Friday night bites [Valentin]



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 Friday night bites [Valentin]

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MessageSujet: Friday night bites [Valentin]   Friday night bites [Valentin] I_icon_minitimeJeu 23 Oct - 22:26

Vendredi soir.
Week-end, ou presque. J’étais de garde fort heureusement. Rester chez moi à tourner en rond aurait été la pire façon de m’aider à penser à autre chose. Ce week-end, je l’aurais passé à angoisser, encore. Ne plus m’occuper l’esprit avec mes patients reviendrait à songer à la nuit du massacre. Je préférais travailler, quitte à me reprendre des tranches de passé dans la tronche. C’était à regret que je rangeais mes affaires, fixant la montre d’un air désolé. 19 heures. Plus de patients à prendre en consultation, et pas d’urgence de dernière minute. Time to go home. Mon téléphone portable était toujours éteint. Pris entre plusieurs envies contradictoires, j’ignorais s’il m’était préférable de rentrer et de me murer dans une apathie fatigante comme j’en prenais doucement l’habitude, ou s’il était temps de me secouer pour sortir la tête du marasme. Problème : je n’avais aucunement l'intention d’allumer mon cell pour appeler des potes et les inviter à sortir. Pas envie de faire semblant. De prétendre que tout allait bien, de trouver des excuses pourries au traditionnel « Pourquoi on arrivait pas à te joindre ? ». Pas envie de me bourrer la gueule pour que la descente se transforme en cauchemar émotionnel et me fasse déblatérer tout un tas de conneries compromettantes. Agacé, ne sachant sur quel pied danser, je me trouvais surtout dans la situation qui, d’ordinaire, ne posait pas le moindre problème dans ma vie quotidienne. J’adorais sortir les vendredi soirs. J’avais gardé une profonde nostalgie des soirées étudiantes tous les vendredis, et j’aimais encore aujourd’hui perpétuer le rituel lorsque je ne bossais pas le lendemain. Or, deux obstacles se dressaient face à moi. Non seulement je bossais demain, mais il était donc hors de question de joindre qui que ce soit. Ma culpabilité, elle, se foutait bien de savoir quel jour on était. Elle squattait en permanence mes tripes, plus ou moins réveillée selon les moments de la journée et mes interlocuteurs. D’ici à ce que je rentre à l’appart, elle aurait probablement déplié ses longs tentacules poisseux, qui viendraient jusqu’à me donner l’impression que la nausée pourrait frapper à tout moment jusqu’à ce que le sommeil m’emporte. Une soirée jobard à prévoir, en l’occurrence.

Quittant mon étage après avoir salué Laureen encore occupée à classer des papiers, je me glissai dans l’ascenseur, coincé entre une visiteuse du troisième âge et un toubib que je ne connaissais même pas, provenant sans doute des équipes du dessus. Les mains dans les poches, je traversai le grand hall pendant que les résidents temporaires de la cabine se dispersaient comme des moineaux de part et d’autre. Beaucoup d’activité, du côté du standard comme près des machines à café et de ce que j’appelais le coin « bureau du tabac » à cause des journaux et des livres qu'on y vendait en permanence. Je ralentis d’ailleurs l’allure en passant devant le simili-kiosque. J’avais besoin de clopes, je n’en aurais pas assez pour tenir tout le week-end. Ce n'était qu'une idée, comme ça. Néanmoins, je ne pus me résoudre à franchir les quelques mètres qui m’en séparait, même pour aller jeter un oeil aux dernières publications. Tout comme je compris que je ne serais pas capable de sortir pour m'acheter de quoi fumer avant un bon moment.

Bureau de tabac. Mathias. Carrelage. Douleur. Confessions. Je vais mourir. Arbalète. Okay.

Tss. Je ne vais pas arrêter de rentrer dans un bureau de tabac parce que je suis obsédé par le souvenir de Mathias tournant en rond dans cet espace exigu, pissant le sang et la colère et me toisant comme le fauve qu’il était, si ? Bah écoute, faut croire que si. Pas envie de réveiller le sens de l’odorat là-dessus non plus. Rageusement, je me détournai, repoussant aussi l'envie d'acheter de la lecture par la même occasion, puis traversai les portes rotatives pour me retrouver dehors. Des bourrasques de vent frais soufflaient et faisaient s’envoler les pans des jupes, des manteaux, les cheveux des femmes. Palpant la poche de ma veste, je fouillai à la recherche du zippo et de mon paquet, extrayant une cigarette pour la glisser entre mes lèvres. Tout en avançant dans l’allée principale, je tentai de faire naître une flamme suffisamment vivace pour embraser le bout. En vain. Tâchant de juguler mon énervement, je continuais d’avancer à l’instinct, connaissant tellement les lieux que la difficulté était bien moindre que d’allumer ce putain de mégot.

