même lorsqu’elle n’était pas là.
Surtout, lorsqu’elle n’était pas là.

« Non… »

Un « Non » qui ne voulait rien dire. Les mots lui semblaient désespérément vides, creux, abscons et plus inutiles que jamais. Qui avait donc osé croire un jour que le langage pouvait retranscrire les émotions les plus sauvages, les plus incontrôlables ? Seuls des fous pouvaient penser les mots fiables pour retranscrire tous les méandres d’une pensée comme la sienne.

« Non. »

Ses ongles s’accrochèrent au fin tissu de son chemisier, ses narines s’emplirent de son odeur, essayant de trier le vague et détestable parfum masculin encore discernable pour ne se focaliser que sur elle. Il embrassa sa gorge rougie, comme pour faire disparaître les traces rouges, comme pour l’aider à oublier le traumatisme. Plusieurs fois, il savoura ce qui ressemblait déjà aux prémices de l’impie, du tabou. Il ne comprenait pas pourquoi on lui interdisait d’aimer précisément l’unique personne capable de conférer du sens à chaque jour. Il trouvait cet interdit incroyablement cruel, incroyablement humain, en réalité. Tant de choses qu’Helena ignorait sûrement, tant de choses qu’il aurait voulu lui dire en cet instant. Toutes les frontières de l’intime se brouillaient, le perdant, faisant disparaître les frontières entre elle et lui. Il se mit à la serrer tellement fort qu’il ne sentit plus où son corps commençait et où le sien finissait.
Il lui murmura qu’il l’aimait. D’une voix frêle. Enfantine, elle aussi. Comme pour maquiller ce tableau derrière leurs jeux, leur affection qui les avait protégés étant jeune. Ils ne faisaient rien de mal, non.

On ne fait pas de mal lorsqu’on aime.
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MessageSujet: Re: I only have eyes for You [PV Duncan]   I only have eyes for You [PV Duncan] I_icon_minitimeLun 26 Jan - 19:52

Le silence après la tempête. Pas ce silence pesant que l'on décerne aux morts comme autant de médailles intangibles. Non. Plutôt ce silence mystique, méditatif, qui succède à la prière. Seules la mélodie de nos respirations saccadées vinrent le briser. Il esquiva ma main pour trouver refuge contre mon sein douloureux. Mes doigts glissèrent dans ses cheveux, retombèrent sur sa nuque et s'échouèrent dans son dos. Je le maintint contre moi, comme pour l'empêcher de s'échapper. Non bien sûr qu'il ne voulait pas me tuer. Pas plus que je n'avais envie de le voir enfermé ou tué au nom de la justice. La justice ... Quelle justice y-avait-il à m'ôter le seul être qui me rendait cette vie supportable ? Le seul qui me connait, le seul qui ...

Un, deux, trois, baisers sur ma peau. Mon cœur éclatait. Comme par réflexe je le serrais davantage contre moi, un peu plus que je ne l'aurai du sûrement. Ce contact m'apportait un bien être comme je n'en ai jamais vécu, et qui n'avait d'égale que la frustration qu'elle faisait naître dans mes entrailles. Mes doigts crochetaient malgré eux ses vêtements comme s'ils voulaient les mettre en pièce. Il n'y avait plus que lui et moi. Plus que nous dans cette galaxie et les cinq autres environnantes. Il était le seul qui ...

M'aime ? Est-ce ça l'amour ? Je ne savais plus contre quoi me battre, ni pour quelle raison. Je ne savais plus comme j'avais mal. Je sentais juste les flammes qui me léchaient le cœur jusqu'à le faire fondre. Et je me répandais sur lui ... En caresses, en mots, en prières. Pardonne-moi, de faire peser tout ça sur toi ...

- Moi aussi ...

Dire "Je t'aime" ? Ces mots tellement galvaudés par les poètes et chanteurs ratés, restaient coincés, impossible de les prononcer. Combien de fois me les avaient-on soufflés à tort au creux de l'oreille au court d'une de mes nuits clandestines ? Combien m'ont vu fuir devant ces mots explosifs ? Combien de fois ne les ai je pas cru, ou simplement compris comme un "merci" ? Combien de fois avais-je simplement répondu par un sourire, pour ne pas froisser, ne pas blesser ? Ces mots je les avais déjà dit à Duncan, il y a longtemps, très loin dans le froid de notre demeure fantôme, je lui avais chuchoté, tenaillée par la peur enfantine d'un monstre un peu trop réel. Quand j'avais quatre ans, notre nourrice nous avait raconté un de ces contes, la princesse épouse le prince charmant et ils vivent heureux pour toujours. "Et bien moi quand je serais grande je me marierai avec Duncan". Me valant ainsi la réprimande sévère, la leçon cruelle de l'interdit. Cet écho lointain tournait, résonnait dans ma tête, si bien que je me courbais pour l'encaisser. Je lui avais dit ... Mais là, la faute était bien trop palpable. Elle était là sous mes doigts. Elle suintait par tous mes pores. Je me reculais, croisant son regard, tremblante. Ce n'était pas la peur qui m'habitait, c'était quelque chose d'autre. Il semblait si calme que je lui enviais. Je ne pouvais plus me cacher derrière mon innocence enfantine. C'était fini ... Il ne fallait pas ...

Craquer ... le déchirement du tissu sous mes doigts, puis l'assaut de mes lèvres. Elles retombèrent au coin des siennes. A force d'effleurer la rose, je m'écorcherai sur ses épines ... Je cherchais dans son regard ce qui m'absoudrait ou me condamnerait. Sauve-moi, Duncan ... Sauve-nous ... Je n'en ai pas la force ...
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MessageSujet: Re: I only have eyes for You [PV Duncan]   I only have eyes for You [PV Duncan] I_icon_minitimeSam 28 Fév - 17:53

Sa main a toujours été là. Toujours, fluette et forte à la fois. Sur sa nuque à lui. Soutien et fardeau tout en même temps. Jamais elle n’avait mis de limites, jamais elle ne lui avait dit « Non ». Pour quoi que ce soit. Ou du moins, si… Une fois, elle avait osé. Par peur de voir s’accomplir ce à quoi ils avaient pensé sans pouvoir y croire vraiment. Mais, à la fin de la journée, c’était lui qui prenait les décisions. Il était l’aîné, muni de toutes les responsabilités qui incombaient à cette tâche. Et personne n’aurait jamais pu lui reprocher de ne pas avoir assumé chacun de ses pas aux côtés d’Helena. Depuis sa naissance. Des devoirs de l’école au recueil des confidences, de la délivrance de leurs bourreaux au toit au-dessus de leur tête une fois arrivés aux États-Unis. De la nourriture que ses maigres revenus pouvaient apporter pour améliorer le quotidien à leur situation actuelle. Leur appartement. La jeune femme avait réussi à s’en sortir lorsque la justice des hommes les avait séparés. Mais dès qu’ils se retrouvaient, dès qu’elle sortait de l’ombre des autres pour rejoindre l’abri de la sienne, il commandait. Il établissait les règles. Il tuait quand il l’estimait nécessaire dans son esprit malade. Et ici, entre eux deux, qui le fera ? Le poids du choix à faire devenait plus lourd au fil des mois. Comme si cette « pause » durant son séjour en prison l’avait affaibli. Comme si le manque insupportable d’elle avait attisé les cerbères de ses pulsions nichées tout au fond de ses tripes. Ils n’avaient pas compris. Ils n’avaient pas compris que les séparer était peut-être encore plus dangereux que de les laisser libres. Personne n’avait compris. Les gens étaient stupides. Tournés autour du « bien commun », mais toujours prêts à satisfaire leurs propres égoïsmes, tant que cela ne faisait pas couler le sang. Ou du moins… pas sous leurs yeux à eux. Les gens ne s’attardaient que sur l’immédiat. Les gens ne pensaient pas. Eux, ils pensaient. Ils éprouvaient. Ils tentaient de se tailler leur place dans un monde qui leur était hostile, dont les alliés se comptaient sur les doigts d’une main et ce malgré toutes leurs difficultés, tous leurs démons intérieurs.

La civilisation. Le tabou. L’humain.
Duncan en était fatigué. Fatigué d’avoir à se brider sans cesse.

« … pas de mal… »

Il se redressa, dans un brouillard invisible. Aperçut l’éclat de deux prunelles bleutées, auquel il ne rendit qu’un regard absent. Il se trouvait ailleurs. Plus vraiment dans le présent, l’oreille absolument fermée à ce qui n’était pas le corps de sa sœur. Qu’il sentait s’affoler. Il avait senti son pouls. Battre fort. Vite. Cette perception vint aussitôt réveiller l’instinct de chasseur en lui. Les palpitations d’une proie effrayée, il les connaissait mieux que son propre reflet dans une glace. Elle cherchait à l’atteindre, il s’y refusa. Perdu. Jusqu’à ce qu’elle se redresse dans un craquement synonyme de couture rompue. Quels vêtements avaient cédé ? Les siens, ou ceux d’Helena ? Il n’aurait su le dire, obsédé par le contact de ses lèvres à la commissure des siennes, tétanisé. Un grognement sourd émana de sa gorge. Ni bon, ni mauvais.

« Helena… »

Ses mains remontèrent aussitôt pour étreindre la rondeur de ses épaules avec force. Comme il l’aurait fait pour s’assurer de pouvoir la maîtriser en temps voulu. Non. Il ne voulait pas penser à Ça maintenant. Il n’en pouvait plus de prendre des décisions. Il avait suffisamment de mal à écarter Ça de ses pensées en temps normal pour que sa petite sœur vienne le titiller à ce sujet maintenant. C’était une torture d’une rare cruauté. Ses ongles s’enfoncèrent un peu dans sa chair tendre et pâle. Il l’attira à lui comme si elle était une poupée de chiffon, se redressant pour mieux la prendre dans ses bras à son tour et conserver l’ascendant sur elle. Il fixa le mur, le bout de fenêtre près du canapé, qui l’empêcha de contempler son visage ou ses lèvres. L’une de ses mains plongée dans la masse brune de ses cheveux. Il voulut parler. Dire quelque chose de sensé. Lui mentir, en somme. Chose qu’il n’avait jamais fait. Les mots se bloquèrent d’eux-mêmes.