« Okay, merde. »

Je finis par lâcher l’affaire, me dirigeant vers le parking réservé aux médecins. Je n’arrivais pas à venir au boulot à pied, depuis. Je ressentais le besoin de me protéger pendant le bref trajet, bien à l’abri dans l’habitacle. Je passai forcément devant les places de stationnement réservées aux ambulances. L’une d’elles était ouverte, et même si les battants me bouchaient la vue, j’aperçus une paire de pieds masculins qui firent naître un brin d’espoir. Quand j’vous disais que j’étais désespéré au point de gratter des minutes pour retarder le moment de rentrer chez moi, c’était pas vraiment de la blague. Et si d’ordinaire j’évitais de venir taper la discute, je savais qu’il existait un ambulancier en particulier qui avait l’incroyable faculté de vous ramener illico un sourire sur le visage. Un peu de naïveté dans ce monde, ça ne faisait pas de mal. C’est pourquoi je contournai le véhicule, et tombai sur le dos de la silhouette de Valentin. La bestiole planquée dans mon ventre compris qu’il n’était pas encore temps de se pointer et de venir faire chier le monde, et repartit se terrer un peu plus loin. Enfonçant mes paumes dans mes poches, je regardai quelques secondes en silence le jeune homme mettre visiblement de l’ordre à l’intérieur, avant de lancer d’une voix que j’espérai joviale :

« Alors, ça bosse ? T’es pas encore en week-end ? »
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MessageSujet: Re: Friday night bites [Valentin]   Friday night bites [Valentin] I_icon_minitimeVen 24 Oct - 12:04

« Je veux son prénom, son nom, son âge, le numéro de téléphone de ses parents, l’adresse, leur régime alimentaire, tu leur donne mon numéro de téléphone, tu rentres demain matin sans faute et tu as intérêt à être sage. »

Lâcher son enfant qui veut s’amuser chez un autre, ce devaient être les pires décisions que Valentin devait prendre à chaque fois que sa fille désirait dormir ailleurs. Si ça ne tenait qu’à lui, il la garderait toujours à la maison pour une question de sûreté. Mais d’une, dire non à Abi était de loin l’épreuve la plus coriace du papa. De deux, il savait que s’il l’empêchait de sortir maintenant alors il en bavera une fois adolescente. Alors voilà. Ce soir, vendredi soir, Valentin n’aura pas à oublier d’ aller chercher sa fille à l’école car elle dort chez un camarade de classe. Il sera seul pour toute la soirée. Malgré ses précautions, il garda l’esprit tranquille une fois au travail. Même lorsque durant l’un de ses trajets, après avoir déposé un patient, il fit un détour par l’école où était sa fille pour se faire accueillir par un « La honte, papa, faut pas que tu restes ! ». Néanmoins elle aura quand même pris le goûter qu’il lui avait apporté. Ah, les gosses.

L’homme n’eut pas un seul repos dans la journée. À chaque fois qu’il tentait de prendre une pause pour nettoyer sa belle et charmante ambulance qu’il a appelé Myriam, il entendait son coéquipier crier « BELINSKI ! » comme à chaque fois qu’ils devaient repartir en urgence. Et c’était la course folle dans les immeubles, les trottoirs, les entrepôts, les quais et ce parcours d’obstacle délicieux qu’était la ville. Ses jambes s’épuisaient alors que son esprit se vivifiait, toujours autant émerveillé par son travail. Et puis la fin de la journée s’annonça et sans avoir eu le temps d’en faire le bilan le coéquipier avait disparu. Bon. Valentin songea qu’il n’allait pas tarder lui aussi. Une heure et demi plus tard, il était encore là à ranger Myriam. Il l’avait même lavé comme à chaque fois lorsqu’il s’apprête à la laisser seule dans le noir tout un week end. La relation entre une ambulance et ses deux ambulanciers était très intime, peut-être autant qu’un camionner avec son camion. Myriam était le passe-droit qui permettait de traverser la ville de long en large plus vite qu’aucun autre véhicule n’en avait le droit. Ce privilège, Valentin n’en abusait pas bien entendu. Néanmoins il ne se lassait pas de voir les gens lui céder le passage lorsque le gyrophare était en alerte et qu’il avait une destination bien précise à atteindre. Le seul regret que l’homme peut parfois éprouver lorsqu’il remet le brancard aux médecins une fois à l’hôpital, c’est de ne pas savoir si le patient allait survivre ou non. Le devenir de l’individu qu’il transporte parfois une ou deux heures dans son ambulance pour l’amener en zone hospitalière l’importe d’autant plus si ce patient était capable de faire la conversation pendant ce temps. Parfois l’ambulancier prend la peine de demander à l’accueil l’état de santé de quelques patients qu’il a amené, mais il n’a pas le droit d’aller les voir.

Ce soir donc, son repos entamé, il rangeait. Cela dit, ranger est un bien grand mot pour l’esprit peu ordonné de Valentin. Et tout en chantonnant ce que la radio lui laissait entendre, il ne faisait qu’empiler les objets qui se ressemblaient les uns sur les autres dans la camionnette. Il en avait profité aussi pour nettoyer le sang tombé sur le sol de l’ambulance et pour vérifier que tous les appareils fonctionnent. Alors qu’il tripatouillait quelques boutons en sachant heureusement ce qu’il faisait il entendit une voix. D’abord il se dit : tiens, les animateurs de radio parlent pendant la musique maintenant. Ensuite, il se souvint qu’il connaissait cette voix. Enfin, il se retourna.