« ...je peux pas. Pas le droit. Tu sais. »

Il la berça lentement, et son estomac se contracta dans un sanglot muet. Sa joue s’échoua contre la tempe féminine, dans un regret infini. Allez, Wheeler. Carlyle. Serre encore les poings. Une fois de plus. Dis non à l’ignominie. Pour qu’on ne te range pas de plus belle dans la case des monstres. Même si c’était bien peu à payer pour éviter à Elle d’en faire partie. Un éclair de raison le toucha, et un rire ignoble s’échappa de ses entrailles. Un rire qui contenait toute la frustration du monde tandis qu’il l’enlaçait toujours plus fort, leurs corps changés en lave solidifiée. Ils auraient pu. Ils auraient pu assumer pleinement leur monstruosité en changeant le nom de l’un des deux. En s’extrayant pleinement de leur condition fraternelle. Personne n’aurait su. Personne n’aurait soupçonné. Il embrassa son front, plus déchiré que jamais.

« Tu devrais aller te coucher… »
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MessageSujet: Re: I only have eyes for You [PV Duncan]   I only have eyes for You [PV Duncan] I_icon_minitimeVen 20 Mar - 23:25

Tout est question de contrôle. Et moi, je n'en avais aucun. Non aucun. Il avait le contrôle. La lourdeur de ses mains sur mes épaules, la contrainte. Pour m'empêcher de commettre l'irréparable, de nous préserver de ce gouffre dans lequel je menaçais de nous précipiter. Une faible partie de moi s'en sentait rassurée, soulagée, débarrassée d'un poids trop lourd à porter. L'autre partie, enragée, ne pouvait supporter la frustration qu'il m'infligeait encore. Pourquoi ne pourrait on pas ? Pourquoi n'a t-on pas le droit ? Qui l'a décidé enfin ? Cette masse grouillante que tu détestes ?

Un rire s'échappa de ma gorge faisant écho au sien, dément, ne me ressemblant pas. J'étais dégoûtée par ce monde, et révoltée par ce qui nous séparaient. J'avais mal, si mal. Je refusais de m'y plier encore et encore. Fatiguée de faire semblant d'être comme tout le monde. Un robot de plus dans ce monde entier livré à l'indifférence et à la virtualité. Rien n'est vrai … Fatiguée de me donner à des inconnus qui ne me méritent pas, juste pour combler … le vide insoutenable, inacceptable. Son manque de lui, bien présent lui entre mes reins.


- Non !

Le refus claqua dans la pièce, comme un drapeau un jour de tempête. Je me surpris moi même à formuler à haute voix, ce que je contenais avec tant d'acharnement et de plus en plus de difficulté chaque jour. Je lâchais les chiens affamés sur les lambeaux de notre innocence. Si on ne les arrêtait pas ils allaient tout dévorer sur leur passage.

- Pourquoi ? Pourquoi n'aurait on pas le droit ? Qui l'a décidé ? Pour quelle raison ? Pourquoi je devrais aller me coucher ? Je n'en ai pas envie. Tu sais de quoi j'ai envie !

Le défi, la provocation, l'accusation. Les mots assassins. Un souffle attisait les flammes de la colère, de la frustration et je m'embrasais toute entière.

C'est avec violence que je le repoussais, influencée par la douleur sourde qui battait mes tempes. Il ne voulait pas de moi. Pas de moi. Il se cherchait des excuses. Pourquoi ?

Je m'enfuis salie, trahie par ma propre chair, mon propre sang. Je cherchais la chambre salvatrice, protectrice. Le refuge où je ne penserai plus à lui et à son corps. Où je pourrais fermer les yeux et oublier. Le temple où je supplierais … qu'il me retrouve... Ayant claqué la porte derrière moi, je m'arrêtais dans mon élan et observais le lit au bout de la pièce pendant quelques secondes. Il viendrait j'en étais sûre. Et j'allais l'accueillir.

Sans la moindre hésitation je me défis de mes vêtements. Je les retirais à la hâte mais les pliais soigneusement sur mon lit. C'est ainsi, dans le plus simple appareil que j'allais l'attendre sur son lit. Il ne pourrait pas m'éviter. La lumière éteinte pour ne pas l'alerter. Il penserait que je suis endormie et viendrait s'allonger tout simplement. Je le voulais. Je l'aurai.

Qu'est ce qui me poussait au fond à vouloir le piéger ainsi ? Il avait toujours bien pris soin de moi, m'a toujours donné tout l'amour … enfin toute l'affection qu'il pouvait.Il ne méritait pas que je m'impose à lui comme ça … Quelque chose au fond de moi hurlais qu'il me voulait autant que je désirais. Mais cette petite vois insidieuse m'exhortait à le mettre au pied du mur. A le forcer à choisir. A me choisir. Moi plus que son humanité ? Quel serait le prix à payer ?