Le sourire qui apparût sur son visage et qui s’élargit jusqu’à ses oreilles était celui d’un gosse à qui l’on venait d’apprendre qu’il allait au parc d’attraction. La joie qu’éprouvait Valentin à ce moment était similairement la même, n’ayant aucun contrôle sur ses émotions positives et se laissant volontiers sauter du camion pour aller saluer son ami, la main toute mouillée de produit, tendue des fois que Ian aurait encore d’en sortir une de ses poches pour la lui serrer et s’imbiber de nettoyant pour sol.

« Bonjour Ian ! Je viens de finir, il est tôt. » - fit-il avant de regarder sa montre et de remarquer l’heure – « Ah non, déjà. HAAA NON ABI !! »
Et le voilà qui s’affole et agrippe son manteau avant de s’arrêter net et de réfléchir, se rappelant visiblement qu’il ne devait pas aller chercher sa fille ce soir et que de toute façon si c’était le cas il aurait eu plus d’une heure de retard.
« Hum désolé fausse alerte. ».
Soulagé, il jeta sa veste sur l’arrière du camion et se retourna à nouveau vers Ian comme si de rien était. C’était peu fréquent mais ça arrivait de le voir trainasser sur quelque chose avant de s’écrier le nom de sa fille et de partir en courant. Souvent, c’est un sms de la fillette qui rappelait au papa qu’il était censé aller la chercher à l’école. Être tête en l’air c’est une chose, être tête en l’air quand on a un enfant c’est une catastrophe.

« Bon alors, monsieur Ian McKennitt va faire quoi de beau ce soir ? » demanda-t-il l’air de rien alors qu’il referme à clé les portes de l’ambulance en oubliant vraisemblablement que sa veste et ses papiers étaient encore dedans. « T’as une tête fatiguée. »
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MessageSujet: Re: Friday night bites [Valentin]   Friday night bites [Valentin] I_icon_minitimeSam 1 Nov - 22:23

Je pense que je ne m’habituerai jamais vraiment à la bonne humeur communicative de Valentin. Je ne l’avais jamais vu en train de faire la gueule. Jamais. Pourtant, je connaissais bon nombre de ses collègues infirmiers qui avaient préféré se retrancher derrière un masque imperturbable pour pallier à un boulot compliqué et fort en sensations. Mais d’autres, comme lui, optaient pour le sourire perpétuel. En bon misanthrope, j’étais toujours un peu surpris de constater que la gentillesse entre êtres humains pouvait s’appliquer, qu’ils se connaissent intimement ou non. Voir un ambulancier rassurer un médecin, une aide-soignante pallier volontairement au devoir d’une infirmière, un chirurgien sourire avec chaleur à un agent de l'entretien… L’hôpital était un tel panier de crabes qu’on y trouvait n’importe quoi, du coquillage le plus inoffensif au requin de la pire espèce. Et si je devais qualifier mon pote ici présent… J’aurais opté pour un poisson clown, m’est avis. Contaminé malgré moi, je souris face à son visage embelli par la joie de me voir à quelques mètres. Il me tendit la main, que je considérai avec une moue songeuse. Je maltraitais suffisamment mes paumes comme ça, à force de manier les armes et surtout de les imbiber de gel désinfectant quotidiennement pour mon travail. Il ne se passait pas un seul jour sans que je ne leur applique une crème particulière, histoire d’éviter les rougeurs et surtout les craquellements de la peau. Sans compter mes soucis relevant de la pathologie concernant l’hygiène. Alors le nettoyant pour bagnole…
Je sortis la main de ma poche, oui. Pour lui fourrer dans la sienne un paquet de mouchoirs.

« Tiens. Essuie-toi la paluche d’abord, et ensuite on verra. »

Il n’eut pas à le faire, du moins pas tout de suite. Je lus sur ses traits la merveilleuse prise de conscience découlant directement du coup d’œil jeté à sa montre. En effet, s'il était tôt pour nous, il était tard pour d'autres. Et en effet, s’il avait à aller chercher sa gamine à l’école, il était grand temps de se réveiller. Je m’étais fait à ses moments de lucidité aussi foudroyants que comiques, même si les conséquences n’étaient pas toujours agréables à prendre pour lui. En revanche, je ne pus retenir mon hilarité quand il s’aperçut qu’il avait crié au loup en vain. Un rire qui fit du bien.

« Putain Val’… T’abuses, quand même. »

Mais je ne le jugeais pas. Au contraire, je l’admirais. Élever un enfant tout seul… une gageure que je n’aurais jamais relevée moi-même. J’étais trop lâche, trop égoïste, et surtout beaucoup trop occupé pour pouvoir m’occuper d’une autre créature que ma petite personne.

« Ce soir ? J’sais pas… J’avais pas prévu grand-chose, à vrai dire. »

Bordel. Tu peux pas avoir l’air encore plus dépressif, tant que t’y es ? Adoptant une posture aussi décontractée que nonchalante, j’évacuai d’un coup d’épaule.

« Je suis fatigué, oui. Pas mal de taff en ce moment. »

Et plus pourri comme excuse ? Quoique, elle avait l’avantage de toujours plutôt bien passer, celle-là. Étouffant un bâillement qui n’avait justement rien de feint, je lui retournai la question :

« Et toi alors quoi de prévu ? Comment ça se fait que tu ne sois pas allé chercher ta petite demoiselle ? »

J’avais honte, je ne me souvenais plus du prénom de sa gosse, et je n’osai pas lui demander de me rafraîchir la mémoire. Si j’avais certes des circonstances atténuantes, Valentin n’était pas censé les savoir, et moi je n’avais pas à m’abriter derrière en permanence. Or, s’il y avait bien quelque chose que je refusais, c’était lui faire de la peine ou lui laisser le croire que je ne l’écoutais pas quand il me parlait de sa vie de famille. Le souci d’être un toubib : on voit tellement passer d’identités, de noms, de prénoms… Qu’une fois sorti du taff on n’a qu’une seule envie : les oublier et se focaliser uniquement sur ses plus proches connaissances.

« D’ailleurs, tu n’as toujours pas de nouvelles de ta femme… ? Venant des flics, tout ça… ? »
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MessageSujet: Re: Friday night bites [Valentin]   Friday night bites [Valentin] I_icon_minitimeDim 2 Nov - 17:21

Quelques montées d’adrénalines ne faisaient jamais de mal au cœur solide et enthousiaste de Valentin qui, à défaut de connaître la déception, avait bien besoin de légers coups de stress pour garder les pieds sur Terre. La remarque de Ian sur son comportement lui valut une petite moue embarrassée ainsi qu’un réflexe machinal de sa main dans ses cheveux. Oui oui, la même main qui a trempé dans un produit ménager quelques secondes plus tôt. Il s’en rendit compte, la retira, ébouriffa sa coupe de son autre main pour chasser des gouttelettes puis passa très vite à autre chose.
Il ne pouvait pas se sentir mal parce que les émotions positives de l’instant prenaient le dessus sur tout le reste. Et ces émotions n’étaient autre que la joie de voir son ami et le soulagement de ne rien avoir oublié. Il se servit dans le paquet de mouchoirs que le médecin lui avait donné et s’essuya enfin le savon. Il en avait mis partout, y compris sur le bas de son T-Shirt gris qu’il portait sous son uniforme bleue marine. Il était toujours vêtu de cet uniforme, d’ailleurs, ne se changeant qu’une fois chez lui. En guise de bas, Valentin portait un jean serré assez clair pour contraster avec le sombre du haut.

Il remarqua facilement la fatigue qui se lisait sur le visage de son interlocuteur. Ian était le genre d’homme qu’on n’aimerait pas aller embêter aux premiers abords. Il avait cette carrure de bonhomme capable de t’encastrer la tête dans une vitre en cas de colère. Cette force physique qui se dégageait avait intimidé l’ambulancier les premiers instants de leur rencontre, mais ce phénomène avait fini par s’évaporer très vite alors que Valentin accordait sa foi et sa confiance dans la personnalité de son ami. Et cette prestance évaporait maintenant un sentiment de sécurité et de sureté, titillant même chez Valentin l’envie de chatouiller la bête à certains endroits pour voir où le poil allait s’hérisser. D’une manière agréable, bien entendu, car il n’était nul question de l’offenser ou de le mettre en colère.

Aussi naïf soit l’ambulancier, il avait cependant bien compris que son ami n’avait pas le moral au maximum. Eh oui, il savait qu’autour de lui il y avait des gens qui ne pouvaient pas voir rose partout. C’était juste incroyablement dingue à concevoir, mais il y parvenait. Si la maladie de l’optimisme était contagieuse, Valentin serait devenu un distributeur de bisous. Bien heureusement, le pessimisme ne l’était pas non plus.
Aussi intelligent soit l’ambulancier pour avoir compris que son ami n’était pas au mieux de sa forme, il s’était cependant fait berner par la seconde réponse et hocha la tête d’un air compatissant, se disant que le travail de médecin doit être accablant. Une seule solution pour y remédier, lui changer les idées ! Et comme par miracle, ce soir, Valentin était totalement libre pour y participer. Mais il n’eut pas le temps de proposer quoique ce soit car Ian lança sa question en premier.