C'est au silence que je murmurais.

- Si tu ne veux pas de moi, j'en mourrais ...
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MessageSujet: Re: I only have eyes for You [PV Duncan]   I only have eyes for You [PV Duncan] I_icon_minitimeMar 24 Mar - 0:28

Il fallait que cela arrive. Un jour. Un soir. Rien n’aurait pu le prédire. Rien. Ils ne savaient pas lire les astres. Ils ne savaient même pas lire en eux. Alors essayer de deviner à quel moment les serpents sifflants dans leurs entrailles gronderaient trop fort pour leur permettre de les retenir encore ? Autant chercher en vain une Pythie pour décrypter les signes à venir. Ceux qui semblent inscrits dans les paumes de leurs mains depuis le jour qui les vit naître. Duncan n’avait jamais eu la mauvaise foi de prétendre résister à cette tempête, cette débâcle de sentiments, de fluides et de sang écumant. Il n’a jamais eu la mauvaise foi de prétendre résister à quoi que ce soit. Il se sait faible, lambeau d’humain maintes fois balayé par cette société qu’il aime et abhorre. Combien de nuits à rêver d’un cataclysme les rayant tous de la surface du globe ? Sauf elle. Sauf lui. Un nouvel Éden. Mais sans Dieu. Ni Maître. Un Éden où les chaînes ne seraient même pas de soie. Absentes. Néant. La nuit avance, sans pitié pour leurs silhouettes soudées l’une à l’autre. La nuit avance, et emporte comme toujours un peu de sa raison. Rares sont les observateurs ayant remarqué l’absence de crime de sa part en plein jour. Jamais en plein jour. Toujours la nuit, ou lorsque le crépuscule frappe. Pas par souci de discrétion, non. Simplement parce que la nuit réveillait ce qui dormait quand le soleil régnait en maître. Simplement parce qu’elle frappait sourdement ce qui résidait de plus bestial en lui, de moins décent. Une désinhibition telle que même le plus sec des alcools, la plus dure des drogues n’aurait pu provoquer. C’était sa chose à lui. Sa bestiole qui grattait les parois de son estomac quand quelque chose le contrariait. Cette envie de faire du mal, de tordre les chairs comme on tordrait aisément le métal d’une cuillère trop utilisée. Déformer. Remodeler. Seulement si l’on en a envie. Il se laissait gagner par cette torpeur. Une torpeur qu’il ne connaissait que trop bien, mais dont la mélodie sonnait différemment, ce soir-là. Elle ne composait pas une ode au meurtre. Elle composait une ode à Elle. À son corps de déesse païenne, affranchie de tout culte pudique, de toute réserve. Ils avaient franchi les limites. Une fois de plus. Ils ne faisaient que gagner des secondes.

Helena le comprit bien avant lui.
Plus libre, peut-être. Plus neuve face à ce genre d’instincts. D’instants. Elle avait beau avoir fait montre d’une cuisse légère tout au long de sa vie, elle n’avait pas louvoyée sur ce terrain-là plus que lui, même au plus fort de leur cavale. D’autres priorités les en avaient détournés. Il y avait une vie à mener. Il y avait des autorités à fuir. Une liberté à sauver. Peut-être était-ce logique, après tout. Peut-être était-ce on ne peut plus normal que la faiblesse vienne les mordre alors que rien ne les menaçait plus en apparence. Rien d’autre qu’eux-mêmes. Elle riait, et ce rire lui faisait mal. Il aurait voulu l’extirper de sa gorge, la nettoyer pour mieux la lui rendre. Ne ris pas comme ça. Ce n’est pas toi. Ce n’est pas nous. Ou plutôt… Ça l’est peut-être un peu trop.
Elle protesta avec vigueur, et son étreinte sur elle se relâcha. Il baissa la tête, ne cherchant pas à affronter son visage qu’il devinait parcouru d’une fougue à laquelle il n’aurait su résister. Sa voix le fit frémir. Elle n’était plus sa petite sœur, ici et maintenant. Elle était une femme qui le réclamait lui. Qui réclamait le summum de ce qui faisait leur Abomination.

Allons. Tu as tué des gens. Beaucoup de gens. Certains pour rien, ont dit les juges. Certains de manière «barbare », ont pensé les jurés. Mais tu n'es pas capable de réagir face à Ça. Tu fuis. Tu as peur. Courbé sur sa frustration, sur toute la retenue qu’il mobilisait pour tenir, le jeune homme ferma les yeux. Helena l’assaillit d’une logorrhée tenace et qui l’ébranla profondément en lui-même. Ce n’était pas possible. C’était un rêve. Un cauchemar. La conjonction sublime des deux. Ils se tenaient là, à deux doigts. Deux doigts. Deux ongles. Les muscles de ses abdominaux déjà tendus, ses lèvres à elle déjà gonflées de désir. Il aurait pu lui rétorquer mille réponses. Toutes celles que son rôle d’aîné s’était exhorté à imprimer avec un soin quasi-obsessionnel. La protéger. Elle d’abord. Toujours. Ne pas la toucher. Ne pas imiter le père. Ne pas le reproduire. Ne pas donner raison aux médecins, aux savants, aux philosophes. Ne pas donner raison aux Hommes. Ne pas se reconnaître dans le géniteur qu’il avait voulu éradiquer avec une sauvagerie qui lui valut cette triste célébrité. Qu’il n’avait jamais regretté. Pas un jour. Pas une heure.

Oh oui. Il sait. Il sait qu’il se sent disloqué, pris de vertiges. Duncan rouvrit ses prunelles au moment où elle le repoussait. Un élancement de douleur traversa sa jambe, partant de ses genoux jusqu’à résonner près de ses reins. Elle s’échappa, et il ne lui resta plus rien. Il regarda ses paumes, ses bras. Peut-être… Peut-être avait-il enlacé un fantôme. Peut-être avait-il rêvé après s’être endormi devant cette série à la con. Peut-être allait-elle apparaître, rentrant enfin de sa soirée, l’air aussi innocent qu’à l’ordinaire, et alors la colère profonde qui l’avait saisi plus tôt reviendrait à la charge. Ils se disputeraient, ils constateraient leur impuissance, leur douleur face à l’incompréhension mutuelle. Le claquement de la porte qui ébranla l’appartement le détrompa durement. Il se redressa, et aperçut le chat recroquevillé sous un meuble un peu plus loin, tétanisé. Il le fixa un moment, presque pensif. Puis, sans gestes brusques, il passa une main dans sa chevelure qu’il remit en ordre avant d’éteindre la télévision. Le silence complet retomba. Lourd.
C’est au milieu de ce silence qu’il éteignit également les lumières. Aussitôt, le bourdonnement dans sa tête se calma sensiblement. Il écouta le bruit de sa respiration, écouta le bruit d’une voiture qui passait dehors. Il écouta les bruits nocturnes, tous les sons qui lui indiquaient qu’il était vivant. Qu’il se trouvait désormais au carrefour le plus cuisant de son existence.

La mort n’est rien à côté de la vie.
La mort apporte le repos, met un terme à la souffrance.
Cette mort qu’il aimait à considérer comme sa compagne, comme sa maîtresse. Elle ne demandait rien. Ni caresses, ni baisers. Juste un petit sacrifice de temps en temps. Telle une offrande, afin de lui prouver l’allégeance qu’elle méritait. Elle était plus simple… Plus simple que la femme brûlante qui s’était réfugiée dans leur chambre. Il sourit. Son ignorance lui sauta au visage. Il ne savait pas. Il n’avait jamais touché une femme. Il ne connaissait pas les rudiments de cet art sombre et lumineux à la fois. Il ne savait rien. Et elle…

Ce serait à elle de lui apprendre.
Duncan n’avait pas honte, en réalité. Il se sentait troublé, mais ne voyait pas où était le mal à ne pas Savoir.
Il n’avait jamais réussi à dépasser l’intellectualisation de la chose avec une inconnue. Le dégoût revenait toujours à la charge. Il craignait les odeurs, la matière, le plasma. La déception. L’humidité, la moiteur. Il ne pouvait pas se résoudre à cela avec une femme qu’il ne connaissait pas. Trop de craintes, qui allaient jusqu’à tuer dans l'oeuf toute montée de sève, tout intérêt pour une tierce personne. Helena avait réussi à prendre toute la place. Elle s’était installée dans sa tête, s’était appropriée le corps de ce frère qu’elle aimait et dont elle désertait la présence au profit d’autres hommes. Cruelle. Naïve. Inconsciente. Insouciante.
Lui ne connaissait que le contact rugueux des hommes. Ces hommes qui avaient pris, et ne lui avaient rien donné. Ces hommes pour lesquels il s’était prostitué, pour quelques bouts de papiers qui leur avaient permis de quitter l’Angleterre en toute quiétude. Et puis il y avait ceux de la prison. Tous les jours, la peur, la crainte de voir revenir les bourreaux familiers. Les paupières closes de la plupart des gardiens. La rudesse, la douleur, la fièvre inquiétante qui les rongeait dès lors que leurs mains hardies s’employaient à le faire plier. Il n'aurait pas été traité avec plus de cruauté s’il s’était retrouvé enfermé pour viol sur mineur. Les mesures d’isolement à son encontre étaient toujours temporaires. Un véritable mythe de Sisyphe. Le temps de refermer les plaies, de calmer la douleur, et la torture recommençait. Sans fin.

Non. Le sexe ne voulait rien dire, pour lui.
Le sexe, jusqu’à présent, était quelque chose de sale et de dégradant.
Il n’avait été qu’objet. Qu’instrument du plaisir des autres, sans conscience du sien, se manifestant par pure réaction physiologique.