« Mademoiselle fait sa première soirée pyjama. » répondit-il avant de murmurer à Ian sur un ton léger. « Je la laisse sortir dès maintenant et en échange j’irais surveiller tous les garçons qui l’approcheront à l’adolescence héhéhé. » avant de pousser un petit rire sadique, s’imaginant qu’il allait réussir à garder sa princesse et que JAMAIS PERSONNE ne viendra toucher à son trésor. Non mais.
Il pensa à autre chose lorsque son ami mentionna la recherche sur sa femme. Le visage de Valentin s’illumina comme s’il avait quelque chose d’important à annoncer à ce sujet. Cela dit, à chaque fois qu’il en parle il s’imagine avoir une piste et déblatère des faits qui n’ont que trop peu de concordance avec sa femme. Il fit signe à Ian d’attendre un instant et se précipita sur sa voiture qui était garée à quelques mètres. Le garçon fouilla ses poches, se rendit compte qu’il n’avait pas son manteau sur lui, se souvint qu’il avait laissé ceci dans l’ambulance, repartit donc ouvrir l’ambulance, enfila sa veste, sortit ses clés de voiture, retourna à sa voiture, l’ouvrit, se pencha sur le siège passager pour s’emparer d’un journal, se releva, ferma son auto et revint tout pimpant vers Ian en lui tendant l’article qu’il avait pris soin d’entourer au feutre rouge.
« Mardi soir la police a interpellé un groupe de jeunes femmes qui sortaient d’une boîte de nuit et qui se sont enfuies. Ils ne les ont pas retrouvé mais devine quoi ? L’une d’elle était rousse ! Tu t’rend compte ? C’est peut-être elle ! » s’exclama-t-il joyeusement en s’imaginant dix-mille scénarii pour chaque intervention de la police. Il ne manquait jamais de pistes parce qu’il croyait à tout. Le pire étant que lorsqu’il allait au bout et qu’il se rendait compte de son erreur il se disait simplement que c’était ça de moins à chercher pour trouver sa belle.
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MessageSujet: Re: Friday night bites [Valentin]   Friday night bites [Valentin] I_icon_minitimeMer 5 Nov - 19:30

Parfois, Valentin me faisait penser à un gosse planqué dans un corps d’adulte. À le voir de loin on aurait pu penser à un type assez consciencieux, sérieux et volontaire. Et si son tempérament réel n’influençait en rien ces trois dernières qualités, il était impossible de deviner à distance la légèreté qui planait en lui. Même en tant que père, jamais je ne l’avais vu en parler comme beaucoup le faisaient, c’est-à-dire comme si toutes les responsabilités du monde leur étaient tombées sur le dos, et qu’ils l’assumaient avec un orgueil démesuré, persuadés que leurs têtes blondes dirigeraient un jour le monde. Enfin… J’parlais surtout pour mes collègues médecins. Ceux du genre : « Tu seras toubib, mon fils. ». N’importe quoi. Non. L’ambulancier, lui, était resté humble. Il était le plus humain à mes yeux, parmi cette vaste fourmilière. Voilà pourquoi il avait réussi à freiner ma course stérile vers un retour à la case départ. À le voir brièvement dépité face à ses fringues salies de produit, on se serait presque attendu à l’entendre annoncer que sa mère lui passerait un savon une fois rentré chez lui. Et là encore, je me surpris à sentir mes idées noires s’envoler un peu. Ce type devait être un peu magique, en fait.
L’écouter me parler du quotidien me procurait un bien fou. Il me rappelait que dehors, la vie continuait. Que les vampires n’avaient pas réussi à obscurcir l’avenir de tout le monde, et qu’heureusement l’innocence avait toujours sa place. Je n’avais jamais vu sa fille autrement qu’en photo, qu’il s’était empressé de me fourrer sous le nez avec une joie évidente. Si d’ordinaire je n’aimais pas particulièrement m’extasier sur les mioches de mes collègues de travail, je n’avais pu que reconnaître avec honnêteté qu’elle avait l’air jolie et adorable. Cela me permettait de me la figurer désormais avec plus de facilité, et je hochai la tête, me penchant pour lui tapoter l’épaule avec chaleur.

« Et oui, ça commence… Tant que t’as confiance, c’est l’essentiel. »

Imaginer Valentin avec une carabine dans les mains pour chasser ou maintenir à distance d’éventuels futurs prétendants était risible. Je le voyais plutôt s’empêtrer dans des poubelles, tomber, tirer par inadvertance sur une voiture qui déclencherait une alarme… et ce sans limitation de conséquences de ce genre. Nul doute qu’il aurait pu inspirer un personnage digne d’un cartoon, par moments. Comment arrivait-il gérer son chez-lui sans sa femme ? Et surtout… combien de temps encore continuerait-il à la chercher ainsi, avec l’espoir fou de pouvoir la retrouver avant qu’un malheur n’arrive ? Comme la plupart de ceux qui le connaissait à l’hôpital, j’avais préféré fermer les yeux, lui sourire tel un hypocrite que je n’étais pas, ce pour ne pas voir s’éteindre l’étincelle qui brillait toujours dans ses prunelles, comme en témoignait la vivacité avec laquelle il réagit. Désemparé pendant que je l’observais faire des allées et venues inutiles du fait de sa mémoire de poisson rouge, un tic nerveux agita les doigts de ma main droite. Était-ce à moi de l’aider à y voir plus clair et à cesser de se voiler la face ?
Doucement, je pris l’article qu’il me tendait, et sentis ma conscience se fissurer un peu plus.

« Val…’ »

Humpf. Je soupirai.

« Tu… T’es sûr que tu es pas en train de… Enfin, je veux dire si les flics eux-mêmes n’ont pas réussi à trouver une piste, alors tu crois pas que… ? »

Oh my… C’était la chose la plus cruelle que je n’avais jamais faite depuis longtemps. Mordillant doucement ma langue avant de reprendre la parole, je croisai les bras contre mon torse, veillant à choisir scrupuleusement mes mots.

« Ça commence à faire un moment, non… ? Qu’elle est partie. »

Partir, oui. Le verbe partir c’est bien. Il peut recouvrer tellement de choses et de concepts qu’on est sûr de ne pas mentir de façon éhontée tout en restant à peu près délicat. Car mon propos ne l’était foutrement pas.

« C’est plutôt vague, quand même… Et puis… Et puis la ville est pas super safe en ce moment en plus. Tu sais, ça. Hein ? »

J’avais peur. Peur qu’il m’en veuille. Peut qu’il craque. Peur de… réveiller une peur chez lui qu’il ne voulait peut-être pas affronter. Mais le voir lutter ainsi avec des courants d’air me peinait trop pour lui.

« Tu ne penses pas qu’il lui soit arrivé quelque chose, alors ? Parce que regarde, ça aurait pas trop de sens de partir sans plus te donner de nouvelles d’un seul coup, non… ? »
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MessageSujet: Re: Friday night bites [Valentin]   Friday night bites [Valentin] I_icon_minitimeJeu 6 Nov - 17:18

Ian est probablement le médecin mais surtout l’homme pour qui Valentin avait le plus de sympathie ici. Pour tous ces points communs qu’ils n’avaient pas mais qui ne les empêchaient pas de s’entendre. Pour le caractère parfois un peu réservé de Ian que Valentin tentait de réchauffer à coup d’insistance et de sociabilité. Il appréciait grandement la compagnie de cet homme et ne pouvait que se réjouir de s’être fait un tel ami dans cette nouvelle vie. Il espérait que le jour où la future madame Belinski réapparaîtra – car il était certain dans sa tête qu’elle reviendrait – elle ne lui demandera pas une nouvelle fois de déménager et de changer de ville, comme elle avait pu le faire auparavant.
Valentin était curieux de connaître des tas d’informations sur le toubib mais éprouvait beaucoup plus de plaisir à les entendre de vive voix plutôt qu’à fouiner à l’insu de son ami. Dans tous les cas Ian était condamné. Il avait l’affection de Valentin et ce dernier éprouvait des besoins de contacts très souvent.

À la remarque anodine de Ian à propos d’Abbigail, Valentin approuva d’un hochement de tête totalement naïf. Il ne voyait aucune raison de se méfier. Non seulement sa fille lui avait donné toutes les données nécessaires, elle lui avait promis de l’appeler au moindre petit problème mais en plus, sans qu’elle ne le sache, le papa-poule s’était empressé de contacter et de rencontrer la maîtresse de maison chez qui sa fille passait la nuit. Repas équilibré, OK. Plusieurs lits, OK. Jeux sous surveillance, OK. Aucun garçon, OK. Malgré le détachement du père, ce dernier éprouvait tout de même une appréhension à voir sa fille grandir ainsi. Il s’efforçait de ne pas y penser et, lorsque c’était tout de même le cas, il réussissait encore à se convaincre qu’il ne sera plus seul lorsqu’Abbi atteindra le cap difficile de l’adolescence. Personnellement, Valentin n’avait jamais posé le moindre gros souci à ses parents. Il n’y avait pas eu de crise spéciale, encore moins de dispute violente ou de fugue. Ses bulletins scolaires n’avaient pas changé, il sortait peu le soir et pire encore : il n’a jamais été ivre de sa vie.
Cependant on lui en avait tant dis sur le calvaire d’un enfant adolescent qu’il espérait de tout cœur que sa fiancée soit de retour avant qu’il ne devienne le papa-esclave-jtedéteste-viensmchercherchuisbourrée de son trésor. Il avait l’esprit léger, ne se projetait habituellement pas dans l’avenir, mais il prenait aussi son rôle de père bien assez à cœur pour se soucier du bonheur futur de son enfant. Mais bon. Comme le résumait sa Valophilosophie, Hakuna Matata tout ira bien !

À l’annonce de la recherche de sa fiancée – Et Val était reconnaissant du soutient que lui avait apporté Ian à ce sujet – l’ambulancier s’était hâté de montrer à son ami la nouvelle piste qu’il lui avait été donné de trouver. Il remarqua sans mal la gêne chez son ami, et cette figure bien loin de la joie que Valentin éprouvait à cette annonce. Il se demanda ce qu’il pouvait bien y avoir de mauvais dans cet article, et s’empressa de montrer du doigt le bon endroit à lire, des fois que Ian n’ait pas saisi la gros cercle rouge autour.

« Val…’ »
L’ambulancier leva un regard intrigué chez son ami.
« Tu… T’es sûr que tu es pas en train de… Enfin, je veux dire si les flics eux-mêmes n’ont pas réussi à trouver une piste, alors tu crois pas que… ? »

Il avait l’air tellement embarrassé. Comme si quelqu’un lui tirait de force des vers du nez. Valentin ne l’interrompit pas, sentant bien que son ami essayait de lui dire quelque chose et que ça serait probablement encore plus difficile si le garçon ne lui en laissait pas l’occasion.