Étourdi par toutes ces vérités qui remontaient en même temps, jusqu’à le submerger, toutes celles qu’il s’était empressé d’étouffer et d’enfouir au plus profond de lui dès son évasion, il chancela et fit demi-tour, jusqu’à leur chambre. Obscurité dans l’obscurité, ombre parmi les ombres, l’Anglais se faufila à l’intérieur. Il crut percevoir la respiration d’Helena. Pas à l’endroit où elle aurait dû l’être. Tous ses sens aux aguets, le pressentiment qui dilata ses pupilles et fit battre plus fort son cœur ne l’empêcha pas d’avancer jusqu’à son lit. Et à chaque pas, ce pressentiment se confirmait. Lorsqu’il s’assit sur le bord du matelas, sa main tomba sur le ventre chaud de sa sœur. Un ventre lisse et doux. Il sentait sa poitrine s’abaisser et remonter presque aussi rapidement que la sienne. Il ne retira pas ses doigts, sans oser les bouger pour autant. Elle était nue. Il en eut la certitude. Aussitôt, son sang fouetta durement ses veines, et son bas-ventre lui fit mal, comprimé dans un jean trop étroit pour la vague violente dont il devenait la victime. Cette vague l’abîma plus avant, et son front se posa bientôt près de la clavicule d’Helena. Près de sa joue, il sentait la rondeur d’un sein qui le fit gémir. Quelque chose explosait en lui. Quelque chose de dangereux. Quelque chose qu’il ne maîtrisait pas. Qu’il ne maîtriserait jamais. Il s’allongea au-dessus d’elle, ses jambes entre les siennes. Il se raccrocha à chaque parcelle de cet épiderme dépourvu du moindre tissu. Ses mains accrochant les épaules harmonieuses. Son odeur enveloppant tout. Se confondant avec son parfum. Oui.

Il avait envie d’elle.
Depuis le jour où il l’avait vue rentrer, une marque étrange au creux du cou. Une marque trop rouge pour sa peau trop claire. Il avait alors réalisé que d’autres hommes, toujours plus nombreux, continueraient de la lui voler. Comme son propre père avant eux. Il ne pourrait pas tous les tuer, il en avait conscience. Spectateur muet et enragé tout à la fois de ces ébats dont il ne voulait rien savoir. En réalité, c'était elle l'ignorante. Elle ne savait pas. Elle ne savait pas qu’elle était belle. Elle ne savait pas qu'elle était différente chaque fois qu’elle L’avait fait. Quelque chose en elle était transfiguré, et pourtant il aurait juré qu’elle n’en était pas plus heureuse pour autant. Le Sexe. Cette superbe inconnue.

William chercha à tâtons, maladroitement, la bouche de Victoria.
Les ongles de Zach s’enfoncèrent un peu dans la chair de Lucy.
Duncan scella ses lèvres à celles d’Helena.
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MessageSujet: Re: I only have eyes for You [PV Duncan]   I only have eyes for You [PV Duncan] I_icon_minitimeMer 17 Juin - 23:47

Je l'entendais approcher malgré son pas feutré.
Celui du chasseur à l'affût de sa proie,
Celui de l'assassin soucieux de ne pas alerter sa victime,
Celui de l'amant qui entre dans le lit sans éveiller sa dulcinée.

Je le voyais presque à travers le mur vaciller en direction de la chambre avant d’apparaître dans un tendre grincement.

La tension envahissait la pièce comme le vent qui s'engouffre par la fenêtre les soirs d'orages. Je demeurais immobile, comme la princesse passive des comtes de fée, comme endormie. Mais je ne dormais pas et il le savait. Il ne pouvait ignorer ma respiration chaotique et les mouvements saccadés de ma poitrine. Il ne pouvait ignorer mes yeux grands ouverts dans l'attente de son arrivée, affamés des moindres détails de sa silhouette qui approchait dans l'obscurité.

Ses doigts effleurèrent ma peau, d'une caresse incertaine et hésitante. Un contact qui souffla sur les braises qui régnaient déjà dans mes entrailles. Je me mordis la lèvre savourant la chaleur de sa main couvrant ma nudité.

A quoi pensait-il ses mains s'égarant sur le paysage blanc que mon corps lui offrait ? Le ressentait il lui aussi, ce besoin impérieux de franchir cette barrière invisible qui nous avait tant séparé, cette limite, ce tabou, cette muraille de Chine qu'ils avaient tous cherché à bâtir entre nous et ce depuis notre naissance. Cette censure que le monde injuste et ignoble nous avait imposé. Je le laissais approcher combattant non sans difficulté l'appel de la chair.

Ce corps si familier dont je connaissais presque les moindres détails à force de l'apprendre par cœur, ce corps si étranger que je n'avais jamais osé faire mien. Contre moi, il devenait l'armure indestructible qu'il me manquait, la moitié de moi que j'avais toujours cherché en vain. Je l'imitais l'enlaçant tel un reptile, soucieuse de réduire au maximum la distance entre nous. Mes yeux le suppliaient, l'imploraient.