« Ça commence à faire un moment, non… ? Qu’elle est partie. »

L’ambulancier compris où le toubib voulait en venir. C’est une éventualité que les policiers avaient tenté de le lui faire accepter il y a quelques temps, en vain. Valentin avait adopté un regard soucieux et un visage concentré alors que ses yeux fixaient sans pitié ceux de son ami. Il ressentait comme un pincement dans le bide. Devait-il demander au docteur ? ah, ah. Il savait ce qui voulait lui nouer l’estomac et c’était quelque chose qu’il n’avait certainement pas l’habitude de ressentir. Si Valentin pouvait avoir déjà ressenti ça lorsqu’il était seul avec lui-même, jamais personne n’avait réussi à réveiller cette douleur étrangère chez lui.

« C’est plutôt vague, quand même… Et puis… Et puis la ville est pas super safe en ce moment en plus. Tu sais, ça. Hein ? »

Cela faisait partie des détails que Valentin préférait ignorer. D’autant plus qu’il n’avait jamais eu de problème lui-même depuis son arrivée ici. Mais il n’était dans cette ville que depuis quelques mois et ne s’attirait pas d’ennui. C’est le regard toujours plongé dans celui de Ian qu’il laissa ce dernier s’achever d’embarras tout seul.

« Tu ne penses pas qu’il lui soit arrivé quelque chose, alors ? Parce que regarde, ça aurait pas trop de sens de partir sans plus te donner de nouvelles d’un seul coup, non… ? »
« Ben… » finit-il par répondre en insistant longuement sur le dernier phonème. « Peut-être qu’elle prépare quelque chose. Peut-être qu’elle est partie mais va revenir. Peut-être qu’elle s’est engagée dans l’armée. Peut-être qu’elle a eu un accident quelque part et se rétablit. Peut-être qu’elle a perdu la mémoire et je dois la retrouver ! » Si le ton de sa voix avait commencée d’une manière assez grave, elle s’éclaircissait et s’accélérait au fur et à mesure que son cerveau lui débitait à une vitesse considérable toutes les possibilités existantes pour chasser à grands coups de pompes le nœud de son estomac, « Elle a rejoint une secte, elle est devenue agent secrète et ne peut pas me recontacter avant d’avoir terminé sa mission, elle est partie œuvrer chez médecin sans-frontière, elle s’est perdue en ville, elle a rejoint une troupe de cirque itinérant ! »
Ayant retrouvé son aplomb aussi vite qu’il l’avait perdu, il eut même un sourire bête en s’imaginant sa chérie dresser des animaux sauvages. L’homme avait une faculté extraordinaire à recouvrir ses mauvais sentiments de bonnes intentions et de bonnes croyances. C’était inné chez lui, c’était l’essence même de son être qui lui faisait voir le meilleur partout.
« Tu vas voir vieux, tu l’adoreras quand je te la présenterais ! » finit-il en s’imaginant déjà avoir cette chance de présenter son meilleur ami à sa femme et, encore plus loin, il eut cette idée qui lui sembla formidable à lui petit mortel émerveillé. « D’ailleurs.. Heu.. Tu voudrais être mon témoin ? »
Parce que dans la tête de Valentin, non seulement le mariage avec sa dulcinée était toujours prévu, mais en bon garçon docile il était prêt à tout lui pardonner pourvu qu’elle lui revienne. Et si le jour de son mariage il pouvait avoir son meilleur ami à ses côtés, il serait aux anges.
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MessageSujet: Re: Friday night bites [Valentin]   Friday night bites [Valentin] I_icon_minitimeDim 16 Nov - 13:03

Il était vrai que l’alchimie créée entre Valentin et moi était très particulière. Depuis que je l’avais rencontré, j’étais persuadé que le jeune homme se faisait une mauvaise image de moi. Pas dans le sens où il me sous-estimait ou quoi, mais bien au contraire : il me surestimait ou me prêtait des valeurs dont je ne disposais pas, de mon propre avis. Si mon statut de toubib me conduisait évidemment à tempérer certains aspects de mon tempérament échauffé, cela ne m’avait jamais empêché de chambrer des collègues infirmières, de me livrer à des moments d’entrain bienvenus avec ma secrétaire bien-aimée et autres preuves d’expansivité. Mais avec lui, c’était différent. Je crois que ce qui me freinait, c’était le naturel, l’absence de calcul qui régissait sa vie entière. Je devinais qu’il n’était pas, comme moi, clivé entre deux vies, deux attitudes. J’étais en permanence obligé de faire un choix, ce qui pouvait à terme conduire à un manque de spontanéité que je regrettais amèrement dans mes mauvais jours. Lui était libéré de ce poids. Il agissait comme s’il n’y avait pas de lendemain, se donnait à fond pour chaque chose, ne faisait rien à moitié, même lorsque sa cervelle de linotte s’efforçait de lui mettre des bâtons dans les rues. En fait, il était tout bonnement désarmant. Et face à cela, je me sentais davantage prompt à l’observation, à une mise en retrait. Je l’avais laissé s’ouvrir à moi, répondre à mes questions avec une honnêteté implacable, quand pour ma part je m’étais soigneusement contenté d’en révéler le moins possible. Par prudence ? Pour l’épargner ? Parce que j’estimais que lui en dire plus ne lui apporterait pas grand-chose ? En tout cas, cela ne l’empêchait pas de m’apprécier. Un peu trop pour son bien, presque. C’était flatteur venant de quelqu’un comme lui, et je n’étais pas sûr de mériter un tel enthousiasme. Surtout quand des nuages particulièrement sombres planaient au-dessus de ma tête.

Alors me voilà, culpabilisant un peu. J’avais l’impression de vouloir le contaminer avec ma déprime, de le ramener sur terre à défaut de ne pouvoir prendre des distances avec mes propres angoisses. C’était égoïste, stupide et en même temps… je souhaitais lui rendre service. J’étais ainsi, je ne trouvais pas la complaisance dans l’illusion, et je n’aimais pas davantage voir des personnes que j’estimais s’embourber là-dedans. Un mince espoir me souleva le cœur quand Valentin me regarda, plus sérieux que jamais. Le déclic à la fois redouté et attendu allait-il se produire maintenant ? Allais-je ôter une épine du pied à tous ceux qui pensaient comme moi sans jamais oser l’exprimer à haute voix ?
Eh bien non.
Un frisson glacé se répandit dans mon estomac, et je m’exhortai à conserver un faciès aussi neutre que possible quand l’ambulancier repartit dans de folles thèses, toutes plus déjantées les unes que les autres, et ce muni d’un aplomb redoutable. Mon argumentaire scientifique pensé et repensé ne me serait d’aucune aide ici. Autant tenter de raisonner un phobique. Il était tellement enfoncé dans le déni que c’en était terrifiant, quelque part. Je le couvris d’un regard qui n’exhalait pas la pitié, mais je n’en pensais pas moins. C’était insupportable de devoir s’en tenir là, de prendre le parti de taire la version du pire, jusqu’à ce qu’un jour il comprenne de lui-même qu’il ne servirait à rien d’attendre encore indéfiniment. J’eus une pensée pour sa gosse. Comment grandirait-elle au milieu de l’incroyable positivisme de son père ? Mes épaules s’affaissèrent un peu, et un gentil sourire apparut sur mes lèvres. Bon Dieu. On n’y arriverait jamais. Et au moment où cette idée m’atteignait, voilà qu’il en remettait une couche en me jetant à la figure ses projets d’avenir et sa demande pour le moins incongrue.

« Ton témoin… ? Euh… »

Moi et les églises ça fait deux. Et encore plus depuis la dernière fois. J’espérais qu’il était plutôt du genre à se contenter du pavillon d’une mairie. La voix du cynisme me susurra néanmoins que si mes pressentiments de mauvaise augure se confirmaient, il n’y aurait certainement pas à se poser la question de toute manière. Je pris sur moi pour répondre alors :

« Oui… Oui bien sûr. Y’a pas de souci… »

Je m’étonnais un peu. N’avait-il pas quelqu’un de plus proche qui pouvait officier à ma place ? Remarque, moi je n’avais aucune famille, alors peut-être qu’il était du même genre, avec peu d’entourage et à compter ses vrais camarades sur les doigts d’une main.

« Je suis sûr qu’elle est tout aussi gentille que toi, ouais… Elle peut pas l’être plus, en tout cas. Sinon, ce serait vraiment écoeurant. »

Je le chambrai, mon poing fermé venant cogner doucement son épaule, amicalement. C’est alors qu’une autre idée me vint. Étrange, mais peut-être pas inutile.

« Dis-moi… Ça doit pas t’arriver de sortir souvent le soir, entre ta gamine et le boulot… Ça te dirait que j’te fasse faire un tour des bars et des endroits un peu plus… disons, intéressants à Seattle ? »

Un sourire en coin roublard accroché à la commissure de mes lèvres, je devais ressembler à ces pousses-au-crime de première instance, capables sans problème de livrer la plus prude des adolescentes à la débauche la plus totale. Derrière cette invitation se cachait l’ambition d’éclairer Valentin sur une réalité âpre, que son chez-lui confortable l’empêchait d’appréhender correctement. La leçon ne serait pas inutile, et sûrement plus efficace que des mots jetés tranquillement en l’air sur un parking encore un peu ensoleillé.

« Ce sera pas dangereux, t’inquiète. Au pire j’te couvre. »

La plaisanterie n’en était pas vraiment une. C’était de l’inconscience. J’aurais dû m’en tenir strictement au plan, à savoir rentrer chez moi et me faire oublier de la communauté de Central District. Car je ne me roulais pas moi-même : après avoir un peu traîné du côté de Capitol Hill, j’aurais tôt fait de l’entraîner un peu plus bas dans la fange. Il ne me restait plus qu’à longer les murs et ranger la panoplie du chasseur au fond d’un placard jusqu’à nouvel ordre et tout se passerait bien…
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Friday night bites [Valentin]
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