« Embrasse moi » « Duncan embrasse moi » Telle était la litanie qui s'accaparait mon esprit.

Puis soudain il se pencha sur moi. Mon cœur s'arrêta de battre un instant pour repartir comme celui d'un nouveau né tandis que nos lèvres se liaient enfin. Après toutes ces années, ces nons dits, la mort et l'enfermement, après toutes ces nuits malheureuses et clandestines … Je revivais un véritable big bang. La création d'un million de météorites dans ma tête. Je les sentais s'écraser sur chaque pore de ma peau. Mes jambes se resserrèrent sur les siennes pour l'attacher davantage à moi. Non, je ne pouvais le laisser partir.

On ne pouvait pas s'arrêter là, défaire notre étreinte et oublier. Impossible d'oublier. Tout comme je ne pourrais jamais oublier les cris et le sang.

Mes lèvres glissaient, dansaient sur sa peau. Ma langue cherchait désespéramment la sienne, comme si c'eut été nécessaire à ma survie.

L'envie de superposer nos deux peaux surpassait tout. Plus rien d'autre n'existait. Je ne voyais plus le plafond défraîchi et les poster aux coins abîmés. Rien que le regard de William, les lèvres de Zach, les mains de Duncan.

Ma main s'arrêta sur son tee shirt prête à le relever, cherchant son approbation dans son regard. J'étais incapable de prononcer le moindre mot, hypnotisée par ses iris verdoyant. Comme si je craignais qu'il ne s'évanouisse comme un rêve. De toute façon il n'y avait pas de mots suffisant pour décrire ce que je ressentais. Les milliers de façon de dire « je t'aime » n'auraient pas suffit. Celles pour dire « je te veux » non plus . La volonté qu'il soit mien, d'être sienne, profondément ancré dans mes cellules.

Non, en réalité je n'avais jamais vraiment fait l'amour avec un homme.
J'avais tout à donner,
Tout à prendre,
Tout à apprendre.
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MessageSujet: Re: I only have eyes for You [PV Duncan]   I only have eyes for You [PV Duncan] I_icon_minitimeSam 18 Juil - 5:22

Était-ce cela, la vraie Liberté ?
Cette sensation grisante de s’affranchir de toutes les règles, jusqu’aux plus sacrées ? Cela allait bien au-delà de la Loi. Cela allait au-delà de tous les principes. De l’autorité familiale, également. Duncan croyait ressentir exactement ce qu’il ressentait lorsqu’enfants ils se réfugiaient tous les deux dans les recoins abandonnés de la grande demeure londonienne. Ils dépassaient les limites, gagnaient un territoire dont la neutralité venait anéantir toutes les lois moralistes qui entouraient leur condition de gosse de l’époque. La Liberté. La vraie, depuis qu’il était ressorti de prison. Ainsi, il ne pourrait la goûter autrement qu’à travers les lèvres de sa sœur. C’était sa croix, sa malédiction à porter. La plus belle de toutes. Elle était réceptive, plus qu’il n’aurait jamais osé en rêver. Pourtant, c’était lui qui était censé être le monstre. Jamais, dans ses songes les plus fous, il ne l’avait imaginé ainsi, offerte, prête à être cueillie. Ses bras autour de lui. Une camisole bien douce comparée à celle dont on avait déjà dû l’étreindre. Tout cela était nouveau. La sensation de se tenir là, souffle contre souffle, respirant les effluves de l’autre, le même air, rejetant presque le même carbone simultanément. Cette peau dont il connaissait l’odeur sur le bout des doigts, à portée de baisers. De quoi le rendre définitivement cinglé. Quelque chose l’emprisonna aussi plus bas, et il comprit qu’il s’agissait des jambes de la jeune femme, lianes fluides et suaves qui sauraient retenir l’objet de leur désir comme il se doit. Il ne tenta pas de s’extraire de leur étreinte. La première, elle partit en quête de sa langue qu’il lui donna avec maladresse mais bonne volonté. Même si quelque chose n’allait pas. Même si c’était… Mal.

Ses doutes le frappèrent au moment où Helena cherchait à le dénuder. Il marqua alors une pause et se redressa tant bien que mal, le cœur battant à tout rompre. Il se rendit compte de l’absurdité de la situation. Lui, au-dessus, sur ce corps totalement nu que plus rien ne protégeait. Submergé par une émotion sauvage et animale mais plus encore par ses dernières velléités pour leur résister, il dut fermer les yeux et arqua sa nuque vers l’arrière, ne consentant à rouvrir les paupières que pour fixer le plafond jusqu’à en avoir mal aux rétines.

« On peut pas… »

Vingt ans de conditionnement, d’auto-persuasion. On ne les effaçait pas comme ça. Pourtant, ses mots semblaient tellement vains, comparés à l’appel de tout son être vers elle.

« Tu vas le regretter… Et tu m’en voudras… Et ce ne sera plus comme avant… »

Ou bien pas avant des années. C’était exactement ainsi que les choses s’étaient passées lorsqu’il avait assassiné leur famille. Elle ne lui avait pas pardonné tout de suite. Elle avait cultivé un ressentiment sourd qu’il avait perçu bien des mois après que le sang des Carlyle n’ait fini de sécher sur les dalles de la cour, au plus noir de la cave ou sur l’émail d’une baignoire.

« Tu vas regretter. »

Pas lui, non. Lui, il est allé trop loin. Mais elle, peut encore s’en sortir. Porteuse de ce virus de démence, mais pas encore contaminée par lui. L’Anglais voudrait l’en préserver. Il voudrait finir le boulot, comme il se l’est toujours promis. Toutefois, il savait que si sa sœur partait vivre avec un autre homme que lui, cela signifierait la fin. Sans rémission possible. Sans avenir, sans destin. Plus rien ne vaudrait de supporter un quotidien aussi vide, aussi creux, s’il la savait heureuse ailleurs, dans les bras d’un autre, mère d’une progéniture en laquelle il craindrait de lire le regard de leur propre père. Était-ce pour ça, l’inceste ? Cette envie d’en finir avec la lignée ? De consommer une dernière fois dans l’horreur l’abomination d’une race peut-être bousillée par de fumeux mariages consanguins d’un autre temps ? Rien de tout cela ne serait impossible. Leur lignée était noble. Plus que leurs âmes.
C’est presque à regret qu’il s’empare lui-même des pans de son t-shirt pour le retirer. Parce qu’il étouffe. Parce que ses désirs le démangent comme une gale vicieuse, comme des plaques purulentes sur sa peau pourtant lisse et vierge.
Il n’en respire pas beaucoup mieux.

« Tu ne veux pas vraiment ça. »
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MessageSujet: Re: I only have eyes for You [PV Duncan]   I only have eyes for You [PV Duncan] I_icon_minitimeLun 19 Oct - 12:17

C'est en ce moment même que je comprenais le moins pourquoi est ce le monde s'évertuait à condamner ce rapprochement. Contre nature, perversité, abomination, … ces mots orduriers je les balayais tous d'un baiser, tout simplement. Contre la haine et les préjugés je faisais le choix de l'amour. De la seule personne qu'elle j'ai toujours aimé, même dans les moments les plus sombres de mon existence. J'en avais cure de leur morale et de leurs lois. Que savent il de l'amour ? Eux qui ne savent que juger … Je me perdis dans son regard, pendue à ses lèvres, recueillant ses doutes, ses hésitations comme autant de lacérations pénitentes. Je fis le silence en moi quelques secondes avant de murmurer

« Pourquoi ? …. Pourquoi ne pourrait on pas ? ... »

La réponse semblait évidente. Mais je la refusais en bloc. Si nous le voulons tous deux qui nous en empêche ? Mon visage trouva refuge dans le creux de son cou pour dissimuler ma peine, ma détresse. Les bien pensants parviendraient-ils à me prendre mon âme, mon seul amour ? Je sentais son corps chaud contre le sien, son odeur masculine , la seule que j'apprécie réellement, sa présence rassurante, apaisante. Les autres hommes ne sont que des instruments dans mes mains, des remèdes illusoires pour m'oublier, ma vengeance insensée. Pour autant malgré la puissance du désir qui me rongeais je me refusais à m'imposer à lui, à sa volonté... Pas toi mon frère … Je ne te souillerai pas comme tout ce que je touche. Si tu ne ne veux pas de moi … J'attendrai … Toutefois les mots franchirent mes lèvres. Je ne pouvais pas le laisser s'égarer, se tromper de la sorte.

« Je ne peux pas regretter ce que j'ai attendu toute ma vie... Je ne peux pas t'en vouloir pour ce que j'ai déclenché... Duncan … ce ne sera de toute façon plus comme avant »

Comment voulait il qu'il en soit autrement ? Maintenant que j'ai goûté tes lèvres, que je t'ai offert son corps sans pudeur, sans barrière. Je ne pourrais jamais l'oublier. Jamais … Et il en serait de même pour toi … C'est inévitable …

« Non jamais ... »

Tu es à moi … Je ne supporterai jamais de savoir ce corps à une autre, de sentir une autre odeur féminine que la mienne dans son cou. Je n'aurai pas le choix évidemment si l'une d'elle s'emparait de lui et me le prenait pour toujours. J'en mourrais sûrement. J'en meurs déjà un peu rien que de l'imaginer.

Il me dévoila son cœur, je le touchais du bout des doigts. S'il savait...

« Si je le veux … mais je comprend tes doutes … J'attendrai... »

Je scellai ces mots d'un baiser sur ces lèvres, plus doux, presque chaste en comparaison de celui que je lui avais offert précédemment, contenant toute la violence de mon envie de lui.

« Ne te berce pas d'illusions mon frère … nous y reviendrons un jour … »

C'était reculer pour mieux sauter. J'en étais intimement convaincue … rien ne serait jamais plus pareil. Un jour lorsque tu seras prêt nous nous unirons ... Le cœur ne ment pas.


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I only have eyes for You [PV Duncan]
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